DemysTEAfication

19 décembre 2014

Jamais deux sans trois ?

portail traditionnel japonais
 
Les années passent et voici que ce blog sur le thé atteint son troisième anniversaire, qui l'eut cru ? Car si un certain nombre de blogs se sont créés dans cet intervalle, un bon nombre de blogs ont également disparu ou ont été abandonnés dans ce même intervalle ... Une apparition notoire tout de même et un certain rayon de lumière dans la petite sphère théinée francophone, celle du Forum des Amateurs de Thé ...

Embleme des tokugawa

263 billets, 615 commentaires et un peu plus de 122700 pages vues ...cela aussi, qui l'eut cru ? Car voilà des chiffres assez étonnants pour un thème dont il ne faut pas perdre de vue qu'il reste relativement confidentiel, sujet dans le sujet ... du moins en occident ...

lanterne de temple japonais
 
N'oublions pas que l'immense majorité du thé consommé dans la zone occidentale reste en effet de la poussière de thé ensachée et des substrats aux additifs plus ou moins chimiques que sont les arômes, invention plus que lucrative de l'industrie agro-alimentaire dans le dernier tiers du 20ème siècle, qui permet de donner un goût de truffe au foin ... maladie un peu honteuse tout de même que l'on cache derrière l'escroquerie des " arômes visuels " et derrière le mur de fumée que constitue la multiplicité de mentions que sont les termes "naturels", "de synthèse" ou "artificiels" ...

Todai-ji Nara

Cependant, ce qui est ici une sorte "d’élitisme", dans le sens de "pratiqué par un petite minorité", à savoir la consommation de thé dit "nature" allant souvent de pair avec l'admiration/acquisition compulsive et incurable d'instruments liés à cette addiction, connait une étrange inversion dans la sphère asiatique où le thé aromatisé reste encore à ce jour - bien que cela semble changer à grand pas - une pratique marginale ... tout est donc bien relatif au final ... et peut être aussi un peu rassérénant ...

clou japonais en bronze

Néanmoins, les voyages en Asie, pour peu que l'on prenne un peu la peine de fureter, sont un moyen certain de se ruiner encore plus rapidement que par le passage dans les boutiques virtuelles tant les ustensiles pour le thé y sont abondants. L'avenir est cependant relativement difficile à prédire et la relative désaffection pour le thé ainsi que pour certains éléments d'une éducation traditionnelle risquent de poser des problèmes à tous les secteurs liés à cette véritable culture et art de vivre à part entière qu'est le thé non trituré.

portail de temple japonais

Ne reste plus donc qu'à espérer que l'on puisse longtemps encore profiter de notre passion, ouverture sur un ailleurs débarrassé de bon nombre des contingences contemporaines ...

alignement de lanternes japonaises en pierre

16 décembre 2014

Hojicha Bio " Hamasa Shoten "

Hagi yaki

Importé et vendu par l’épicerie Kioko au prix de 12,30 € les 100 grammes, ce Hojicha est issu de l'agriculture biologique et porte le logo catégorie " Organic " du Japanese Agricultural Standard et celui du label européen de l'agriculture biologique.

Organic Japanese Agricultural Standard thé label bio européen

thé issu de l'agriculture biologique

La liqueur est d'un brun-roux limpide et, au nez, dégage un mélange d'odeurs de pain grillé et de paille sèche, le tout avec une légère pointe d'agrumes. En bouche, la liqueur est toute en rondeur, sans aucune pointe d'amertume ou d'acidité, avec une dominante de paille sèche et une longueur en bouche boisée.

Hagi yaki

L'infusion est majoritairement composée de morceaux de très grandes feuilles, même s'il y a des brisures de toutes tailles, avec de multiples brindilles, dont certaines lignifiées.

épicerie kioko paris thé

Au final, on paie surtout ici le label Biologique, car bien que tout à fait honorable, ce thé n'a pas la complexité de thés du même genre, d'ailleurs importés et vendus par la même épicerie. Si on se place du strict point de vue gustatif, on a donc un thé vert torréfié beaucoup plus onéreux que certains premiers prix et qui est un peu décevant.

