Céramique Japonaise | DemysTEAfication
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20 novembre 2015

La porcelaine : Les bases techniques

imari japonais

Les pâtes de porcelaine sont constituées, à peu de choses près, d'une moitié de kaolin, d'un quart de silice et d'un quart de feldspath. La couleur blanche de la porcelaine est due au fait que le kaolin contient essentiellement des silicates d'aluminium tout en contenant une part infime d'oxyde de fer.

Si la plupart des articles de porcelaine sont fabriquées par moulage ( que ce soit par coulage dans un moule ou par pressage dans une forme ), certaines porcelaines peuvent être également tournées. Dans ce dernier cas, on obtient généralement des pièces assez épaisses.

La technique du pressage est assez facile à comprendre : on applique la pâte de porcelaine sur une plaque, on l'égalise à la presse ou au rouleau, on la découpe à peu près à la taille du moule plat, on l'insère dans le moule plat, on presse la contre-forme puis on découpe ce qui dépasse. Ne reste plus qu'à retirer la pièce moulée et la laisser sécher :
moulage de la céramique
On obtient ainsi des pièces standardisées suivant l'atelier ou les ateliers. Cette méthode est très pratique, en particulier pour les pièces plus ou moins plates, comme les plats, les assiettes et les bols.

La technique du coulage est tout aussi simple : on coule la pâte de porcelaine liquide sur ou dans une forme, on évacue l’excédent, on laisse sécher, puis on recommence l'opération, jusqu'à obtenir l'épaisseur finale désirée :
coulage de la porcelaine
Aujourd'hui, bien sûr, cette technique s'est "modernisée" et il suffit de projeter des couches fines avec du matériel du type des pistolets à peinture qui fonctionnent avec un simple compresseur. C'est par le biais de cette technique que l'on obtient les articles de porcelaine les plus fins et donc les plus translucides.

thé et céramique

En effet, si la caractéristique principale de la porcelaine est de laisser passer la lumière, toutes les porcelaines ne sont pas égales sur ce plan : plus une porcelaine est  épaisse, moins elle sera translucide et donc les porcelaines tournées et bon nombre de porcelaines moulées, même s'il ne faut pas les confondre avec les faïences, ne sont généralement que peu, voire pas du tout, translucides.

Guan Yin en porcelaine
 
Reste la technique du tournage qui concerne en général des pièces  de forme assez simple, pour lesquelles on place une boule de pâte sur un tour de potier et on procède ensuite au montage.

Cette technique laisse généralement des traces visibles à l’œil, rarement à l'extérieur de la pièce car on peut y procéder à un lissage avec un instrument en bois, mais le plus souvent à l'intérieur. Malgré tout, en passant la main sur l'extérieur d'une pièce tournée, on pourra sentir les traces d'un tel façonnage.

porcelaine japonaise imari

Pour ce qui est de la cuisson des porcelaines, une fois la pièce sèche, on procède à une première cuisson sans émaillage entre 900° et 1000° Celsius sans que cette dernière température soit dépassée. On obtient une pièce de porcelaine plus ou moins tendre et plus ou moins poreuse selon la température de cette première cuisson. C'est à cette étape que l'on applique les décors sous couverte.

On procède ensuite à l'émaillage puis à la cuisson définitive entre 1260° et 1400° Celsius. La porcelaine devient alors très faiblement poreuse, d'autant plus qu'elle a dès lors une couverte translucide. Cette cuisson à haute température entraine de forts risques de déformation et un retrait important qui marquent parfois les pièces. C'est après cette étape, une fois la pièce refroidie, que l'on procède à la pose du décor sur couverte puis à une cuisson vers 800° Celsius au moins.

blanc de chine

9 octobre 2015

Porosité, température de cuisson et structure chimique

hagi yaki

Pour le buveur de thé, la porosité des ustensiles qu'il utilise va jouer un rôle non négligeable sur le résultat final. En fonction du résultat voulu, il se tournera donc vers la porcelaine ou une terre très poreuse, en passant par toutes les variations et les combinaisons d'ustensiles possibles.

C'est ici que la température de cuisson rentre en ligne de compte. Du grès Raku cuit aux alentours de 750° Celsius à 1000° Celsius qui sera très poreux à la porcelaine imperméable car cuite entre 1250° Celsius et 1400° Celsius, on voit aisément quel rôle joue la température de cuisson sur les pâtes contenant de l'argile, du kaolin, de la chamotte, de la silice et / ou du feldspath. Si l'on excepte la faïence, plus la température est élevée, plus le résultat est imperméable car vitrifié.

thé et céramique
Un tesson d'un grès Raku. On constate que la brisure n'est pas lisse, signe d'un vitrification imparfaite qui explique la porosité des pièces engendrées par ce type de cuisson

blog sur la céramique
Un tesson de porcelaine. On constate que la brisure est plus nette, signe d'une haute vitrification qui explique l'imperméabilité des pièces engendrées par ce type de cuisson. Au passage, c'est aussi la haute température de cuisson qui va également faire migrer les particules d'oxyde de fer et créer des agrégats.

