DemysTEAfication

15 janvier 2012

Comme une odeur de sapin ...

Sapin n.m. (du gaul.). Arbre résineux (conifère) des régions tempérées de l'hémisphère Nord et de l'Amérique centrale, aux feuilles persistantes courtes et insérées régulièrement sur les tiges (ce qui les distingue de celles du pin) ¤ Bois dont on fait les cercueils ¤ Fam. Sentir le sapin : n'avoir plus longtemps à vivre.

L'impression de mon billet précédent s'est trouvée confirmée hier, après un bref passage au 260 boulevard Saint Germain, une des boutique de liquidation de la Compagnie Française de l'Orient et de la Chine. Le "Hermès" du produit chinois brade donc tout, ou du moins tout ce qui lui reste en objets de décoration et en céramique.

Tant pis, car même si je n'aimais pas trop l'ambiance ( due notamment à sa clientèle mal élevée et imbue d'elle-même, preuve que l'argent ne peux pas tout acheter, en particulier l'éducation et la culture ), la C.F.O.C. importait des articles que l'on ne trouvait nulle part ailleurs.

J'invite donc tous ceux qui veulent en profiter à le faire dans les plus brefs délais, car il reste quelques trésors dispersés dans les deux boutiques citées dans mon précédent post.

Pour ma part, je crois y avoir fait mes derniers achats hier :

tasse a thé song

Soit une grande coupe à 17 euros qui me servira de pot poubelle pour le Gong fu cha et deux tasses dans le plus pur style de la céramique de la dynastie des Song du Nord ( 960 - 1127 après J.C. ), à 4 euros pièce.

Le style des Song du Nord s'obtient par l'application de pigments de cuivre sur la glaçure sêche mais non encore cuite, pour obtenir une surface uniforme, avec une glaçure dominante bleue traversée par des nuages violets - rouges

tasse a thé chinoise

Le "pot poubelle" n'est pas en reste, et sa glaçure est d'un blanc-bleu crémeux à la texture légèrement irrégulière, au toucher d'une douceur infinie qui n'est pas sans rappeler celle du style Shino japonais.

compagnie française de l'orient et de la chine

13 janvier 2012

Chronique d'une mort annoncée ?

Fondée en 1966 par François Dautresme, la Compagnie Française de l'Orient et de la Chine  ( http://www.cfoc.fr/ ) vit vraisemblablement ses dernières heures sous sa forme actuelle.

compagnie française de l'orient et de la chine
Photographie © Le journal des vitrines / Stéphanie Moisan

Après avoir mis en vente aux enchères chez Artcurial le 3 mai 2011 une partie de son mobilier en stock, la C.F.O.C. s'était lancé dans une liquidation pour travaux à sa boutique phare du 170 boulevard Haussmann, à Paris. Quelques temps après, une nouvelle liquidation avait lieu au 65 avenue Victor Hugo et au 260 boulevard Saint Germain, toujours à Paris. Cette liquidation se poursuit toujours et on y trouvera jarres, théières de Yixing et théières à couverte, poteries diverses, bols, tasses, coupes, objets de lettrés, objets de décoration, laques, meubles ( les photographies de ce post sont de Stéphanie Moisan. Plus d'images pour se faire une idée de ce que la C.F.O.C. vendait, allez voir l'excellent site-blog de Stéphanie Moisan, dédié à l'art graphique, à l'architecture d'intérieur et à leur application dans cet art de la mise en scène que sont les vitrines de magasins : Le journal des vitrines, ici et ici ), ...

compagnie française de l'orient et de la chine
Photographie © Le journal des vitrines / Stéphanie Moisan

La liquidation s'est pourtant accélérée, les meubles étant aujourd'hui tous soldés à 70 % de leur prix d'origine, et je gage que cette vente touchera bientôt à sa fin. Il est donc temps de profiter de quelques affaires, en particulier pour ceux voulant s'équiper en objets pour le thé. Au temps de sa gloire, j'y avais trouvé une jarre pour stocker mes galettes de Pu Erh. On se rendra donc rapidement dans les deux magasins de la rue Victor Hugo et du boulevard Saint Germain pour pouvoir acheter à bas coût de bonne théières de Yixing ( j'ai acheté chez eux ce que je considère comme une de mes meilleure Yixing ) à des prix fortement soldés ( au minimum 50% du prix d'origine il me semble ).

cfoc
Photographie © Le journal des vitrines / Stéphanie Moisan

J'espères que la nouvelle formule à venir, qui se concentrera dans la boutique rénovée du 170 boulevard Haussmann d'après ce qui m'a été dit, ne perdra pas le charme de l'ancienne C.F.O.C. et qu'elle proposera toujours des objets d'exception car, dans le cas contraire, ce serait tout de même une grande perte pour ceux qui, outre la céramique, aiment l'artisanat chinois de très haute qualité... personnellement, je la regrette déjà ...

11 janvier 2012

Sachets : ce que nous buvions ...

