DemysTEAfication

19 juillet 2012

Le thé à Guimet - Histoire d'une boisson

exposition musée des arts asiatiques guimet

Du 3 octobre 2012 au 7 janvier 2013 se tiendra au Musée Guimet une exposition intitulée "Le thé à Guimet - Histoire d'une boisson". Le titre est prometteur et explicite : le thé sera sans doute aucun au centre de cette exposition, au moins dans les objets dédiés à sa consommation.

Le commissaire de l’exposition étant Jean-Paul Desroches, Conservateur général s'occupant plus particulièrement de la section Chinoise du musée, il y a fort à parier que ce sera la consommation du thé en Chine qui occupera la plus grande part de cette exposition ; impression confortée par l'affiche présentant un magnifique bol de qualité impériale exposée par ailleurs dans les collections permanentes.

Comme toujours, des actions, animations et conférences se tiendront en parallèle de cette exposition temporaire qu'il ne reste plus qu'à attendre avec impatience.

12 juillet 2012

Galette Pu Erh " Terre de Chine " 2012

galette de pu erh

La présente galette ( Lin Cang "théiers de 50 à 80 ans" ) pèse 200 grammes et est mise en vente au prix de 28 €. La galette n'est pas trop compressée, et les feuilles se détachent sans trop forcer, par petites plaques.

terre de chine

pu erh cru

galette de pu erh sheng

Au nez, la liqueur dégage une odeur assez plate, assez fleurie, avec une pointe d'agrumes. La liqueur est d'un beau jaune assez prononcé.

pu er

En bouche, c'est avant tout l'orange amère qui ressort en premier, du fait de la forte astringence qui domine l'ensemble. Même en coupant la liqueur à moitié d'eau, l'astringence ressort d'ailleurs encore tant elle est forte. Malgré tout, elle disparaît assez rapidement, et laisse la place au raisin blanc, qui était déjà une caractéristique du millésime précédent, mais on trouve en plus, s'affirmant peu à peu une légère longueur fruitée et légèrement fruitée à la fois.

terre de chine

pu er cru

Pour ce qui est de l'infusion, il y a une majorité de bourgeons seuls et de bourgeons accompagnés d'une première feuille. On trouve aussi quelques grandes brindilles et des petits morceaux de brindilles déjà lignifiées. Le reste est essentiellement constitué de petites feuilles entières de diverses tailles et de quelques morceaux de grandes feuilles.

Au final, si l'astringence est très forte sur cette galette, elle n'en possède pas moins des qualités intéressantes, comme une assez bonne longueur en bouche et une palette de saveurs assez variée. Elle devrait faire une galette intéressante d'ici quelques années, quand elle aura perdu une large part de son "astringence de jeunesse", si toutefois elle reste stable dans ses autres saveurs.

11 juillet 2012

Kintsugi et Gintsugi : un autre rapport à l'objet

Gintsugi réparation à la laque d'argent
Gintsugi : la brisure devient art ...
Kintsugi, Gintsugi et Urushi-Tsugi sont trois termes qui, à eux seuls, peuvent résumer tout un pan du rapport à l'objet en Asie, très éloigné de notre conception occidentale.

En effet, dès qu'une céramique se brise sous nos cieux, son destin est de rejoindre le dépotoir le plus proche et les grandes pièces de collection voient leur prix chuter de façon drastique, quand elles ne perdent pas tout simplement toute valeur aux yeux des collectionneurs.

Il en est différemment dans la tradition céramique asiatique, où l'objet brisé peut trouver un nouveau souffle et continuer sa vie ... et sur le marché de l'art, de tels bols réparés obtiennent même finalement de meilleurs résultats en vente que des pièces intactes.