C'est ici que rentre en ligne de compte la composition chimique de la pâte, qui explique notamment que la faïence réagisse différemment :

Si l'argile constitue la plus grande part d'un objet en céramique, ce sont bien souvent les adjonctions qui vont donner à l'argile ses qualités plastiques et donc aider au modelage. Ainsi, la pâte de porcelaine, doit souvent être façonnée par coulage ou par pressage ( avec l'aide de moules donc ) car trop liquide et c'est le biscuitage ( une première cuisson à des températures entre 900° Celsius et 1000° Celsius ) qui va lui donner sa tenue.

C'est l'adjonction de chamotte, de la silice et / ou du feldspath qui va faciliter le modelage, tout en augmentant l'imperméabilité de l'argile et donner à celle-ci de la tenue, lui permettant notamment de rester debout avant la cuisson et de ne pas s’affaisser sur elle-même.

La faïence représente une exception à cet effet de progressivité entre la température de cuisson et l'imperméabilité car sa structure chimique diffère. La faïence est en effet cuite entre 1000° Celsius et 1200 ° Celsius, ce qui devrait lui conférer une certaine imperméabilité, mais au contraire des terres cuites, des grès et des porcelaines, on ajoute à l'argile qui va servir à composer les faïences du calcaire. C'est cette structure chimique différente qui va induire une forte porosité et une plus grande fragilité structurelle malgré une température de cuisson relativement importante.

13 mai 2015

Secrets de Tournages

La céramique de Hagi, ou Hagi Yaki, est principalement une céramique tournée, c'est-à-dire que les pièces en Hagi sont majoritairement réalisées au tour de potier. Certaines pièces sont cependant montées à la main sans tour ou sculptées, et si la majorité des potiers de Hagi fabriquent leurs pièces à l'aide d'un tour, certains on choisi une autre voie, comme Kaneta Masanao par exemple.

Le tour est sans nul doute la technique de façonnage la plus récente en matière de poterie ( même si le terme récent est ici avec, pour l'Asie, des apparitions de la poterie en Chine vers 20 000 avant notre ère ou au Japon vers 15 000 avant notre ère ... le tour, toujours pour l'Asie, faisant son apparition en Chine vers 3000 avant notre ère ). Elle est par contre la plus rapide pour produire une pièce et pour manufacturer la céramique en grande série et il faudra ainsi moins de 5 minutes à un potier pour produire une coupe large.

On pense souvent que seul le tournage est la technique artisanale de la céramique, mais l'utilisation de moules pour façonner des pièces est tout autant artisanale ( le problème étant que, dans l'imaginaire collectif, on confond les pièces montées à partir de divers avec les moules de pièces coulées en une fois à partir de moules de la céramique industrielle ), comme l'utilisation d'outils pour façonner des blocs de glaise par sculpture. De fait, le tournage n'exclut pas l'utilisation de gabarits ou d'outils, comme la spatule ( Hera ), destinés à aider la mise en forme, comme on peut le voir dans la série de photographies ci-dessous ...

Senryuzan kiln

céramique de Hagi

utilisation du tour de potier japonais

tour de potier au pied traditionnel

blog sur le thé et la céramique

façonnage d'un bol

blog sur le thé et la céramique

blog sur le thé

Le potier prend donc une des boules de terre préparées à l'avance, la place sur un petit tas de glaise déjà présent sur le tour, met le tour en route ( avec ses pieds ... pas de tour électrique ici ... ) et façonne la forme de base en un tour de main ... les parois montent rapidement et un gabarit aide le potier à contrôler la profondeur et la largeur voulue pour son bol ... une outil de forme en bois aide encore rapidement à aplatir la ligne générale et à former de large bords ... le bref passage d'un fil sous le pied permet de séparer ce qui était encore il y  a peu une boule de glaise du support de terre et il ne reste plus qu'à poser l'ouvrage sur une planche de bois où elle va être mise à sécher en compagnie d'autres pièces ...

... Ne reste plus qu'à finir le pied, qui va généralement être entaillé, puis à mettre l'engobe ... et à cuire ... et naturellement, à mettre en vente ... maintenant ainsi la tradition.

9 mai 2015

Collections III

blog sur le thé et la céramique

Week-end prolongé aidant, c'est l'occasion de finir la réorganisation entamée il y a un petit moment ... cette fois-ci, c'est le tour des Yunomi de sortir de leur boite ...

blog sur le thé blog sur le thé
blog sur le thé et la céramique thé et céramique
tea addict céramique de bizen

Ainsi que celui des guinomi, des tasses à thé de petite taille et autres coupes de porcelaine chinoise ...

coupe à saké

blog sur le thé tasse à thé
tea addict thé tea addict

blog sur le thé

1 mai 2015

Kuro Raku : cuisson traditionnelle ou cuisson moderne ?

kintsugi sur raku

Les Kuro Raku ou Raku noirs sont certainement parmi les Chawan les plus onéreux hormis quelques œuvres de grands noms. J'avais déjà expliqué que le processus de fabrication variait entre les Kuro Raku et les autres couleurs de Raku et que cela expliquait cette différence de prix ...

