2011 | DemysTEAfication

28 décembre 2011

Ces noeuds qu'il ne faudrait jamais défaire ?

Le raffinement japonais se retrouve dans l'emballage, et parfois, il ne faudrait pas toucher à ce dernier car dans la plupart des cas, la façon dont est faite un noeud signifie quelque chose ...

Pour le tomobako, il n'existe qu'une façon de faire un noeud, déroutante au premier abord, mais relativement facile ensuite :

Tout d'abord, il faut ramener le ruban du coin supérieur gauche et former un angle à 90° ( et laisser les deux brins "libres" ):

tomobako ceramique


tomobako noeud étape
 Puis, il faut faire passer le ruban du bas sur le premier brin rencontré et sous le deuxième :


boite pour poterie

boite pour ceramique

Idem avec le ruban libre de droite : le faire passer sur le premier brin rencontré et sous le deuxième :

boite pour ceramique

boite japonaise en bois

On tire ensuite légèrement sur les deux rubans restés libres pour resserrer le noeud. Le ruban libre de droite est donc devenu le ruban libre du bas et vice-versa ... Le plus dur est fait ...

Ensuite, tout se passe comme avec un noeud papillon : avec le ruban libre du bas, on forme une boucle plaquée sur la boîte et on fini le noeud avec le brin libre de droite :

boite japonaise en bois

Tout cela à l'air très compliqué au premier abord, mais avec un tout petit peu d'entrainement, on y arrive sans problème et l'on se rend compte au final que le noeud n'est pas très complexe à faire.

Il faudra veiller cependant à ce que de chaque côté du tomobako, le ruban soit bien à plat à ses points de sortie pour pouvoir réaliser la fermeture comme il convient :
boite japonaise en bois pour piece céramique

25 décembre 2011

La guerre des maîtres du thé ?

A une période de ma vie j'ai travaillé en "dilettante" dans le domaine du vin même si je m'y suis beaucoup intéressé, notamment en ce qui concerne la différenciation des terroirs et les résultats concrets de cette différenciation sur les cépages cultivés et sur les résultats obtenus. Je dois dire que les parallèles que l'on pourrait faire avec le monde du thé sont assez étonnants. D'ailleurs, voilà éventuellement une des cause du développement d'une culture spécifique du thé en France, même si celle-ci est encore naissante, qui poursuit une recherche de saveurs complexes.

Par ailleurs, mes diverses pérégrinations me permettent parfois de tomber, littéralement parlant, sur de nouveaux salons-comptoirs de vente de thé et d'accessoires. Le résultat est parfois un peu décevant pour certains domaines, tout le monde ne pouvant pas être bon partout et les goûts variants d'une personne à l'autre, mais aussi en fonction d'un marché local ( au sens de réponse à une demande d'un type de  clientèle ) à l'autre. Je ne porte donc pas de jugement sur telle ou telle démarche et sur tel ou tel choix, chacun vivant sa vie comme il le souhaite et gérant son commerce comme de la même façon.

sakura

Nous pouvons constater que nous assistons aujourd'hui à l'arrivée de maîtres de thé dans nos contrées ou a une visibilité accrue de ceux-ci, ce dont on ne peut que se réjouir. Pour moi, le maître de thé est comparable au bon sommelier, c'est-à-dire qu'il s'agit d'une personne qui à fait des études assez poussées dans le domaine de la dégustation et des gestes techniques.  Son savoir est dans son Goût et sa mémoire gustative, et il y a donc forcément de meilleurs maîtres que d'autres. Chaque maître proposera ses propres choix et ses propres sélections, qui seront forcément différentes selon son goût, mais aussi selon ses filières d'approvisionnement et ses contacts. Après, ce sera à chacun, selon ses moyens financiers et selon son goût, à son tour, de faire une sélection dans ce qui lui est proposé.

