Céramique Japonaise | DemysTEAfication
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26 octobre 2016

Mizusashi

Chanoyu

Le Mizusashi est le pot contenant la réserve d'eau froide utilisée pendant le Chanoyu pour remettre à niveau l'eau dans le Kama après qu'on y ait puissé de l'eau pour remplir le Chawan ou pour faire baisser la température de l'eau dans la bouilloire.

blog sur le thé

Le Mizusashi est donc lié à l'Hishaku, puisque l'on puise nécessairement l'eau dans le Mizusashi avec cet ustensile de bambou. Comme toujours, l'accent est mis sur la pureté, et tout doit être parfaitement propre.

Lapin japon

Pièce la plus grande derrière le Kama et le Furo dans le Chanoyu, le Mizusashi prend différentes formes et est un support qui permet d'exprimer une large diversité de techniques. A l'origine, le Mizusashi semble être un simple pot, une jarre plus ou moins détournée de son utilisation initiale et souvent importée de Chine, de Corée ou d'Asie du Sud-Est. Puis il va adopter des formes et des attributs spécifiques,comme des "oreilles" qui font aussi fonction de poignées, ou rappeler des évènements précis ou des saisons que l'on célèbre à certains moments de l'année.

Balle de riz Mizusashi

Les Mizusashi sont généralement munis de couvercles, avec ou sans poignée, de la même matière que le corps ou en bois laqué sur les deux faces, dans toute la diversité de couleurs possible, même si le noir est majoritairement utilisé.

Mizusashi Mizusashi

céramique japonaise

Tous les  Mizusashi ne sont cependant pas munis de couvercles et tous ne sont pas nécessairement de petite taille. Il y a ainsi des "exceptions à la règle" et certains sont sensiblement de même taille que le Kama, voire plus grand que ce dernier.

Mizusashi

Enfin, les Mizusashi sont majoritairement en céramique, grès ou porcelaine, mais il en existe toutefois en bois brut et en bois laqué, qui prennent généralement alors la forme d'un baquet comme ci-dessus ou d'un seau, là encore avec ou sans couvercle.

Shibuya Deishi

30 avril 2016

Nodate

chanoyu nodate

Le Chanoyu Nodate est une cérémonie qui se tient hors d'un pavillon de thé, juste à l'extérieur, dans le jardin ou en pleine nature. Cette cérémonie de thé "champêtre", qui se tient généralement les beaux jours, au printemps ou en automne, peut prendre plusieurs aspects, plus ou moins formels.

Le Chanoyu Nodate le plus formel prend place sur une petite estrade rectangulaire qui rehausse l'officiant de quelques centimètres par rapport au sol. Cette estrade est recouverte d'un tissus rouge sur toute sa surface, l'officiant étant plus ou moins symboliquement protégé des éléments par un parasol de papier laqué de rouge maintenu par un pied en bois. L'estrade est fermée sur deux côtés par un dais formant paravent qui sert à délimiter l'espace. Les invités font face à l'estrade sur le côté principal et sont généralement assis sur des bancs, eux aussi tendus de rouge. La cérémonie est réduite à la prise du thé et d'une confiserie pour être centrée sur l'appréciation de l'agencement du jardin et / ou de la nature. Dans ce type de cérémonie, les instruments habituels du Chanoyu sont généralement utilisés, Furogama compris.

Il existe également des pratiques moins formelles qui nécessitent moins de préparation, mais qui comprennent tous les ustensiles du Chanoyu jusqu'au Kogo, ces ustensiles étant rangés dans une boite rectangulaire en bois laqué, qui permet de réaliser des cérémonies nécessitant également un Furogama, mais avec moins de cérémonial que pour le Chanoyu décrit ci-dessus.

Il y a enfin des ensembles qui permettent l'emploi d'un matériel spécifique, c'est-à-dire "portable", qui est donc adapté à ce type d'emploi. On trouve ainsi tout les ustensiles habituellement au centre du Chanoyu, mais avec une taille particulière, c'est-à-dire nettement réduite.