Yamane Seigan Gintsugi
Gintsugi sur un Ido Chawan de Yamane Seigan
Historiquement, il est dit que le Shogun Ashikaga Yoshimasa ( 1435 - 1490 ) ayant cassé son bol à thé favori, émis le souhait de voir ce dernier réparé. Le bol fut alors renvoyé d'où il provenait, c'est-à-dire de Chine, dans les mains d'artisans réputés habiles et pouvant satisfaire la demande du souverain. Après un long moment, le bol revint au Japon, mais le Shogun ne fut pas satisfait de la réparation : en effet, les morceaux étaient tenus entre eux par des agrafes métalliques plus que disgracieuses et qui ne rendaient pas réellement l'objet utilisable puisque ne comblant pas les fissures entre chaque morceau. Ashikaga Yoshimasa aurait alors demandé aux artisans japonais de trouver une technique susceptible de pallier aux problèmes posés par la réparation avec des agrafes : la réparation à la laque d'or ou Kintsugi était née de cette recherche ...

réparation de bol à thé : kintsugi
Kintsugi sur bol en Raku
Légende ou non, le Kintsugi était dès lors le moyen, non seulement de restaurer l'intégrité physique d'un objet, mais encore celui de lui rendre son étanchéité et donc toute ses capacités en ce qui concerne les céramiques destinées à contenir des liquides. L'objet retrouve ainsi son usage premier et peut continuer à vivre.

Kintsugi
Le Kintsugi suivant les "lignes de faille", il introduit une asymétrie dans la pièce qui correspond bien au goût du Wabi-Sabi
Mais l'art de la réparation à la laque d'or ne se limite pas au seul Kintsugi. En effet, le Kintsugi connait deux "dérivés", à savoir le Gintsugi, ou réparation à la laque d'argent, ainsi que l'Urushi-Tsugi, la réparation à la laque naturelle Urushi.

céladon corée
Kintsugi sur un céladon coréen du Musée Guimet
Ces techniques ne bornent cependant pas les usages artistiques qui peuvent être réalisés dans le cadre d'une réparation à la laque, et seuls l'habileté du laqueur - restaurateur et son imagination sont un frein à ce qu'il est possible de réaliser, comme on peut le voir dans certaines vitrines du Musée Guimet, ou le laqueur s'est appliqué à remplacer un morceau manquant par une pièce de laque recouverte de dessins de feuilles variées.

musée guimet
Kintsugi et Urushi-Tsugi mélangés sur le col d'une pièce coréenne du Musée Guimet
Dans le Kintsugi, la réparation, si elle suit les lignes de brisure de l'objet, peut ainsi également devenir création artistique à part entière, donnant une nouvelle dimension à l'objet blessé.
Chatsubo
Kintsugi sur un Tsubo du Musée Guimet
De façon plus pragmatique, on rencontre surtout les réparations à la laque sur des pièces en Raku du fait de leur mode de cuisson à "basse" température qui peut provoquer des manques d'adhérence entre la pièce et sa couverte, du moins par endroit. A l'usage, le Chawan perd ainsi des petits bouts de couverte voire même des bouts moins petits, que l'on comble avec le recourt au Kintsugi.

reparation à la laque sur piece ceramique ancienne
Réparations multiples sur le col d'un Mizuzashi en Raku au Musée Guimet
Le Kintsugi connut un tel engouement, notamment au XVIème siècle, qu'il est même dit que certains collectionneurs brisaient volontairement certaines de leurs pièces pour pouvoir les faire réparer. Plus prosaïquement, la multitude des Kintsugi que l'on trouve sur les pièces anciennes vient soit des aléas résultant de leur usage, soit de défauts de cuisson dans les pièces. Mais quoi qu'il en soit, le collectionneur de céramique pourra toujours compter sur le concours de la minutie des services postaux pour réduire en miette n'importe quelle pièce.

9 juillet 2012

De nouveaux blogs sur le thé

dragon bleu terre cuite chinoise

Comme je l'indique dans le titre, voici de nouveaux venus dans le monde des blogs de thé. Longue vie à eux, tout point de vue étant bon à prendre ( même - et surtout dirais-je - si l'on a un avis contraire ) pour cheminer sur le Chado ...

http://unpetitthepourlaroute.blogspot.fr/ ( 2012 - 2014 ): en français ... désormais accessible sur " invitation " uniquement

http://leavesandbuds.blogspot.fr/ ( 2012 - ... )  : en français et en anglais

http://funandflirtea.com/ ( 2012 - 2013 ) : en anglais ... désormais disparu

http://addict-tea.blogspot.fr/ ( 2012 - ... ) ... à ne pas confondre avec http://addicttea.blogspot.fr/ ( 2011 - ... ), le blog de Philippe et ses superbes photographies !