Certes, trouver les fournisseurs appropriés est une activité consommatrice de temps et de moyens, mais cela reste un effort payant. Il faudra lire des avis, des articles divers et variés, regarder des blogs, chercher par ses propres moyens et goûter, surtout goûter, pour monter une "cave" à thé qui sera propre à chacun. Parfois, cette sélection sera remise en cause, la qualité pouvant parfois laisser à désirer car, après tout, la production de thé est soumise aux mêmes aléas que les autres productions agricoles, et si la terre reste à priori la même, il n'en est pas de même de l'action des éléments ou de la faune locale. Ensuite, le fait de laisser telle ou telle étagère vide ou non de telle ou telle variété dépends de la politique commerciale choisie par chaque comptoir - maison de thé, qui sont celles que l'on retrouve pour d'autres commerces : laisser vide l'étagère pour ne pas vendre un produit déprécié - et prendre le risque que le client aille voir ailleurs pour s'approvisionner et découvre d'autres "maisons" - ou vendre une qualité inférieure pour combler la demande - et prendre le risque de voir certains partir car se sentant pris pour des imbéciles.

maison japonaise

Cependant, il y a une coutume qui me semble toujours surprenante chez de nombreux maîtres de thé, quelle que soit leur situation géographique dans l'hexagone, celle de déprécier la gamme vendue par d'autres maîtres de thé ou d'autres maisons. A croire que le thé n'apaise pas les tensions mais les ravive. Cela frôle parfois le ridicule, un maître m'ayant une fois dit que tel autre vendait du mauvais Pu-erh en me montrant ses galettes, identiques par le millésime et le "fabricant" à celles vendues par le maître concurrent objet de critiques et chez lequel je m'étais rendu deux mois plus tôt pour entendre à peu près le même langage, mais dans "l'autre sens"... De la même façon, la guerre entre "comptoirs" fait rage, et je me suis déjà fait toiser de haut par divers vendeurs pour avoir osé franchir le seuil de leurs échoppes avec un sac siglé de l'enseigne concurrente ( mais si, vous le connaissez sûrement, c'est le fameux regard qui dit "mon Dieu, qu'est ce qu'il vient faire chez moi celui-là, encore un qui achète du jus de chaussettes ailleurs, il a dû se tromper de porte" ). Cette "guerre des maîtres" est-elle donc une coutume dans nos contrées ou un folklore plus universel du monde du thé ?

fortification japonaise

Je m'interroge dans ce sens, car à partir ma propre expérience ( forcément limitée ) du thé à l'étranger et en lisant les blogs d'autres personnes situées à l'étranger et ayant fait l'expérience comparative de la vente en France et dans leur propre pays, je suis étonné de voir qu'il semble s'agir d'un trait typiquement "hexagonal". Certes, chinois et taïwanais, par exemple, se tirent dans les pattes ailleurs que dans le domaine du thé, mais le résultat ne sert pas, de mon point de vue le monde du thé dans son ensemble et je suis de plus en plus refroidit par les discours qui ne cherchent qu'à dévaloriser ce qui se vend ailleurs.

Il faudrait que les mœurs s'apaisent, car, n'oublions pas, pour relativiser, que pour la plupart des gens, tous ne sont que des "vendeurs de tisanes", pour reprendre un commentaire entendu sur un salon devant un stand de vendeur de thé et de théières.

fortification japonaise

23 décembre 2011

Tomobako : la boîte qui accompagne la pièce de céramique

Encore un terme exotique pour désigner une chose toute simple, sans importance ... pas vraiment, car cette boite relativement simple en apparence, ne l'est qu'en apparence ...

Le bois utilisé est presque toujours du Paulownia, bien que d'autres bois soit plus rarement utilisés pour les tomobako. Le terme japonais exact pour ce bois est Kiri, qui désigne la variété Paulownia Tomentosa. Ce bois est relativement léger est possède la capacité d'absorber l'humidité, d'où son utilisation pour protéger les céramiques et d'autres objets des éléments naturels ou autres intempéries.

Les modèles les plus simples n'ont qu'un couvercle :

Tomobako deishi eiichi

qui tient en place par deux barres parallèles bien ajustées contre les montants du tomobako :

Tomobako deishi eiichi


Mais le tomobako est parfois un objet extrêmement travaillé, au sens où un grand effort est mis dans sa manufacturation :

Le couvercle est maintenu par quatre pans de bois ajustés au millimètre près :


bizen


bizen

ce qui nécessite un artifice supplémentaire pour faire passer ce même ruban :

bizen

tomobako bizen

Enfin, en plus de la colle qui fixe les montants du tomobako, il arrive que des clous en bois plus dur soient rajoutés :

clous en bambou

On pourra encore rajouter qu'il y a un sens dans lequel poser le couvercle, visible par les veines du bois qui forment un carré ou un rectangle sur deux des côtés et qui s'alignent avec le corps sur les deux autres côtés :


tomobako pauwlonia

bois de pauwlonia

Tout cela fini donc par faire beaucoup pour une simple boîte, et le tomobako peut être considéré comme une pièce élaborée d'artisanat à elle seule. Le tomobako s'inscrit dans une tradition japonaise qui fait de l'emballage un élément aussi important que le contenu.

