DemysTEAfication

11 juin 2014

Le décor de la porcelaine : Sur ou Sous couverte ?

Imari chinois

A ses débuts l'amateur de porcelaine est souvent confronté à des termes divers dont le sens profond lui est, en général, assez hermétique. Parmi ceux-ci, les termes de " décor sur couverte " ou " décor sous couverte " sont peut être ceux qui, au premier abord, sont les plus abstraits à appréhender. Cela repose en partie sur le fait que la composition de la porcelaine est souvent mal comprise et vue comme un bloc monolithique passant tel quel des mains du potier à celles de l'utilisateur et subissant juste un petit passage au four.

Il faut tout d'abord savoir que la pâte de porcelaine n'est pas, en elle même, imperméable. C'est l'adjonction d'une couverte ou glaçure qui va, lors du processus de cuisson, par la vitrification, lui conférer la particularité d'être presque aussi imperméable que le verre. L'apposition de cette couverte ou glaçure est donc un trait commun entre la porcelaine et tout autre type de grès émaillé.

A partir de là, la seule particularité qui va distinguer la porcelaine des autres céramiques est l'utilisation de couvertes translucides pour faire ressortir la blancheur de la pâte de porcelaine. les producteurs de tels objets, après quelques siècles ( les premières couvertes des articles porcelaineux allant du céladon au blanc crème en passant par le jaune ), se rendront bien compte de la possibilité de fixer un décor sous cette couverte translucide.

Imari chinois

Pour la réalisation de décors sous couverte, deux types de pigments s'appliquent presque exclusivement, donnant deux couleurs bien précises : le rouge tiré du cuivre et le bleu tiré du cobalt. Le rouge de cuivre donne un rouge qui semble manquer de vigueur et est généralement utilisé seul en décor sous couverte. Le bleu de cobalt constitue d'abord à lui seul le décor sous couverte des porcelaines blanc bleu. Ces deux couleurs sont utilisées car elles peuvent " résister " à une cuisson à haute température, nécessaire pour la vitrification de la porcelaine, tout en ne laissant pas les motifs décoratifs " s'épater " ou se " diluer " lors de cette étape de vitrification de la couverte. Ces deux couleurs, en se retrouvant donc sous la couverte transparente gagnent également en permanence, étant protégés par la-dite couverte.

Le bleu de cobalt tenant mieux la précision du trait que le rouge de cuivre qui tend à ne pas conserver un trait trop fin, il a donc été largement utilisé pour former le support d'un décor  polychrome qui sera appliqué sur la couverte.

Ainsi, la pose d'un décor polychrome, comme celui des articles de porcelaine de style Imari, se fera toujours de la façon suivante : Premièrement, une application du décor de cobalt sous couverte puis une cuisson à haute température ( plus de 1260 ° Celsius ) qui va donc produire une porcelaine blanc bleu. A une telle pièce, on applique un décor polychrome qui vient donc se placer sur la couverte d'où le terme parfois usité de " sur-décoration ". Une fois ces nouveaux émaux appliqués ( les ors, les verts, le rouge de fer - qui donne un rouge vif -, le noir, ... ), on procède à une deuxième cuisson à basse température ( 800 ° à 1000 ° Celsius ) pour fixer les-dits émaux.

Porcelaine chinoise ancienne

Porcelaine chinoise ancienne

Porcelaine chinoise ancienne

Outre le fait que seul le bleu de cobalt ou presque est appliqué sous couverte, les émaux sur couverte se détectent facilement par un ensemble de moyen faciles à mettre en œuvre.

Tout d'abord par la vue, en jouant avec le reflet de la lumière sur une pièce de porcelaine. Ainsi le décor sur couverte semblera " mat " car non vitrifié alors que le décor sous couverte sera " brillant " car placé sous la couche vitrifiée, comme sur les trois photographies ci-dessus.

Ensuite, plus facilement encore, par le toucher, l'application des émaux du décor sur couverte laissant un relief ( comme cela peut se voir sur les photographies ci-dessous ) qu'il est aisé de sentir en touchant directement la pièce.

Arita Yaki Arita Yaki
Porcelaine d'Arita Porcelaine de Satsuma

Porcelaine chinoise ancienne

Toutes ces diverses remarques s'entendent naturellement pour les décors appliqués manuellement, et non pas pour ceux appliqués de façon contemporaine par transfert, d'un bloc, d'une décalcomanie et cuisson à basse température pour des pièces moulées industriellement.

