DemysTEAfication

24 décembre 2014

Collections ...

boites à encens en céramique

Les Kogo et les Futaoki sont certainement les objets les plus anodins, les moins connus et les moins remarqués de la panoplie du Chanoyu ... après tout, ils sont largement cachés aux yeux des invités sous le couvercle du Kama ou sous l'Hishaku, quand ils ne sont pas tout simplement escamotés avant même l'arrivée des invités.

A la différence des Chawan, ils ne jouent donc pas un rôle central mais sont pourtant l'objet d'attentions toutes particulières de la part de ceux qui les ont conçus. Kogo et Futaoki sont en effet un excellent support pour la créativité des potiers japonais, tant sur le plan de la forme et de la recherche esthétique que sur le plan technique avec l'immense gamme de couvertes qu'il est possible d'utiliser.

kogo en raku yaki
Kogo Raku Yaki en forme de coq, symbole de bonheur
kogo en mino yaki
Kogo Mino Yaki en forme de Mizusashi

Qu'il représente un symbole auspicieux comme le coq ou un objet usuel du Chanoyu comme un Mizusashi en passant par des formes plus abstraites, le kogo est l'occasion, pour le potier japonais, d'exprimer son interprétation d'un élément de culture, comme avec l'exemple du lapin / lièvre, qu'il soit relativement stylisé, très réaliste comme celui de Konishi Toko en Bizen Yaki, copie réinterprétée d'une forme ancienne représentant le Lapin dans la Lune ou encore d'une totale fantaisie comme le lapin-gâteau Mochi ci-dessous ...

le lapin dans la lune
De gauche à droite, lapins en : Hagi Yaki, Shigaraki Yaki, Raku Yaki, Kyo Yaki, Hagi Yaki et Bizen Yaki

Les Futaoki relèvent plus ou moins de la même logique, même si la plupart sont tous plus ou moins dérivés d'une même base, celle d'un tronçon de bambou, que certains reprennent même plus ou moins littéralement.  

thé et céramique

Ainsi, si certains Futaoki se "limitent" à reproduire en céramique la forme du bambou de manière, là encore, plus ou moins stylisée, on retrouvera également des formes d'objets courants comme les bobines pour filer, les grelots ou les éventails.

real tea addict
Une forme simple du Futaoki : le tronçon de bambou

On trouve aussi des formes spécifiques développées pour le Chanoyu comme les Futaoki en forme de crabes, en forme de Gotoku ( trépied pour poser une bouilloire sur le feu ), en forme de coquillage, en forme de ronde composée de trois enfants ou encore en forme de personnage penché au-dessus de la margelle d'un puits.

bizen yaki toho kimura pelote à filer japonaise
bizen yaki toho kimura bizen yaki toho kimura

Avec ces deux types d'objets, se rejoignent deux extrêmes : la plus totale simplicité d'une part, car les Kogo les plus simples sont formés d'un coquillage ou d'une pierre et les Futaoki les plus simples sont formés d'un morceau de bambou ou d'un poids à filet en céramique ... et la plus extravagante complication d'autre part, car pour les Kogo et les Futaoki, les seules limites à ce que peut réaliser un potier sont son habileté technique et son imagination ... ainsi, certains potiers poussent même le réalisme à faire des grelots capables de sonner réellement, à l'instar des vrais ...

22 décembre 2014

Exposition Hokusai au Grand Palais - deuxième volet

affiche hokusai grand palais

Depuis le 1er décembre et jusqu'au 18 janvier 2015, se tient le deuxième volet de l'exposition Hokusai au Grand Palais.

peinture format éventail
Katsushika Hokusai (1760 - 1849), Cou coupé - Namakubi zu. Vers la fin de l'ère Bunka (1804-1818). Format éventail (shihon). Photographie © RMN / Collection particulière, Japon.