Pour finir, le tomobako est souvent calligraphié, décrivant son contenu et portant la marque du potier, signature et sceau. Le tout est parfois protégé du soleil par une feuille de papier. Il est donc important de garder le tomobako pour conserver de précieuses informations. Cependant, il ne saurait à lui seul être une source de renseignement infaillible, surtout si l'on n'est pas certain que la pièce contenue correspond d'origine au contenant. ce dernier cas doit certainement arriver plus souvent qu'on ne le pense, car la présence d'un tomobako peut augmenter le prix de vente d'une pièce "ancienne" et son absence le diminuer.

21 décembre 2011

Peu lu mais souvent copié : Le Livre du Thé d'Okakura Kakuzo

Lors de quelques recherches préliminaires à propos d'un auteur chinois classique dont parle Okakura Kakuzo, j'ai constaté que de nombreuses pages de sites ou de blogs divers et variés cédaient à une nouvelle mode, la "citation libre", nouveau terme élégant à la mode pour parler de plagiat.

Le fameux Le livre du thé n'est pas en reste comme cible de plagiat, et l'on pourra facilement trouver des passages entiers de l'ouvrage à droite et à gauche sur la toile ... sans aucune indication de source de façon usuelle ou de version, au mieux ...

La version française de l'ouvrage présenté ici est une traduction de l'anglais par Gabriel Mourey. Le tout est publié depuis 1969 chez Dervy-Livres et a connu de multiples rééditions depuis cette date, sous de multiples couvertures ...

Ma version, quant à elle, est une édition de 1990 :

Okakura Kakuzo

( Nota Bene : la mention de collection " mystique et religions" n'est pas importante, puisqu'il ne s'agit que d'une mention commerciale, qui change suivant les éditions et les éditeurs )

Si la traduction de l'ouvrage par Gabriel Mourey ne convient pas, le même ouvrage a été publié aux éditions Philippe Picquier, avec une traduction, là, de Corinne Atlan.

Tout cela nous donne une foison d'éditions diverses sur une quarantaine d'années ... il est donc assez aisé de trouver cet ouvrage d'occasion chez les bouquinistes, qu'il soient du net ou pas, ou en neuf chez tous les libraires du plus petit au plus grand.

Pour plus d'authenticité, on pourra directement lire l'ouvrage en anglais, langue dans laquelle il a été écrit à l'origine par Okakura Kakuzo, auteur de la fin du XIXème siècle, dont le propos était de faire comprendre la culture de la civilisation japonaise.

L'ouvrage se compose de la façon suivante :

1 : La coupe de l'humanité

Il est ici question de la philosophie du thé, mais aussi de l'incompréhension persistante entre l'occident et l'orient, des usages incompris eux aussi, des clichés qui ont la vie dure et surtout longue. Il retrace aussi rapidement l'histoire du thé dans nos sociétés.

2 : Les écoles de thé

Ici, ce sont tout d'abord la succession historique des modes de préparation du thé qui sont présentées. Okakura Kakuzo, visiblement féru des classiques chinois parle principalement de l'ouvrage de Luwuh, le Chaking. Le contenu du Chaking est décortiqué par le menu, suivi des modes de consommation ultérieurs, jusqu'à la cérémonie du thé japonaise.

3 : Taoisme et zennisme

Inutile de développer plus avant, tout est dans le titre. L'auteur traite donc un peu plus avant des liens entre les bases de la philosophie orientale et le thé.

4 : La chambre de thé

Là encore, le titre est éloquent. Après un aperçu historique, c'est l'aspect esthétique de la chambre de thé ainsi que ses codes qui sont traités.

5 : Du sens de l'art

Réflexions philosophiques illustrées autour de ce qu'est l'art, ce qu'il représente, sur sa réception, ...

6 : Les fleurs

De l'application de l'art floral dans la cérémonie du thé plus quelques réflexions qui peuvent sembler quelque peu délirantes du point de vue occidental.