Un blog lié à un site de vente :

http://www.blogduthe.fr/ ( 2012 - 2013 ) - désormais disparu ...

et pour finir, une transformation :

http://chakaibox.com/blog/ ( 2012 - ? ) - blog disparu, remplacé par une newsletter, souscription par mail ...

Il y en a peu, car la toile est justement ce quelle est : une vaste toile où il est difficile d'être visible tant les informations foisonnent ... et à moins d'être un professionnel du référencement, d'avoir un réseau de diffusion et des sponsors qui financent toute la machinerie, il est difficile et long d'y "faire son trou".

dragon jaune terre cuite chinoise

Du coup, je sais, ce post est une escroquerie ( encore et encore ), mais les conditions techniques de sa réalisation pardonnerons cela, car avec une carte mère ayant rendu l'âme, une alimentation ayant décidé de ne plus fonctionner, un déplacement professionnel relativement long et éprouvant et les conditions de publications actuelles, sur un ordinateur portable microscopique pas prévu pour traiter des images, c'est un miracle si j'arrive encore à poster quelque chose ... 

tea addict

... et on pourra saluer l'effort d'illustration de cet article, ou plutôt les conditions de cet effort, avec l'utilisation d'un lecteur de DVD externe des plus poussif et une recherche quasi à l'aveugle sur mes vieilles archives photographiques gravées ...

tea addict

... pas mal d'efforts au final pour un article somme toute assez court ! Espérons que ces nouveaux venus ne m'en tiendront pas rigueur ! Espérons aussi qu'il y en aura encore d'autres, notamment en français ( même si, pour ma part, je n'ai aucun problème avec l'anglais ), car c'est signe que la culture du thé se développe en France.

tea addict

Et puis, accessoirement, c'est aussi l'occasion de vous donner à admirer l'art ancien des briques vernissées à décor de dragons, censés notamment  éloigner les mauvais esprits et dont le plus célèbre exemple peut encore être admiré au cœur de l'enceinte de la cité interdite à Pékin.

tea addict

Naturellement, comme toujours, si à la lecture de ce billet et des précédents, vous n'y trouvez pas votre blog sur le thé récemment ( ou non ) créé, n'hésitez pas à laisser un commentaire pour donner son URL, plus on est de fous, plus on lit ... et il y a tant à lire ...

7 juillet 2012

Exposition au Musée Cernuschi : Un petit tour et puis s'en va ...

Musée Cernuschi

J'avais évoqué il y a quelque temps une exposition au musée Cernuschi, intitulée " Rêves de laque, le Japon de Shibata Zeshin " ; exposition fondée sur la collection Catherine et Thomas Edson du San Antonio Museum of Art et qui prend fin le 15 juillet.
 
Ayant enfin eu le loisir de m'y rendre, c'est-à-dire une bonne et longue après-midi libre, je peux en parler plus avant et vous exhorter à vous y rendre avant sa fin prochaine.

Comme souvent au musée Cernuschi, la muséographie est quasi parfaite et très agréable, participant sans conteste à la mise en valeur des pièces présentées. Certaines surprennent par leur taille, comme le Jubako ci-dessus ou comme le Ryoshibako présenté dans mon article précédent.

Pas d'objets du thé dans cette exposition, du moins pas directement, car on en trouve dans l'iconographie, ainsi que de façon détournée, comme pour une blague à tabac en bois laqué, reprenant la forme d'un Chaire.

rêves de laque

D'une façon générale, certains objets sont caractéristiques des thèmes iconographiques japonais, comme le vol de pluviers ou le faucon se regardant dans une cascade, mais la maîtrise de Shibata Zeshin est grande et la finesse des traits surprenante. On comprend facilement la renommée de cet artiste de l'ère Meiji de son vivant même et l'engouement qu'il a pu susciter alors.

Comme souvent dans les expositions temporaires, les prises de vues ne sont pas autorisées, et les clichés de cet articles sont donc ces clichés sont © San Antonio Museum of Art / John Deane pour le premier et © San Antonio Museum of Art /Peggy Tenison pour les deux suivants.

Au final, je ne peux encore qu'exhorter ceux qui le pourront à profiter de cette exposition de qualité présentant des objets rarement exposés du fait des conditions de conservation particulières des objets en laque.

rêves de laque