Pour l'anecdote, l'application d'un décor sur couverte permettra également, par de petites variations du motif, d'essayer de camoufler les petites imperfections de la cuisson comme le montre l'exemple suivant ( n'hésitez pas, cliquez sur les photographies, ce sera mieux en " plein écran " ) :

Porcelaine de Satsuma Porcelaine de Satsuma

Toutes ces considérations prises en compte, les possibilités décoratives sont presque sans limites mais l'application des divers émaux de couleurs et la réalisation des décors nécessitent d'être pensés à l'avance, dès avant même l'application du bleu de cobalt sous couverte. La réalisation d'un décor polychrome est donc le résultat de nombreuses étapes plus ou moins périlleuses ( comme les cuissons ) ou complexes ( avec l’interaction des motifs en bleu de cobalt que viennent compléter les autres couleurs ). La plus petite pièce à décor polychrome peint à la main prend donc dès lors une dimension toute particulière ...

Porcelaine japonaise ancienne

Porcelaine japonaise ancienne

Porcelaine chinoise ancienne

9 juin 2014

Porcelaine : Les traces d'usure

Le lapin dans la lune

Les traces de manufacturation ne sont pas les seuls traces que l'on observe sur la porcelaine. On peut également y observer des traces d'usures. Celles-ci sont spécifiques aux porcelaines qui prennent de l'âge car elles sont liées à leur utilisation, aux frottements, empilements, chocs, ..., bref, à un usage plus ou moins intensif.

La première grande trace d'usure est très facile à voir et touche un type d'émail en particulier : la dorure. Celle-ci est en effet relativement fragile et résiste mal aux frottements. Les aplats résistent cependant mieux que les ors posés sur les bordures.

Moineau dans une branche

Le lapin dans la lune

Une autre trace d'usure, qui résulte d'un accident puisque engendrée par un choc la plupart du temps, est le fêle. Lorsqu'il est très fin, il prend le nom de "cheveu" mais il s'agit toujours d'un fêle, d'une fêlure. Il se détecte très facilement, en passant la pointe de l'ongle dessus, car on ressent alors l'accroc là où l'ongle devrait glisser. Le même fêle se retrouve également sur les deux faces d'une pièce.

Assiette chinoise 18ème siècle à cerise

Assiette chinoise XVIIIème siècle à cerise

Mais les traces les plus communes sont cependant les rayures de la couverte. Naturellement, plus la pièce de céramique est destinée à un usage courant, plus ces rayures sont censées être nombreuses. Ainsi, en toute logique, les petites coupes, les contenants, bols et assiettes très simples à usage journalier sont théoriquement plus sujets à porter de nombreuses traces qu'une vaisselle de prix très décorée et réservée aux grandes occasions ou que les grandes pièces d'apparat tels que vases ou potiches de décoration. C'est donc ici que la connaissance des formes de la céramique ancienne et des tâches auxquelles étaient destinées ces formes est utile.

Imari chinois

Imari chinois

Imari chinois

Pour repérer au mieux ces traces, on " joue " avec la lumière qui va ainsi permettre de voir les atteintes à la couverte qui apparaissent mates. Ceci est dû à la similitude entre le verre et la couverte de la porcelaine, qui est translucide. Si ces traces sont le résultat d'un usage régulier et répété, elles sont également de formes aléatoires et sont aléatoirement réparties sur l'ensemble de la pièce. Elles ne reproduisent donc normalement pas un schéma répétitif, comme des traces qui auraient été faites volontairement et seulement à certains endroits visibles comme cela se voit parfois pour les faux. C'est la raison pour laquelle l'observation de ces usures apprend un certain nombre de choses à l’œil averti.