Le Chawan Nodate est donc nettement plus petit qu'un Chawan de taille normale :

chawan portable blog sur le thé

Forcément, pour battre le Matcha dans un aussi petit bol à thé, il faut un Chasen de taille adaptée :

chasen pour cérémonie du thé d'extérieur

Un Chashaku de même taille réduite va également avec cet ensemble :

blog sur le thé

Mais ce ne sont pas là les seules adaptations de ces ustensiles pour tenir une cérémonie du thé d'extérieur, car ce matériel est conçu pour prendre le moins de place possible et tenir dans une gaine de rangement et de protection. Le manche du Chasen est ainsi évidé pour permettre le rangement de la cuillère à thé :

club thé chashaku nodate
blog de thé blog thé

Un Natsume adapté fait aussi partie de l'ensemble, toujours de taille réduite bien entendu.

cérémonie du thé nodate cérémonie du thé d'extérieur

Le tout tient ainsi dans un espace réduit au strict minimum et pourtant très fonctionnel qui fonctionne tout aussi bien pour l'Usucha que pour le Koicha et qui permet de prendre son Matcha virtuellement n'importe où, pour peu que l'on se charge en plus d'un thermos d'eau chaude.

blog sur le thé

27 avril 2016

Les 400 ans de la porcelaine d'Arita

sometsuke

La porcelaine d'Arita fête cette année ses 400 ans. En effet, les débuts de la production de porcelaine à Arita dateraient de 1616 et seraient l’œuvre d'un potier coréen, Kanegae Sanpei ou Kanegae Sanbe ( également appelé Ri Sampei ou Yi Sam-pyeong et qui serait mort en 1655 ) venu s'installer au Japon, qui aurait également découvert le gisement de Kaolin d'Izumiyama, sur les hauteurs à l'est d'Arita.

gisement de Kaolin de Izumiyama
Arita et le gisement de Kaolin d'Izumiyama. Carte © Google Inc.

porcelaine imari
Le gisement de Kaolin d'Izumiyama. Photographie © Google Inc.

Naturellement, tout ceci est plus ou moins mythique, comme souvent lorsqu'un seul personnage est mis en avant, Ri Sampei étant enterré au sanctuaire Sueyama et étant devenu une figure légendaire. L'établissement de divers fours serait ainsi plutôt le fait d'un groupe d'individus emmenés, de gré ou de force, par Toyotomi Hideyoshi lors des invasions de la Corée de 1592 - 1598. Néanmoins, des fouilles archéologiques confirmeraient les débuts de la production de porcelaine entre 1610 et 1620, époque ou la production de porcelaines commence à être mêlée à la production de grès.

L'histoire de la porcelaine japonaise est donc bien moins longue que celle de la porcelaine chinoise. Cependant, rapidement, la porcelaine japonaise va supplanter la porcelaine chinoise dans le commerce vers l'Occident, tout au moins en valeur, la qualité des porcelaines japonaises étant bien supérieure aux porcelaines d'exportation chinoises.

La porcelaine produite dans la région d'Arita, que l'on appelle aussi porcelaine de Hizen ou Hizen Yaki car la production elle-même est répartie dans un vaste espace autour d'Arita, si elle commence avec des bleu et blanc, que l'on appelle Sometsuke, se diversifie très rapidement et propose une palette variée et colorée, le type Imari, qui sera copiée par la suite par les porcelaines d'exportation chinoises. Si la typologie des Imari fera l'objet d'articles ultérieurs, on trouve ainsi, les Sometsuke, Ko-kutani, Kakiemon, Nabeshima, Kinrande et I-roe. Mais ces styles se mélangent parfois et ne sont pas aussi imperméables que l'on veut bien le croire.

Néanmoins, il est à souligner que la production de porcelaine est ininterrompue dans la région d'Arita depuis le début du XVIIème siècle et que l'on continue à y perpétuer la plupart des styles anciens et à fonctionner sur des modes qui ne sont pas si éloignés des anciennes pratiques de production et de commerce.

atelier de potier japonais

Sur la photographie ci-dessus, on voit ainsi ce que pouvait être le fonctionnement d'un atelier, où les tâches sont réparties entre différentes spécialités, de la préparation de la terre à l'application du décor, en passant par le tournage et sans oublier également la vente finale, le client ou le marchand qui va ensuite diffuser la marchandise venant sélectionner des pièces sur le lieu même de production.