7 : Les maîtres de thé

Il s'agit plus ici d'une dernière dissertation, en guise de conclusion, sur l'influence du thé dans la société japonaise à divers degré et dans divers domaines.


Ce qui est largement plagié sur "la toile" est surtout le chapitre deux, qui constitue une sorte d'histoire du thé et une histoire de ses modes de préparation et sur les pré-requis nécessaires à la réalisation d'un bon thé. Le seul malheur, c'est que tout un chacun reprend également les "erreurs" de traduction, ou plutôt de retranscription du chinois à l'anglais. En effet, si vous désirez trouver un Luwuh ou un Lu Wuh, ou encore un Chaking ou un Cha King, je vous souhaite bon courage ...

... car Okakura Kakuzo parle de Lu Yu et de son ouvrage le Cha Jing, "Le classique du thé", premier ouvrage écrit sur ce vaste sujet, ou du moins premier ouvrage sur ce sujet qui soit parvenu jusqu'à nous.

Au final, je ne peux que vous en conseiller la lecture et, tout comme Okakura Kakuzo, "En attendant, dégustons une tasse de thé. La lumière de l'après-midi éclaire les bambous, les fontaines babillent délicieusement, le soupir des pins murmure dans notre bouilloire. Rêvons de l'éphémère et laissons-nous errer dans la belle folie des choses".

Céramiques japonaises. Un choix dans les collections du Musée Cernuschi

cernuschi

Voici encore un ouvrage des plus intéressant car il présente une sélection parmi les pièces japonaises du musée Cernuschi  qui ne sont pas présentées au public dans les collections permanentes, faute de place.

Le catalogue - essai est de Michel Maucuer et a été publié aux éditions Paris-Musées en 2009. Il est centré sur les pièces de l'ère Edo de la collection du Musée des arts de l'Asie de la Ville de Paris. Il fut suivi par l'exposition "Céramique d'Edo. Quatre siècles de céramiques japonaises dans les collections du musée Cernuschi" du 26 février au 4 juillet 2010.

grès japonais ancien
Chaire, pot à Matcha. Photographie © Paris-Musée / Karin Maucotel

L'ouvrage est abondamment illustré et chaque objet présenté est l'objet d'une photographie et d'une notice. Outre le fait de retracer l'histoire de la céramique japonaise, il est également l'occasion de pouvoir admirer des pièces qui ne sortent malheureusement pas des réserves du musée faute d'espace d'exposition. 300 pièces ont ainsi été sélectionnées par l'auteur sur "environ 1600 céramiques japonaises" du musée Cernuschi.

musée cernuschi
De gauche à droite : Bol hexagonal, Suichu / aiguière, Ryoro / réchaud pour le thé, Bokusho / support à baton d'encre. Photographie © Paris-Musée / Karin Maucotel

Les chapitres se répartissent comme suit :

1 : L'âge d'or des grès japonais, de l'apogée du wabicha aux grès de Kyoto
2 : La culture aristocratique et les débuts de la porcelaine
3 : Du milieu à la fin de la période d'Edo : le passé revisité
4 : La diffusion des techniques de décors d'engobe et d'incrustation : hakeme, zogan, mishima et icchin
5 : L'influence de la culture venue de Chine : grès et porcelaines à décor bleu, à couverte céladon, à décor peint sur la couverte
6 : Les poteries à pâtes tendres et les décors de glaçures plombifères : raku, sansai, kochi
7 : L'internationalisation de la céramique japonaise dans la seconde moitié du XIXème siècle
8 : La petite statuaire ( okimono ) et les décors en haut relief
9 : La période moderne

L'ouvrage est également pourvu d'un historique de la collection de céramiques japonaises de Cernuschi en guise d'introduction, d'un glossaire des mots japonais et des termes techniques, mais surtout, par un petit catalogue photographique des marques et fonds des pièces présentées.

fukurokuju
Kogo, boite à encens. Chaire, pot à Matcha. Photographie © Paris-Musée / Karin Maucotel
Voilà donc sans nul doute un livre a posséder impérativement dans sa bibliothèque pour peu que l'on s'intéresse à la céramique japonaise.

