Si la connaissance et l'appréciation des œuvres d'art se fait en partie grâce à l'étude et à l'accès au savoir théorique et aux outils d'analyse, c'est avant tout par le regard sur des œuvres que l’œil peut réellement se former.
Ainsi, si la connaissance des aspects techniques de leur fabrication est un élément de la compréhension des céramiques quelles qu'elles soient, il est donc malgré tout nécessaire d'observer le plus grand nombre d'œuvres céramiques pour se faire une idée de leur valeur esthétique et de leur valeur en tant que pièce unique. Je vous présente donc aujourd'hui trois pièces réalisées par Shibuya Eiichi, petit-fils de Shibuya Deishi.
Il s'agit là de trois Yunomi, totalement différents cependant, comme vous pouvez aisément vous en rendre compte. Celui qui connaît les œuvres de Shibuya Deishi retrouvera sans conteste son influence dans les deux pièces à partir de la gauche, et plus encore dans la première pièce à partir de la gauche. Malgré tout, il y a de nettes différences avec les œuvres de Shibuya Deishi, une sorte de continuité dans l'évolution, comme je le soulignais déjà dans un article précédent.
D'un point de vue purement technique, Shibuya Eiichi semble utiliser une argile plus raffinée et un engobe plus dur que son grand-père, car le culottage et l'évolution que connaît les pièces de type Hagi-Yaki se fait plus lentement que pour celles de Shibuya Deishi. Cela est peut être aussi le résultat d'une cuisson un peu plus poussée en terme de température.
Enfin, si les deux Yunomi en partant de la gauche sont des pièces d'un type que l'on pourrait qualifier de "courant", il n'en est pas de même de la pièce située à droite : Un "Eiichi's Rock" ... littéralement, une "pierre" ou un "caillou" de Eiichi.
Il s'agit d'une pièce cuite au feu de bois, d'où les coulures "dans" la couverte, qui proviennent de retombées "accidentelles" de cendres, qui se mélangent et se vitrifient avec l'engobe d'origine et qui lui confère cet aspect particulier ainsi que cette couleur légèrement différente. Les bords du Yunomi sont très irrégulier, tout comme le corps, semblant indiquer un montage entièrement réalisé sans tour. L'absence de couverte par endroits sur l'argile "vitrifiée" renforce encore cet aspect brut caractéristique de cette série de Yunomi, parmi les premiers réalisés par Shibuya Eiichi avant qu'il ne réalise aussi des pièces pour le thé plus "conventionnelles".
Ton "Rock" est magnifique. Là, j'ai un doute, je ne sais plus si j'ai déjà montré le mien sur mon blog... As-tu un "Kohiku" (SSO 18) ? C'est définitivement ma pièce préférée d'Eiichi, même si le Rock est vraiment fantastique.
RépondreSupprimersuperbe "caillou".
RépondreSupprimerdommage qu'il se soit remis à faire du "conventionnel"
Non, ce sont les trois seules pièces de Eiichi que je possède, pour l'instant du moins ;)
RépondreSupprimerSinon, oui, le "rock" est assez impressionnant, mais les autres pièces ne sont pas dégueulasses pour autant, notamment celui de gauche, qui tourne quelque peu sur lui-même et qui réinterprète le style de Deishi senior.
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