Une bonne moitié des œuvres a donc été remplacée mais seules quelques œuvres majeures montrent une légère différence entre les deux volets. Donc, à moins d'être particulièrement intéressé par les variations dans l’œuvre de Hokusai ou à moins de ne pas encore avoir vu l'exposition, on pourra se dispenser de faire cette nouvelle visite.

estampe format surimono
Katsushika Hokusai (1760 - 1849), Vendeur de boissons fraîches  - Hiyamizu uri. Ère Kansai, ans V et VI (vers 1793-1794). Format surimono. Photographie © Katsushika Hokusai Museum of Art de Tsuwano.
 
Les admirateurs de l’œuvre de Hokusai ne seront cependant pas déçus, le deuxième volet étant à la hauteur du premier. Cette deuxième partie de l'exposition est également toujours une occasion rare de pouvoir découvrir, en un seul endroit, une telle palette d’œuvres de l'artiste.

série cent contes de fantomes lampe japonaise en papier
Katsushika Hokusai (1760 - 1849), Spectre d'Oiwa-san. Série Cent contes de fantômes - Hyaku Monotogari Oiwa-san.Ère Tempo, vers l'an II ou III (vers 1831-1832), estampe nishiki-e, format chuban. Photographie © Katsushika Hokusai Museum of Art de Tsuwano.

Naturellement, on retrouvera le point culminant pour le grand public qu'est l'estampe " Dans le creux d'une vague au large de Kanagawa ", qui attire toujours autant de monde, et peut être aurait-il fallu la placer ailleurs pour faciliter la circulation ainsi que l'observation d'autres œuvres tout aussi intéressantes de la même série des " Trente-six vues du mont Fuji ", comme " Vent du sud, ciel clair " ...

la grande vague hokusai
Katsushika Hokusai (1760 - 1849), Dans le creux d'une vague au large de Kanagawa. Série Trente-six vues du mont Fuji - Fugaku sanjurokkei Kanagawa oki namiura. Début de l'ère Tempo (vers 1830-1834), estampe nishiki-e, format oban. Photographie © Musées royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles
le fuji rouge hokusai
Katsushika Hokusai (1760 - 1849), Vent du sud, ciel clair. Série Trente-six vues du mont Fuji - Fugaku sanjurokkei Gaifu kaisei. Début de l'ère Tempo (vers 1830-1834), estampe nishiki-e, format oban. Photographie © The British Museum de Londres / RMN - Grand palais / The Trustees of the British Museum.

19 décembre 2014

Jamais deux sans trois ?

portail traditionnel japonais
 
Les années passent et voici que ce blog sur le thé atteint son troisième anniversaire, qui l'eut cru ? Car si un certain nombre de blogs se sont créés dans cet intervalle, un bon nombre de blogs ont également disparu ou ont été abandonnés dans ce même intervalle ... Une apparition notoire tout de même et un certain rayon de lumière dans la petite sphère théinée francophone, celle du Forum des Amateurs de Thé ...

Embleme des tokugawa

263 billets, 615 commentaires et un peu plus de 122700 pages vues ...cela aussi, qui l'eut cru ? Car voilà des chiffres assez étonnants pour un thème dont il ne faut pas perdre de vue qu'il reste relativement confidentiel, sujet dans le sujet ... du moins en occident ...

lanterne de temple japonais
 
N'oublions pas que l'immense majorité du thé consommé dans la zone occidentale reste en effet de la poussière de thé ensachée et des substrats aux additifs plus ou moins chimiques que sont les arômes, invention plus que lucrative de l'industrie agro-alimentaire dans le dernier tiers du 20ème siècle, qui permet de donner un goût de truffe au foin ... maladie un peu honteuse tout de même que l'on cache derrière l'escroquerie des " arômes visuels " et derrière le mur de fumée que constitue la multiplicité de mentions que sont les termes "naturels", "de synthèse" ou "artificiels" ...