... ou " pourquoi les amateurs de thé ne considèrent pas les sachets comme du thé " ?

Une des raisons qui m'ont donné envie de faire ce blog est une petite phrase entendue par hasard et qui ne m'était pas destinée : " Moi, le thé j'essaie, mais je n'arrive pas à aimer çà, c'est dommage hein ? ". Cette phrase était prononcée par une jeune fille à l'attention d'une de ses amies près du stand tenu par "Les jardins de Gaia"  - http://www.jardinsdegaia.com/  - spécialisés en thé bio et en commerce équitable - sur le salon Japan Expo 2011. Je me suis alors souvenu qu'au même âge je m'étais dit également que " le thé, on en fait une montagne et pourtant cela n'a rien de vraiment formidable ", avant de mettre les pieds, presque par hasard, dans un petit salon de thé où j'ai découvert le thé en vrac et l'art de l'infusion, alors qu'auparavant je ne connaissais que les thés en sachet de supermarché.

Eh oui, inutile de se mentir, nous avons tous bu, au début, du thé en sachet. C'est par là que nous avons certainement tous commencé, ainsi que par des thés plus ou moins abondamment aromatisés ( et comme tous les thés natures, de qualité variables - et là encore, tout le monde en a bu à un moment ou à un autre, inutile de se mentir ). Mais une fois goûté le plus basique des thés natures en vrac ( ceux achetés en comptoir, pas ceux de supermarché, là encore ), impossible de revenir en arrière ( du moins pour moi, et cela même si j'ai bu beaucoup de thé en sachet par le passé ).

Pour voir d'un peu plus près ce que nous buvions ( et que d'autres boivent encore, après tout, selon ma propre philosophie, chacun est libre de faire ce qui lui plaît et, pour paraphraser John Stuart Mill : "La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres" ) , j'ai fait infuser divers sachets "supermarchés" récupérés à droite et à gauche, du premier prix aux "grandes marques" en passant par les marques distributeurs ... Le résultat est encore plus édifiant que ce que je pensais :

Pour la qualité, cela ne dépasse pas le garde de la poussière ( Dust ou grade D, grade le plus bas ) et n'atteint même pas le grade de Fanning ( grade F, un peu au-dessus du grade précédent, mais à peine ) à mon grand étonnement.

Mais comme une bonne illustration vaut plus qu'un long discours :

Les deux premières infusions : premier prix et marque distributeur ( la marque du supermarché ) :

thé en sachet
Premier prix ( à gauche ) et marque distributeur ( à droite )
thé en sachet
Gros plan sur le premier prix !

thé à jetter
La marque distributeur, ce n'est pas mieux ...
Les deux types sont extrêmement proche et tous deux forment une bouillie compacte, un agglomérat de petites poussières et de quelques morceaux à peine plus gros.

Les deux infusions suivantes, deux "grandes marques" :

cochonneries dans le thé en sachet
Les deux se valent, voir ci-dessous pour des plans plus rapprochés. La qualité de la poussière est déjà meilleure ... même si le tout forme encore une bouillie relativement compacte ...

the crado aromatisé

produits chimiques dans le thé en sachet

Conclusion, nous n'avons bien ici que du grade D ( Dust ) et nous n'atteignons même pas le grade F ( Fanning ). Pour mémoire, il s'agit là des deux grades les plus bas que l'on puisse trouver, c'est-à-dire presque du déchet en fait. Tout cela pour un prix moyen allant de 4,50 euros / 100 grammes à 5,70 euros / 100 grammes, soit le prix d'un bon thé aromatisé dans un comptoir. Je dis un bon thé aromatisé, car là est bien le problème : pourquoi s'entêter à boire un thé de qualité plus que médiocre, certes forcément plus facile à se procurer ( il suffit de tendre le bras en grande surface ), mais nécessairement rectifié chimiquement ?

Je m'explique : à moins d'être bio, on trouve des traces de pesticides et de produits chimiques dans tout ce qui est cultivé de nos jours, même le thé, combien même la situation actuelle ne serait plus la même qu'il y a quelques années ( L'UFC Que Choisir avait fait une étude à ce sujet il y a maintenant 10 ans ). Dès lors, pourquoi rajouter encore à cela des agents de saveur en grand nombre, comme cela est d'ailleurs stipulé sur les emballages :

Exemple : thé orange - cannelle de grande marque :

Composition ( je n'invente rien, je reprends juste les mentions au dos de la boite de sachets ):
  • thé ( encore heureux ! 73 % )
  • cannelle ( 20 % )
  • arôme orange ( 6 % )
  • écorces d'orange ( 1 % )
Voilà ... qui n'a jamais oublié oublié un sachet de thé lors de son infusion sans que cela porte pour autant à conséquence sur son goût ? Le rôle des agents de saveur doivent certainement jouer un rôle stabilisateur. Le plus étonnant, c'est qu'on essaie de les cacher aux yeux des consommateurs pour faire un " beau " produit, car dans notre exemple ci-dessus, à quoi sert la faible proportion d'écorces d'orange sinon à faire croire à l'inconscient du consommateur que les 6% d'arômes sont naturels ?