Au vu du travail accompli par Michel Maucuer et des oeuvres qui ont été données à admirer, on ne pourra que reprendre les mots de Gilles Béguin, directeur du musée :
" La taille de l'hôtel Cernuschi a empêché, jusqu'ici, de présenter l'intégralité des collections. Quel homme politique éclairé rendra justice à ces ensembles en dotant le musée Cernuschi d'un second bâtiment, rêve caressé par tous ses directeurs depuis les années 1930 ? " et l'on pourra rajouter que ce rêve est aussi vraisemblablement caressé par tous les amateurs d'art japonais.

20 décembre 2011

Les Marques de Deishi Shibuya

Deishi Shibuya tient l'atelier Odaibagama à Hagi, nom d'une ville côtière, mais aussi d'un style de céramique, Hagi-Yaki.

Le Hagi est une couverte appliquée, c'est-à-dire qu'une fois l'objet créé à partir d'argile, puis mis à sécher, il est recouvert d'une glaçure ( ou engobe ) qui va lui donner sa couleur.

On trouve les oeuvres de Deishi Shibuya assez facilement sur internet, sa gamme de production tournant autour du thé et de la cérémonie du thé, avec quelques vases également, mais apparemment pas de sculptures contemporaines abstraites.

Il utilise, à priori, le même signe quelque soit l'oeuvre :

marque sur le tissu destiné à emballer le bol et à le protéger de la poussière dans sa boite :

Hagi


marque sur la boite ( Tomobako ) :


tomobako Deishi Shibuya

Ses "marques" sont appliquées de deux façons :

La première par l'application d'un "tampon" directement sur la pièce à marquer :

Deishi Shibuya

Deishi Shibuya

La seconde par l'application d'un "sceau" d'argile lui-même "tamponné", recouvert ou non de glaçure, voire encore posé après la glaçure de la pièce, comme c'est le cas pour la dernière photographie ci-dessous :

Deishi Shibuya

Hagi

Hagi

Hagi

Matcha for Dummies - Le Matcha pour les nuls

Oui, vous avez bien lu, le matcha pour les nuls ou plutôt pour les "fainéants" … tout un programme !

Pour ceux qui n’ont aucune idée de ce que cela peut être, le matcha est le thé utilisé lors de la cérémonie du thé japonaise. Il s’agit de thé vert réduit en fine poudre :

Maccha

C’est à partir de là que tout se complique : en effet, alors que tous les thés consommés le sont sous forme d’infusion - du sachet de poudre de thé de supermarché au thé acheté en vrac et en feuilles entières -, le matcha est lui un thé « battu », historiquement la deuxième méthode « inventée » pour consommer du thé.

Battre le thé implique l’utilisation d’un fouet à thé ( Chasen chez les japonais ) en bambou :

Chasen

Cet ustensile est relativement fragile, en particulier quand le modèle est de qualité et que ses brins sont fins … et en plus il faut respecter tout un rituel de « maintenance » après usage : le rincer soigneusement, le laisser sécher ( de préférence sur un ustensile en céramique crée uniquement dans ce but ), le stocker à l’abri de la poussière une fois bien sec … rien d’insurmontable, mais peu pratique si l’on veut en boire souvent ou ailleurs que chez soi … au travail notamment …

De plus, l’emploi du chasen implique inévitablement l’emploi du bol à thé ( Chawan ) pour avoir la place de manœuvrer l’ustensile.

Vous l’aurez compris, le tout est un peu fastidieux, dans le sens que même si l’on ne pratique pas de cérémonie du thé au sens propre, la préparation du matcha nécessite tout de même un certain cérémonial !

C’est ici que le penchant naturel de l’être humain pour le moindre effort peut être utile, puisqu’il a créé un petit appareil fort utile une fois détourné de son but premier, j’ai nommé Le Mousseur à Lait !

Mousseur à lait pour le matcha
Photographie © Ikea

Le modèle le plus basique suffit amplement et on en trouve pour moins de 3 euros chez une célèbre marque suédoise de standardisation de nos intérieurs ( là où un véritable Chasen fabriqué au Japon dans les règles de l’art coûtera au moins une quarantaine d’euros ).

Et hop, voilà que désormais il vous est plus facile de réaliser un matcha, n’importe où … et même dans n’importe quel Mug ! Le Matcha pour les fainéants quoi …

19 décembre 2011

Céramique japonaise - Sobriété et irrégularité

Il faut un début à tout et parler bibliographie en est un excellent ...