Todai-ji Nara

Cependant, ce qui est ici une sorte "d’élitisme", dans le sens de "pratiqué par un petite minorité", à savoir la consommation de thé dit "nature" allant souvent de pair avec l'admiration/acquisition compulsive et incurable d'instruments liés à cette addiction, connait une étrange inversion dans la sphère asiatique où le thé aromatisé reste encore à ce jour - bien que cela semble changer à grand pas - une pratique marginale ... tout est donc bien relatif au final ... et peut être aussi un peu rassérénant ...

clou japonais en bronze

Néanmoins, les voyages en Asie, pour peu que l'on prenne un peu la peine de fureter, sont un moyen certain de se ruiner encore plus rapidement que par le passage dans les boutiques virtuelles tant les ustensiles pour le thé y sont abondants. L'avenir est cependant relativement difficile à prédire et la relative désaffection pour le thé ainsi que pour certains éléments d'une éducation traditionnelle risquent de poser des problèmes à tous les secteurs liés à cette véritable culture et art de vivre à part entière qu'est le thé non trituré.

portail de temple japonais

Ne reste plus donc qu'à espérer que l'on puisse longtemps encore profiter de notre passion, ouverture sur un ailleurs débarrassé de bon nombre des contingences contemporaines ...

alignement de lanternes japonaises en pierre

16 décembre 2014

Hojicha Bio " Hamasa Shoten "

Hagi yaki

Importé et vendu par l’épicerie Kioko au prix de 12,30 € les 100 grammes, ce Hojicha est issu de l'agriculture biologique et porte le logo catégorie " Organic " du Japanese Agricultural Standard et celui du label européen de l'agriculture biologique.

Organic Japanese Agricultural Standard thé label bio européen

thé issu de l'agriculture biologique

La liqueur est d'un brun-roux limpide et, au nez, dégage un mélange d'odeurs de pain grillé et de paille sèche, le tout avec une légère pointe d'agrumes. En bouche, la liqueur est toute en rondeur, sans aucune pointe d'amertume ou d'acidité, avec une dominante de paille sèche et une longueur en bouche boisée.

Hagi yaki

L'infusion est majoritairement composée de morceaux de très grandes feuilles, même s'il y a des brisures de toutes tailles, avec de multiples brindilles, dont certaines lignifiées.

épicerie kioko paris thé

Au final, on paie surtout ici le label Biologique, car bien que tout à fait honorable, ce thé n'a pas la complexité de thés du même genre, d'ailleurs importés et vendus par la même épicerie. Si on se place du strict point de vue gustatif, on a donc un thé vert torréfié beaucoup plus onéreux que certains premiers prix et qui est un peu décevant.

10 décembre 2014

Hohin

thé et céramique
 
Le Hohin est une théière japonaise sans manche pourvue d'un système de filtration. Bien que l'on puisse l'utiliser avec de l'eau à ébullition, l'absence de manche complique tout de même la chose et c'est plutôt un instrument réservé à des températures d'infusion plus faibles.

théière japonaise

Le système de filtration, qu'il soit constitué de trous percés directement dans la paroi ou qu'il s'agisse d'une pièce rapportée comme sur le deuxième Hohin ci-dessus en partant de la gauche, permet d'infuser efficacement des thés très fragmentés. De plus, avec son bec large, la verse est relativement rapide.

L'ensemble de ces caractéristiques fait souvent penser que ce genre d'instruments a été créé uniquement pour les Gyokuro, mais force est de constater que selon la forme ( bords détachés comme sur le deuxième Hohin à partir de la gauche sur la photographie ci-dessus ) ou avec la présence de galets éloignant les doigts de la paroi ( comme pour le premier et le deuxième Hohin à partir de la gauche sur la photographie ci-dessus ), on peut utiliser ce type d'ustensile sans problème même avec des températures allant jusqu'à 80° Celsius.

thé et céramique

Cet instrument est relativement courant au Japon même s'il est peu usité sous nos contrées et se trouve généralement inclus dans un set composé d'un Hohin, d'un Yuzamashi et de tasses à thé. On le trouve également dans une multitude de styles de la céramique japonaise, que ce soit en porcelaine ou en grès.

thé et céramique

Enfin, si la plupart sont généralement simples, cet ustensile du thé est également parfois un support d'expression pour le modelage, bien plus souvent que les Kyusu par exemple, et que ce soit pour le corps du Hohin ou juste pour le bouton de son couvercle, les formes les plus étranges font ici parfois leur apparition.