10 décembre 2014

Hohin

thé et céramique
 
Le Hohin est une théière japonaise sans manche pourvue d'un système de filtration. Bien que l'on puisse l'utiliser avec de l'eau à ébullition, l'absence de manche complique tout de même la chose et c'est plutôt un instrument réservé à des températures d'infusion plus faibles.

théière japonaise

Le système de filtration, qu'il soit constitué de trous percés directement dans la paroi ou qu'il s'agisse d'une pièce rapportée comme sur le deuxième Hohin ci-dessus en partant de la gauche, permet d'infuser efficacement des thés très fragmentés. De plus, avec son bec large, la verse est relativement rapide.

L'ensemble de ces caractéristiques fait souvent penser que ce genre d'instruments a été créé uniquement pour les Gyokuro, mais force est de constater que selon la forme ( bords détachés comme sur le deuxième Hohin à partir de la gauche sur la photographie ci-dessus ) ou avec la présence de galets éloignant les doigts de la paroi ( comme pour le premier et le deuxième Hohin à partir de la gauche sur la photographie ci-dessus ), on peut utiliser ce type d'ustensile sans problème même avec des températures allant jusqu'à 80° Celsius.

thé et céramique

Cet instrument est relativement courant au Japon même s'il est peu usité sous nos contrées et se trouve généralement inclus dans un set composé d'un Hohin, d'un Yuzamashi et de tasses à thé. On le trouve également dans une multitude de styles de la céramique japonaise, que ce soit en porcelaine ou en grès.

thé et céramique

Enfin, si la plupart sont généralement simples, cet ustensile du thé est également parfois un support d'expression pour le modelage, bien plus souvent que les Kyusu par exemple, et que ce soit pour le corps du Hohin ou juste pour le bouton de son couvercle, les formes les plus étranges font ici parfois leur apparition.

5 décembre 2014

Inbe - centre de la céramique Bizen Yaki

Bizen yaki

Si la céramique de Bizen ou Bizen Yaki tire son nom de l'ancienne province de Bizen et non pas de la petite ville du même nom, on trouve aujourd'hui des potiers et des fours dans une zone assez large autour de cette ville. C'est toutefois à Inbe que l'on trouve le plus grand nombre et la plus grande concentration de fours et de potiers de Bizen Yaki. 

Bizen yaki
Carte © Google Inc
 
La zone de production du Bizen Yaki fait partie l'arrière-pays d'Okayama et de son château. Cette ancienne province était également un important centre de production d'armes blanches. Ainsi, on trouve à Osafune, non seulement quelques potiers, mais aussi un centre-musée consacré à l'art du sabre.

Bizen yaki
Carte © Google Inc

Le développement et surtout la concentration des fours dans le petit village de Inbe semble remonter aux fabriques florissantes du XIXème siècle. Comme les forges, les fours de potiers furent souvent relégués en périphérie des villes à cause des importants risques d'incendie à une période où l'on fabriquait encore exclusivement les maisons en bois et en chaume.

Bizen yaki
Carte © Google Inc

Le village de Inbe est du type village-rue, c'est-à-dire que tout y était initialement organisé autour de l'ancienne route reliant Okayama a Himeji et au-delà. Fort heureusement pour Inbe, la circulation se fait sur la route postérieure qui longe la voie ferrée de la ligne Ako qui dessert Inbe et Bizen. Si la péri-urbanisation à gagné les campagnes et que le bâti est presque totalement continu le long des voies de communication entre Bizen et Okayama, l'organisation de l'ancien village se lit encore assez clairement pour qui sait voir.

Bizen yaki

Le moyen le plus simple de se rendre à Inbe est encore d'emprunter la ligne Ako depuis Okayama et de descendre à la gare de Inbe. Il ne sera dès lors même pas utile de sortir de la gare pour y trouver de la céramique de Bizen, le premier étage de celle-ci étant une petite salle ou sont présentées quelques-unes de ce céramiques ... à vrai dire, à ce compte-là, il ne sera peut être même pas obligatoire de partir de la gare d'Okayama car vous y trouverez également votre bonheur ... Mais quitte à avoir fait le chemin, autant prendre son courage à deux mains et sortir affronter le village de la poterie de Bizen ...

Bizen yaki

Le ton est tout de suite donné, avec un panneau sans équivoque en face de la gare qui vous met tout de suite dans l'ambiance ... ou avec ces petits détails qui ne paient pas de mine mais qui, eux aussi, finissent par vous frapper.