On retrouve ainsi, de haut en bas et de gauche à droite, parfois très imagée, la préparation du bois, l'extraction de l'argile, l'acheminement de la matière première à l'atelier, le concassage de la terre, le filtrage de celle-ci pour éliminer les impuretés, le tournage, la décoration, l'émaillage et le séchage, la réparation du four et l'enfournement puis, pour finir, la cuisson au bois, le stockage, la vente, ...

porcelaine d'arita atelier de potier
porcelaine sometsuke porcelaine imari
atelier de potier japon blog sur le thé et la céramique
four anagama four dragon

Depuis, bien peu de choses ont changé, sauf peut être l’extraction, désormais industrielle, et  la cuisson, qui ne se fait plus au bois que pour certaines productions d'exception. La porcelaine d'Arita reste enfin très vivace et est ancrée dans la modernité avec de nouvelles productions, alliant savoir ancestral et motifs contemporains. Ne reste plus qu'à souhaiter un anniversaire faste à la porcelaine d'Arita, malgré le tremblement de terre qui a récemment endeuillé l'île de Kyushu, et à espérer qu'elle restera productive longtemps encore.

20 février 2016

Ceramic art of Japan

one hundred masterpieces from japanese collections

L'ouvrage Ceramic art of Japan. One hundred masterpieces from japanese collections, retrace l'exposition itinérante qui s'est tenue successivement au Seattle Art Museum, au William Rockhill Nelson Gallery of Art - Atkins Museum of Fine Arts de Kansas City, au Asia House Gallery de New York et au Los Angeles County Museum of Art entre septembre 1972 et mai 1973.

ogata kenzan
Chawan avec décor de branches de pruniers, Kyo-yaki par Ogata Kenzan. Photographie © The Seattle Art Museum, Seattle, État de Washington.
 
Naturellement, on l'aura rapidement compris, ce catalogue est plutôt ancien et n'est donc plus à la pointe de la recherche universitaire. Cependant, il n'a pas perdu de son intérêt du fait de la qualité des pièces qui étaient exposées. Une grande partie de celles-ci font partie de collections privées et n'ont été que rarement exposées ou publiées. 

bol pour le thé
Chawan, céramique de Mino, période Muromachi. Photographie © The Seattle Art Museum, Seattle, État de Washington.

De plus, des expositions d'une telle ampleur, réunissant dans un même lieu autant de pièces d'exceptions conservées dans près d'une soixantaine d'endroits différents deviennent malheureusement de plus en plus rare au vu de l'ampleur du travail préparatoire que nécessite leur organisation.

blog sur le thé
Chauffe-mains ou brûle-parfum en forme de chat, céramique Raku par Dohachi (1783 - 1855), époque Edo. Photographie © The Seattle Art Museum, Seattle, État de Washington.
 
De tels évènements, permettant d'embrasser presque en un seul regard l'histoire de la céramique japonaise, restent nécessairement des ouvrages de référence lorsque les catalogues sont relativement bien composés, comme c'est le cas ici.

nabeshima ware
Plat avec un décor de vagues et de moulins à eau, porcelaine Nabeshima, période Edo. Photographie © The Seattle Art Museum, Seattle, État de Washington.

Sommaire détaillé :

Sommaire

Liste des prêteurs de l'exposition

Avant-propos par Kenji Adachi

Préface par Richard E. Fuller

Remerciements

Chronologie de l'histoire et de la céramique du Japon

Cartes des sites de fours

Introduction. Les céramiques japonaises : une brève histoire par Henry Trubner

          La céramique de la période Jomon
          La céramique de la période Yayoi
          La céramique Haji
          Sueki
          Nara Sansai
          Heian sueki
          Les autres céramiques de la période Heian
          Les six anciens fours
          La céramique pour la cérémonie du thé
          Les fours de Mino
          La céramique Raku
          Les grès de Kyushu
          Les porcelaines de Kyushu
          Ko Imari
          La céramique Kakiemon
          La céramique Nabeshima
          La céramique Ko Kutani
          Kyo Yaki ( Kyoto ou la céramique de la capitale )
          Kenzan
          Eisen et ses successeurs

Catalogue

          Planches en couleurs
          Catalogue

Glossaire

Bibliographie choisie
 
kakiemon ware
Jarre octogonale avec couvercle, porcelaine Kakiemon, période Edo. Photographie © The Seattle Art Museum, Seattle, État de Washington.

13 janvier 2016

Utsushi : Inspiration, révérence, copie ou surpassement ?

kuro raku

Le terme japonais Utsushi est difficile à traduire et plus encore à comprendre pour la sphère occidentale, car tenant d'un mode de pensée différent pour ne pas dire totalement opposé en réalité ...

En occident, une copie est une copie, c'est-à-dire qu'elle n'est en aucun cas l’œuvre de tel ou tel maître et, si elle est délibérément vendue comme telle, elle devient même un faux. La marge qui sépare la copie du faux est même si infinitésimale que les deux termes recouvrent une même réalité dans le vocabulaire usuel. En bref, l'idée qui est sous-entendue, c'est que la qualité de telles pièces est intrinsèquement inférieure.