Pour finir, et pour bien comprendre, là encore, la différence entre un thé sachet et un thé en vrac, voici deux dernières illustrations de thé vert, un sachet de grande marque et un vrac d'entrée de gamme de grand comptoir :

the de qualite
Qui est qui ? La réponse ci-dessous !


thé de basse qualité
Sachet à gauche et vrac à droite bien sûr !

Quand l'on sait que plus les brisures sont petites et plus l'infusion est colorée, corsée, astringente voir acide, cela se passe de commentaire ... pour ma part, je n'en buvais plus et n'en boirai plus ... même si sur le plan pratique, on ne fait pas mieux qu'un sachet ( une tasse, une bouilloire qui bout à gros bouillons et hop ! ).Maintenant, peut être devrais-je essayer les sachets de comptoirs, qui semblent de meilleure qualité, mais au vu de leur prix, le vrac est moins cher et ses possibilités illimitées ou presque, contrairement aux sachets de comptoir qui ne reprennent qu'une petite partie de la gamme proposée et qui, contrairement aux sachets de supermarché, requièrent les mêmes degrés d'infusion que leurs frères jumeux restés en pots.

Voilà, je n'ai pas fait ce post pour tirer sur des ambulances ou pour enfoncer des portes ouvertes, mais dans l'esprit de ce blog, très " le Thé pour les Nuls " en souvenir du néophyte dans ce domaine que nous étions tous et que, forcément, j'étais ( et le suis encore ). Je n'ai pour objet que l'exposition de simples faits, vérifiables par tous, sans juger ceux qui continuent à aimer les thés en sachets, mais éventuellement pour pousser ceux qui sont déçus par ces derniers d'essayer d'aller un peu plus loin et d'élargir leur champ de vision ... après tout, peut être y trouveront ils leur bonheur, nature ou aromatisé ?

Un coussin à thé

Derrière cette expression imagée se cache un ustensile pouvant avantageusement remplacer le plateau à thé, pour réaliser une infusion ou pour "baigner" votre théière.

Il s'agit d'une pièce, généralement en céramique, sur laquelle on peut poser la théière du gong fu cha pour y verser l'eau. Une simple pierre ou un morceau de tuile peut aussi bien faire l'affaire, placée dans un récipient.

On pourra ainsi aisément se faire un coussin à thé à partir d'une pierre plate et d'une assiette creuse, ou trouver un petit coussin en porcelaine ou en terre de Yixing sur le net, comme celle ci-dessous :

bateau à thé

bateau à thé

A partir de là, il faudra trouver une assiette aux bords assez hauts pour avoir une contenance suffisante :

bateau a the

Il existe aussi des coussins à thé composés de ces deux pièces et que l'on trouvera, là encore, facilement sur le net, qu'ils soient issus de productions en série ou qu'ils soient plus artisanaux ( à ce sujet, celui fait par Michel de Tea Jar est proprement magnifique, jugez plutôt : http://teajar.blogspot.com/2008/02/work-in-progress-en-progression.html )

Au final, la combinaison de mon petit montage pas trop cher ( moins de 15 euros il me semble, tout inclu ) me donne un petit assemblage très pratique et idéal pour les Yixing de petite taille :

bateau a the pas cher

9 janvier 2012

Totalement inutile, donc rigoureusement indispensable !

Voilà une contradiction qui n'en est pas une ... en effet, essayer le plateau à thé ( ou mer à thé suivant les appellations ), c'est l'adopter !

plateau à thé

Point besoin de cet ustensile, me direz-vous, pour boire du thé, et c'est juste. Une théière ( et encore ), une tasse, une bouilloire, voilà tout ...

Et pourtant, quel outil pratique, permettant de mettre de l'eau partout sans prendre plus avant soin de l'étiquette du 5 O'clock tea ou de la table, qu'elle soit l'héritage d'une longue lignée ou en mélaminé de la veille.

Ce bonheur, qui existe dans toutes les tailles, dans tous les styles et à tous les prix se révèle, dès qu'on le possède, un instrument indispensable, même pour une consommation courante. Pour ce qui est du Gong fu cha, il est là quasi obligatoire, vu la proportion d'eau répandue telle une offrande au thé, à la théière et à la tasse.

Pour le surplus d'eau, deux systèmes sont utilisés : une évacuation par un tuyau dans un récipient prévu à cet effet, ou, plus discret et surtout plus pratique, un système de réceptacle étanche placé sous un treilli.

baetau à thé

Les modèles les moins onéreux sont de ce type et en bambou. Sinon, on en trouve également dans tous les matériaux les plus précieux et les plus ouvragés, à des prix à l'avenant.

Etonnamment, les fournisseurs du net ne sont pas nécessairement les moins chers et l'on sera surpris de pouvoir trouver ces articles à des tarifs tout à fait concurrentiels chez certains "grands" comptoirs ... et ailleurs.