Bizen yaki

Une première étape, le Musée d'Art de la Céramique Traditionnelle et Contemporaine de Bizen, qui permettra de comprendre les processus de fabrication, de saisir au mieux les différents styles qui composent la céramique de Bizen et surtout d'admirer un bon nombre d’œuvres de maîtres. Ensuite, si vous désirez vous lancer dans une série d'achats, des boutiques et des ateliers sont disposés des deux côtés de la ligne de chemin de fer. Toutefois, une fois la route Okayama-Bizen franchie, on pourra se diriger dans la rue face à la sortie de la gare, cette rue menant vers la rue principale du village et étant également bordée de part et d'autre par de nombreuses boutiques.

Bizen yaki

On remarquera rapidement quelques signes de l'industrie dominante de la place, certains fours toujours en activité étant au cœur même du village, avec une boutique attenante pour vendre les productions du-dit four. On trouvera ainsi par endroit les stocks de bois qui seront nécessaires à une cuisson prochaine.

Bizen yaki

Bizen yaki

La rue principale elle-même est marquée de loin en loin de magasins de vente liés à un four, à un potier ou à une famille de potiers spécifique, mais aussi de revendeurs proposant une large sélection d’œuvres d'artistes de style Bizen ne résidant pas directement à Inbe.

Bizen yaki

Bizen yaki

Le village est toutefois assez petit, mélange, comme souvent au Japon, de constructions modernes juxtaposées à des maisons traditionnelles et à des fabriques. On trouvera sur place de quoi se sustenter, et même si l'on ne trouvera que très peu d'indications  en anglais, il est relativement aisé de se repérer.

architecture japonaise

architecture japonaise

L'ensemble, malgré un charme certain, est cependant relativement peu fréquenté hors-saison et en-dehors du festival de la céramique de Bizen qui se tient généralement au milieu du mois d'Octobre.

Bizen yaki

Bizen yaki
 
On pourra admirer les différents petits sanctuaires d'Inbe, en particulier celui d'Amatsu, particulièrement décoré par des œuvres en céramique de Bizen. On pourra enfin parfaire sa visite en admirant les reliques de fours historiques tels le Tenpogama.

Bizen yaki

Bizen yaki

Bizen yaki

En fin de compte, quels que soient les choix faits, on ne verra pas passer le temps, et les tentations seront si nombreuses pour les amateurs de céramique qu'ils ne sauront plus où donner de la tête ...

Bizen yaki
Carte © Okayamaken bizenyaki touyuukai. Légende : points roses : endroits où vous pouvez essayer de pratiquer la poterie - carrés oranges : endroits ou vous pouvez voir des potiers en action - étoile bleue : sanctuaires et sites historiques - points bleus : boutiques vendant de la poterie de Bizen - losange vert clair : hôtel - carré vert : points de restauration

3 décembre 2014

Trésors du Musée national du Palais, Taipei. Mémoire d'Empire

grand palais
L'ouvrage Trésors du Musée national du Palais, Taipei. Mémoire d'Empire est le catalogue d'une exposition qui s'est tenue du 20 octobre 1998 au 25 janvier 1999 aux Galeries nationales du Grand Palais.

porcelaine ancienne
Bol impérial, porcelaine à décor émaillé sur fond jaune. Dynastie des Qing, époque Kangxi. Photographie © AFAA/RMN - Musée national du Palais

Le Musée national du Palais est sans aucun doute un des plus grand musée d'art asiatique au monde,  dont le fond est constitué par une large part des collections impériales de la Cité interdite, l'autre part de cette collection impériale étant conservée au Musée du Palais à Pékin. De fait, les œuvres du Musée national du Palais voyagent extrêmement rarement et l'exposition du Grand Palais a été une occasion rare pour voir des pièces de cette collection hors de Taïwan. Cette exposition a donc fait l'objet, à sa juste valeur, d'une publication de poids, avec ce catalogue de 424 pages, comportant divers essais permettant d'approcher les conceptions impériales en matière d'art.

couverte tenmoku bol
Bol noir luisant, fours de Jizhou, époque Song. Photographie © AFAA/RMN - Musée national du Palais
  
Sommaire de l'ouvrage :