Mais on trouve également des Raku de couleur noire qui n'ont pas été fabriqués selon le processus originel, mais suivant le processus habituellement utilisé pour produire les Aka Raku, les Raku de couleur rouge.

Ce processus différent repose sur l'application d'une couverte qui va donner une couleur noire sans passer par le processus de refroidissement violent. Il n'y a pas là à proprement parler forcément de volonté de tromper de la part du potier qui produit de telles pièces, mais comme les Kuro Raku ont les faveurs des collectionneurs, certains vendeurs, par ignorance ou par manque de scrupules affichent souvent de tels Chawan aux mêmes prix que des Raku noirs réalisés de façon traditionnelle.

On peut donc se demander comment faire la différence, dès lors, entre un Chawan Kuro Raku cuit de façon traditionnelle et une copie plus abordable réalisée selon des méthodes plus modernes ... Tout simplement en relevant certaines traces ...

La trace la plus simple à relever, en général, est la trace de la pince qui a servi à sortir la pièce du four pour la plonger dans l'eau. Celle-ci va en effet laisser une trace plus ou moins visible sur la paroi externe du bol ... petit florilège :

kintsugi sur chawan raku kintsugi sur chawan raku
kuro raku chawan chanoyu et raku
vrai raku traditionnel vrai raku japonais

La taille de la marque varie suivent la taille de la pince utilisée par l'artiste, suivant la manière dont a été saisie la pièce, ..., mais elle est toujours présente et marque toujours la couverte car elle résulte de la seule opération possible pour extraire la pièce brûlante du four en fonction.

La même pince va laisser, à l'intérieur du Chawan, un autre marque, celle de son autre bras ... Celle-ci est en règle générale plus petite, mais est bien là ... on a donc toujours deux traces qui résultent de l'utilisation d'un outil d'acier pour l'extraction du bol.

chawan en raku noir

chawan kuro raku

L'autre signe est une couverte à la fois brillante et mate, lorsque la couverte est relativement fine, qui donne l'impression d'être marquée par la porosité et qui est constellée de trous minuscules sur toute sa surface. Cela est causé par l'argile utilisée mais aussi par le processus violent de refroidissement.

le vrai raku japonais

le vrai raku japonais

Pour les Kuro Raku "modernes", la glaçure appliquée est d'abord plus épaisse et un plus vitrifiée, donc plus brillante, même si des trous dû à la porosité de l'argile, beaucoup moins nombreux, apparaissent çà et là. On ne retrouve pas de traces de pinces puisque les pièces ont été mises à cuire et on été laissée à refroidir dans le four, la couleur étant obtenue grâce à une autre composition.

raku kichizaemon chawan en raku moderne

kintsugi et gintsugi sur raku

La couverte appliquée sur les Kuro Raku, cuits de la même manière que les Aka Raku, est donc différente et cela se ressent notamment au toucher, beaucoup plus lisse, là où il sera plus rugueux avec un Raku noir "traditionnel", et cela, pour ces derniers, même pour les parties où la couverte a été épaissie et est plus lisse que le reste du corps, comme sur l'exemple ci-dessous.

le vrai raku japonais

Ces techniques différentes n'enlèvent rien aux deux types de cuisson, car on peut considérer que ce sont là deux types d'objets différents tant ils le sont au toucher et à l’œil, même si leur destination est la même. Il s'agit juste de pouvoir appréhender ce que l'on a en face de soi, car la technique traditionnelle de production des Raku de couleur noire est beaucoup plus difficile à maîtriser et engendre beaucoup plus de casse.

Les chawan issus des deux modes de cuisson se rejoignent cependant sur un point, très commun aux Raku japonais de toutes sortes, c'est la fragilité de la fixation de leur couverte et la relative fragilité de leur structure, qui fait que l'emploi de ce type de pièces fait souvent appel au Kintsugi ou que de tels objets, quand ils sont anciens et qu'ils ont été utilisés, portent fréquemment des Kintsugi.

réparation à la poudre d'or kintsugi sur chawan kuro raku

6 avril 2015

Collections II

raku, kyoyaki, shino, karatsu, bizen
 
Dans la droite ligne d'un billet précédent, le soleil ayant fait sa réapparition et le week-end prolongé aidant, c'est l'occasion de faire un peu de réorganisation ... C'est donc l'occasion de sortir de leur boite, tous en même temps ou presque, divers chawan de tous styles, Kyo-yaki, Raku, Shino, Karatsu et Bizen ...

thé et céramique tea addict
teaadddict tea addict

Naturellement, inclinaison personnelle, le Hagi est largement représenté ici ...

céramique et thé

Les différents styles de Hagi sont donc là : Ao-Hagi et ses variantes, Gohonde, Loquat et blanc laiteux ...

tea and ceramic céramique de hagi
thé et céramique céramique hagi yaki