Porcelaine chinoise ancienne

Ainsi, entre les traces d'usures, les traces inhérentes à la fabrication des pièces anciennes et les autres contraintes techniques auxquelles étaient soumis les anciens, on comprendra aisément qu'il est assez peu rentable pour d'éventuels faussaires d'essayer de fabriquer des copies de pièces de consommation courante peu raffinées qui se vendront au final  assez mal même à une cinquantaine d'euros au mieux ... dès lors, le moyen le plus courant pour d'éventuels vendeurs de faire passer des pièces récentes pour anciennes est juste de mentir, volontairement ou par ignorance, sur l'âge réel des pièces. Un rapide examen pourra dès lors facilement confirmer ou infirmer une datation ancienne pour de telles pièces, mais les choses commencent à se gâter pour les grandes pièces plus onéreuses ou pour les céramiques de qualité ... à partir de là, comme je l'ai déjà écrit, pour une datation se rajoute toujours une étude du décor, de la forme et de l'éventuelle signature ou de l'éventuelle mention portée sur la pièce qui doivent correspondre à la même époque. Cette étape ci requiert par contre une certaine expertise et une certaine formation et ne s'improvise donc pas.

7 juin 2014

De la Chine aux Arts Décoratifs

qilin, qílín, kilin, kirin ou kỳ lân

Plus que 3 semaines pour se rendre au Musée des Arts Décoratifs pour visiter l'exposition temporaire " De la Chine aux Arts Décoratifs " qui se clôturera le 29 juin prochain.

qilin, qílín, kilin, kirin ou kỳ lân

Cette exposition offre un rapide panorama complet de l'art de la Chine, tous les domaines d'expression de cet art étant présentés, avec un accent particulier sur les bronzes en émaux cloisonnés et sur les brûles-parfums réalisés dans cette technique particulière, tout à fait maîtrisée par les maîtres fondeurs de l'Empire du Milieu.

Bronzes chinois anciens  Bronzes chinois anciens

Bronzes chinois anciens

Même si les multiples bronzes cloisonnés méritent à eux seuls le déplacement, la céramique n'est naturellement pas en reste tant elle fut un domaine d'expression privilégié des artistes chinois, et tous les styles sont présentés de manière à pouvoir être rapidement embrassés du regard.

porcelaine chinoise ancienne brûle parfum chinois en bronze

Enfin, on remarquera encore particulièrement la présentation de divers vêtements de cours et de divers vêtements informels, aux soieries très fragiles et aux fines et multiples broderies, si délicats à présenter de manière permanente aux yeux du public.

porcelaine blanc bleu

5 juin 2014

Porcelaine : Les traces de manufacturation

A côté des traces liées à la fabrication de la pâte de porcelaine exposées précédemment, on rencontre diverses traces dues à la manufacturation, qui seront, cette fois-ci, également observables pour les grès. Ces traces, bien souvent involontaires, sont fréquentes dans les porcelaines anciennes car elles sont le résultat de ce que l'on pourrait considérer comme des nécessités techniques impératives pour certaines et plus ou moins comme des accidents pour d'autres.

Les traces de fabrication sont peu nombreuses et essaient toujours d'être les plus discrètes possible le cas échéant. L'artisan essayera en effet toujours, pour des raisons esthétiques et quand les contraintes techniques le permettent, de disposer ces traces au dos d'une pièce ou dans les parties non visibles au premier abord.

Assiette Imari chinois

Voici tout d'abord, bien centrée, la trace laissée par un plot de soutient, que l'on appelle pernette. En effet, plus la pièce est longue ou large, plus elle est susceptible de se déformer lors de la cuisson. On va alors essayer de la soutenir lors de cette cuisson par de petits plots d'argile réfractaire. Le contact de ceux-ci avec l'émail laissera cependant automatiquement une trace visible.

La plus grosse trace de manufacturation est elle aussi généralement située dans la partie non exposée directement à la vue. Là encore, c'est un endroit ou la pièce est posée en contact avec le four ou la caissette de cuisson, le cul de la pièce, la base sur laquelle elle reposera également par la suite lors de son utilisation.Ici aussi , donc, la couverte ne peut donc pas tenir.

Assiette Imari chinoise

Ces deux types de traces sont plus ou moins volontaires, ou du moins prévisibles dès la conception de la pièce. Mais une dernière trace de manufacturation peut également se croiser sur les pièces anciennes de "grande série" produites pour des utilisations quotidiennes ou presque. Cette trace ci résulte d'un "accident" et n'est pas voulue : l'agrégat de sable.