Liste de commissaires de l'exposition

Liste des membres du comité d'honneur

Liste des membres du comité d'organisation

Remerciements

Avants-Propos par
Catherine Trautmann
Alain Decaux et Françoise Cachin
François Nicoullaud
Chin Hsiao-yi
Lee Yuan-Tseh
Jean-François Jarrigue

Sommaire

Le Musée national du Palais : histoire d'une collection, par Chang Lin-sheng

Présentation des pièces exposées : Jades, bronzes, céramiques et objets d'art

Le jade, recueil de la mémoire, par Jean-Paul Desroches

Notices des jades

Le bronze, naissance de l'Histoire, par Huei Chang Tsao

Notices des bronzes

La céramique, hommage à la terre, par Hélène Chollet

Notices des céramiques

Le objets d'art à la Cour : une tradition séculaire, par Pierre Baptiste

Notices des objets d'art

Présentation des pièces exposées. Peintures et calligraphies

Un art de vie, un art de vivre, par François Cheng

Premiers éléments d'un petit dictionnaire de la peinture chinoise, par Simon Leys

Peinture chinoise et représentation du monde, par Jacques Giès

Notices des peintures et calligraphies

Annexes :
Inscriptions sur le jades portées par l'empereur Qianlong (1736-1795)
Inscriptions sur les bronzes
Principales inscriptions portées sur les peintures et les calligraphies
Liste des œuvres présentées à l'exposition

Bibliographie

thé et céramique
Vase cong, fours de Longquan, grès type céladon, époque Song. Photographie © AFAA/RMN - Musée national du Palais

Bien que présentant donc une exposition générale, qui parle aussi de jades, de bronzes et d'objets d'art anciens, c'est le chapitre intitulé " La céramique, hommage à la terre " par Hélène Chollet qui nous intéresse plus particulièrement ici, ainsi que la reprise des notices des céramiques présentées dans l'exposition au Grand Palais.

gong fu cha
Théière, céramique de Yixing avec émaux polychromes. Dynastie des Qing, époque Kangxi. Photographie © AFAA/RMN - Musée national du Palais. Apparu tardivement, la mode de décoration par application d'émaux a passionné la Cour impériale à la fin du règne de Kangxi. Les théières étaient livrées depuis les ateliers de Yixing et les émaux étaient appliqués dans les ateliers attachés à la Cité interdite. Ainsi, un grand nombre de services à thé de Yixing complets et décorés de la sorte nous sont parvenus grâce aux collections impériales, tout en étant un objet relativement rare et peu fréquent en dehors de la Cour impériale.

Après une brève introduction sur le lien étroit entre la culture chinoise et la céramique, Hélène Chollet aborde rapidement, pour faire un point technique accessible aux novices, les matériaux et techniques ( origine et préparation de l'argile, préparation de la pâte et mise en forme ), les revêtements monochromes ( glaçures et couvertes, les décors peints sous couvertes, les décors sur couverte, les effets décoratifs internes à la couverte, les différents types de fours ), l'évolution des céramiques de la dynastie des Tang à celle des Qing ( l'âge des couvertes, naissance d'une capitale de la porcelaine : Jingdezhen, de l'épiderme à la pointe du pinceau : avènement de la porcelaine peinte sous couverte, épanouissement du décor sur couverte, sclérose du décor impérial, transition et réorganisation des fours, de Kangxi à Qianlong : l'apogée de la céramique impériale ). Cet article reste toujours à mon sens, car clair et suffisamment précis, un bon moyen pour une première approche de la fabrication de la céramique chinoise et de l'histoire de ses évolutions.

thé et céramique
Bouteille à col en forme de bulbe d'ail, émaux sur cuivre. Dynastie des Qing, époque Kangxi. Photographie © AFAA/RMN - Musée national du Palais

Exercice du catalogue d'exposition oblige, les 65 notices présentées à la suite de cet article sont toutes accompagnées par une photographie couleur ou noir et blanc, les pièces présentées couvrant une période allant de l'époque des Royaumes combattants ( IVème - IIIème siècle avant notre ère ) au règne de Qianlong ( 1736 - 1793 ).

thé et céramique
Coupe sur pied, porcelaine bleue sous couverte rehaussée d'émaux sur couverte, doucai. Dynastie des Ming, époque Chenghua. Photographie © AFAA/RMN - Musée national du Palais