L'amateur de belles images trouvera son bonheur dans l'acquisition du catalogue de l'exposition ayant eu lieu au musée départemental Georges de La Tour de Vic-sur-Seille du 31 octobre 2010 au 20 mars 2011.

L'ouvrage, comme l'exposition passée, s'intitule Céramique japonaise. Sobriété et irrégularité, et est publié aux éditions Silvana Editoriale ( plus de détails techniques sur :  silvana editoriale )

japanese ceramic

L'ouvrage est scindé en deux parties à peu près égales : la première présente divers essais sur la céramique japonaise, son histoire et son esthétique ( les auteurs sont : Christine Tourneux, Maxence Kozak, Michel Maucuer, Hélène Bayou et Evelyne Possémé ); la seconde présente le catalogue des objets de l'exposition, chaque objet étant illustré par une photographie.

kuro raku
Raku noir à décor de chrysanthèmes, XIXème siècle. Photographie © SilvanaEditoriale / Musée Cernuschi Paris

La plupart des pièces ont été prêtées par de grands musées hexagonaux ( essentiellement le Musée des Arts asiatiques - Guimet, la Cité de la Céramique - Sèvres et le Musée Cernuschi - Musée des arts de l'Asie de la Ville de Paris ) et présentes des pièces qui ne sont pas exposées dans le cadre des collections permanentes de ces musées.

Le catalogue nous présente donc 87 pièces, avec une majorité de bols ( Chawan ) en Raku issus de collections particulières. Mais on pourra cependant remarquer trois jarres à feuilles de thé ( Chatsubo ) en grès à couverte dite "galuchat de raie" ( Samehadagusuri ) absolument fantastiques.

chawan d'été
Raku rouge forme Hira-chawan, XIXème siècle. Photographie © SilvanaEditoriale / Musée des Arts Décoratifs de Paris

Si l'exposition fut l'occasion de voir des pièces malheureusement peu exposées à la vue du public ( faute de place la plupart du temps ), ce catalogue est l'occasion d'en conserver le souvenir et les impressions.
" Issues de la cérémonie du thé, les notions de sobriété et d'irrégularité forment le coeur de cette esthétique, présentée dans les images et dans les textes de ce catalogue "
Bonne lecture !

raku ryonyu
Futaoki en Raku avec sceau de Ryonyu Kichizaemon IX ( 1756 - 1834 ). Photographie © SilvanaEditoriale / Musée des Arts Asiatiques Guimet

Le culte de l'Imparfait

Un blog sur le thé, encore ? Oui et non, étant donné que pas mal de blogs sur le thé que je fréquente depuis belle lurette sont à ce jour abandonnés, à mon grand dam pour certains ... Ensuite, ce blog ne sera pas seulement centré sur le thé, comme beaucoup d'autres, mais il abordera également le domaine de la céramique, qu'il s'agisse de celle de Yixing, de la porcelaine chinoise ou des grès japonais.

Suivant Okakura Kakuzo, " le théisme est un culte basé sur l'adoration du beau parmi les vulgarités de l'existence quotidienne" ... la voie du thé est donc la recherche de la perfection, de l'esthétique ... même si cette perfection est inatteignable ...

Le culte du thé ne doit cependant pas être compris comme le domaine réservé de quelques "maîtres" ... la voie du thé étant avant tout un chemin individuel, ou plutôt des chemins individuels parallèles, intrinsèquement différents, mais par définition ouverts à tous ... ainsi, espérer pouvoir se qualifier de "maître" dans un domaine par définition non borné est pour moi illusoire ...

porte japonaise

Je ne prétends donc pas être un expert, au sens professionnel du terme, dans l'art du thé, ni dans celui de la céramique mais ce sont, comme tout ce qui touche à la création humaine, des domaines que l'étude, l'apprentissage, la réflexion et l'expérience permettent de cerner pour peu que l'on veuille bien s'y atteler avec sérieux et que l'on s'attache à multiplier les sources, à faire preuve d'esprit critique et à ne pas s'arrêter aux clichés ...

Naturellement, toute entreprise sert d'abord son créateur, et outre le fait de me servir d'exercice d'écriture, ce blog sur le thé, je l'espère, sera une fenêtre de discussion ...

... entrons donc ensemble sur la voie du "culte de l'Imparfait", la voie du thé ...

demysteafication