Dans les fours où la cuisson se fait au bois, le sol est généralement en terre ou en briques réfractaires. Mais il arrivait également que le sol du four soit tout simplement recouvert de sable. Pour faire court, le sable est majoritairement composé de silice qui sert à fabriquer le verre si on lui adjoint un fondant qui va faire baisser sa température de fusion et de vitrification. Le sol en sable du four ne risque donc pas de fondre pour se transformer en verre, mais il arrive que sous les variations de température se forment, sous certaines pièces mises à cuire sur ce type de "sol", des agrégats de sable qui vont coller et se fondre à la couverte.

Bleu de Hué

Après les traces dues à la manufacturation, on rencontre deux types de traces "accidentelles" induites spécifiquement par la cuisson au bois et ses variations de température lorsqu'elle est inégalement maîtrisée. On les rencontre donc essentiellement sur les céramiques anciennes et sont considérées comme des défauts mais sans gravité.

Tout d'abord, la trace la plus courante est le fêle sous couverte. Ce type de fêlure se produit lorsque la porcelaine non encore totalement cuite se contracte / rétracte pendant cette cuisson suite à une variation de température. De tailles variables, ces fêles sont cependant comblées en totalité ou en surface par la couverte car la cuisson n'est pas terminée au moment de leur formation et on pourra donc les différencier facilement d'un fêle résultant d'un choc, car en passant l'ongle dessus, on sent bien qu'elles n'accrochent pas et semblent "lisses" au toucher. Cependant certains fêles sont parfois trop importants et les tensions mécaniques sur la pièce lors de la cuisson vont entrainer la cassure totale de cette dernière.

fêlure ou fêle dans la porcelaine

fêlure ou fêle dans la porcelaine

Le deuxième accident de cuisson est lui purement esthétique : le retrait d'émail de décoration. Ce retrait se produit lors de la seconde cuisson qui sert, comme on peut le deviner, à fixer les émaux sur couverte qui servent à décorer une pièce de céramique. Comme son "confrère" de la première cuisson, ce type de retrait se forme lors d'une cuisson mal maîtrisée :

Assiette Imari chinoise

L'émail se rétracte alors et forme soit des bourrelets ( flèches rouges ) soit un renforcement de l'épaisseur de l'émail dans certaines zones, laissant des blancs dans d'autres ( flèches bleues ). Comme il s'agit techniquement d'une couverte secondaire placée au-dessus de la première couverte, l'intégrité physique de la pièce n'est jamais mise en cause ... par contre, la deuxième cuisson nécessaire pour fixer cet émail de décoration entraine la cassure de pièces fragilisées par un fêle sous couverte trop important, mais c'est un autre sujet ...

Assiette Imari chinoise

3 juin 2014

Wulong " Porte Rouge "

Wulong

Commercialisé à "La Porte Rouge" au prix de 15 € les 100 grammes, peu d'informations sur ce thé sinon qu'il s'agit d'une récolte de printemps. A première vue, les feuilles sont bien vertes et odorantes, signe, en général, d'un Wulong relativement frais et peu oxydé. Dans cet état, ce sont les herbes sèches, le lys séché , mais surtout les feuilles d'arbres fraichement cueillies et déchirées, entrainant une dominante de sève / chlorophylle.

assiette chinoise porcelaine 18ème siècle assiette chinoise porcelaine 18ème siècle

Porcelaine chinoise ancienne

La liqueur est d'un beau jaune doré, totalement limpide. Au nez, sans surprise, c'est le lys blanc fraichement cueilli qui domine tout. En bouche, c'est encore le lys qui domine, avec une certaine verdeur mais sans être trop entêtant, et le tout est accompagné d'une fine pointe d'acidité.

La Porte Rouge Strasbourg

L'infusion comporte, à mon sens, très peu de brisures. Même si l'on en rencontre quelques unes, ces dernières sont relativement grandes le cas échéant. La majeure partie de l'infusion est donc constituée de feuilles de taille moyenne, et ce de façon assez uniforme.

En guise de conclusion, je dirais que ce thé a, et de loin, un excellent rapport qualité prix, peut être parmi les meilleurs qu'il m'ait été donné de voir. Ce thé est assez endurant et même si sont profil aromatique n'est pas des plus complexe, il l'est cependant assez pour en faire un thé avec suffisamment de finesse. Enfin, vu son prix relativement modique, on pourra en faire avantageusement un thé de consommation courante.