Le terme Utsushi peut ainsi être traduit par les mots copie, reproduction, mais aussi par les mots appropriation, démonstration, émulation, description, dépiction, projection, inspiration, attribution, ..., mais en réalité, le terme Utsushi recouvre tous les mots précédents et tient plus du concept complexe.

Pour commencer à saisir plus facilement ce que recouvre l'Utsushi, il faut se servir de ses yeux et du toucher, et laisser de côté la traduction des signes japonais ainsi que la sigillographie ... 
 
kuro raku kuro raku

Ci-dessus, un bol en Raku portant le signe utilisé par Ryonyu Kichizaemon IX, pour les céramiques qu'il a exécutées après qu'il ait transmis son titre à son successeur, Tannyu Kichizaemon X.

signature ronyu raku

Le sceau est bien là, plutôt bien détaillé et propre, le chawan est bien un vrai Kuro Raku, il est d'excellente facture et bien équilibré, avec une légère décoloration de la glaçure qui tire vers le rouge au bord d'une petite partie des lèvres du Chawan ... est-ce réellement l’œuvre de Ryonyu ? On peut en douter ... est-ce une œuvre sans valeur ? Pas du tout, elle surpasse même bon nombre d’œuvres plus anciennes.

hon'ami koetsu chawan

Ci-dessus, deux œuvres connues, peut être les deux Chawan les plus connus. A gauche, le célèbre Fuji-san créé par Hon'ami Koetsu au XVIIème siècle et le non moins célèbre Omokage, créé par Chojiro au XVIème siècle ... réellement ? Bien sûr que non ...

fujisan chawan
Chawan Fuji-san, par Hon'ami Koetsu. Photographie © Musée des Arts Hattori

Le Chawan Fuji-san est conservé au Musée des Arts Sunritz Hattori à Suwa, tandis que le Chawan Omokage fait partie de la collection Machida Shuha et est en dépôt au Musée Raku à Kyoto ...

Omokage chawan
Chawan Omokage par Chojiro, fondateur de la lignée Raku. Photographie © Musée Raku

Aucune chance de se tromper donc, et revendre une copie de ces œuvres comme originales est tout bonnement impossible ... alors pourquoi réaliser des images de telles œuvres ? Eh bien pas seulement pour le plaisir de pouvoir toucher des pièces du même genre ou utiliser des pièces quasi identiques.

sasaki shoraku utsushi

Le but de l'Utsushi est en effet avant tout de permettre un dialogue entre un artiste actuel et un maître du passé, pas simplement dans le but de l'imiter, mais d'apprendre, pour qui sait voir, ce qu'il peut transmettre à travers les œuvres qui sont parvenues jusqu'à nous. L'Utsushi entraine une sorte d'émulation, en essayant de reproduire une technique et une forme dans le but de la dépasser, d'arriver à faire mieux. Le passé est ainsi lié au présent par ce qu'il transmet, mais aussi au futur par ce qu'il va permettre de faire par la suite. L'élève est ainsi amené à dépasser le maître s'il en a la capacité, mais le maître n'en est pas pour autant oublié et reste même vivant à travers l'élève.

kuro raku chawan

C'est là un trait souvent oublié en occident ou l'on pense souvent à tord qu'originalité est un synonyme de talent : la copie n'est pas nécessairement servile mais permet de réaliser des pièces qui surpasseront ce qui a été réalisé précédemment.

blog sur le thé et la céramique asiatique

L'Utsushi est ainsi une composante essentielle  dans l'art japonais mais aussi plus largement dans l'art asiatique et cela quel que soit le domaine artistique envisagé, et la réalisation d'une copie parfaite est un moyen pour l'apprenti d'arriver à la maîtrise ou pour un artisan chevronné de continuer à apprendre et de continuer à se surpasser, raison pour laquelle il faut notamment toujours se méfier des signatures, qui ne sont jamais un moyen fiable d’authentification d'une céramique, quelle qu'elle soit.

blog sur le thé

Les Utsushi sont ainsi très présents dans la céramique, dans la voie du thé et plus encore dans les ustensiles de la cérémonie du thé, pour permettre de mettre en œuvre le Chanoyu, ou plutôt son esthétique, comme vu par tel ou tel maître de thé, ce qui n’exclus pas pour autant les réinterprétations et les modifications.


kuro raku chawan