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15 mars 2012

Chinese ceramics. Highlights of the Sir Percival David Collection

collection percival david british museum

L'ouvrage Chinese ceramics. Highlights of the Sir Percival David Collection ( Les céramiques Chinoises. Extraits de la Collection de Sir Percival David ), par Regina Krahl et Jessica Harrison-Hall, aux éditions The British Museum Press, est amplement illustré, puisqu'il s'agit, entre autre, d'une sorte de catalogue partiel de la fameuse collection de Sir David Percival, conservée et exposée désormais au British Museum.

L'ouvrage débute par une préface du directeur, suivie d'une préface du conservateur, qui introduisent brièvement la collection de Sir Percival David, composée de 1700 pièces, dont 50 nous sont ici présentées. Il n'y a pas de terres cuites dans la collection, qui se concentre sur les grès et les porcelaines. Il s'agit de la plus importante collection de pièces de qualité impériale hors de Chine.

ancienne porcelaine chinoise ming
Bols décorés de dragons. Porcelaine de Jingdezhen, province du Jiangxi. Dynastie Ming, marque Xuande, 1426 - 1435. Photographie © The trustees of the British Museum
La collection est ensuite présentée dans un article qui la replace au sein de l'histoire de la céramique chinoise, après avoir tracé un bref résumé de la vie de Sir Percival David ( né en 1892 et  décédé en 1964 ). Ce dernier, qui a commencé sa collection à l'âge de 22 ans, possédait à sa mort une des meilleure collection au monde dans le domaine de la céramique et de la porcelaine fine chinoise, résultat de 40 ans d'efforts. Le début de sa collection coïncide avec la chute de la dynastie Qing, quand des trésors familiaux sont mis en vente, ainsi que des objets issus des magasins impériaux, vendus eux pour maintenir le train de vie de la cour Impériale chinoise et pour garantir les emprunts bancaires contractés dans le même but. En 1950, Sir Percival David donne la collection à l'Université de Londres, et elle est exposée dans une maison de Gordon Square de 1952 à 2007.

L'ouvrage retrace ensuite une histoire de la céramique chinoise et de ses techniques, en les illustrant par les 50 pièces extraites de la collection :
- Céramiques primitives
- Grès de la Dynastie Song
- Porcelaines de la dynastie Yuan
- Porcelaines de la Dynastie Ming
- Porcelaines de la Dynastie Qing

Après ce qui peut être considéré comme une histoire succincte et illustrée de la céramique chinoise, vient encore une brève chronologie, puis les 50 pièces choisies sont présentées et décrites individuellement. Enfin, Quelques marques et pieds de céramiques sont repris photographiquement et une bibliographie d'ouvrages plus approfondis est proposée.

porcelaine impériale chinoise
Bols avec fleurs de Prunus et poèmes. Porcelaine de Jingdezhen, province du Jiangxi, décoration ajoutée à la Cité Interdite à Beijing. Dynastie Qing, marque Yongzheng, 1723 - 1735. Photographie © The trustees of the British Museum

Cet ouvrage est d'un abord facile pour peu que l'on parle anglais et les aspects techniques y sont limités pour une compréhension plus aisée. L'ouvrage est très clair, chaque étape de développement de la céramique chinoise est illustrée par au moins une pièce au sein de la collection de Sir Percival David, ce qui fait non seulement prendre conscience de la grande valeur de cette collection, mais qui fait aussi de cet ouvrage une aide précieuse pour qui voudrait acquérir des bases en histoire de la céramique chinoise.

porcelaine chinoise ancienne
Bols avec fleurs de Prunus et poèmes. Porcelaine de Jingdezhen, province du Jiangxi, décoration ajoutée à la Cité Interdite à Beijing. Dynastie Qing, marque Yongzheng, 1723 - 1735. Photographie © The trustees of the British Museum

20 janvier 2012

Un monument méconnu : Le Cha Jing ou classique du thé de Lu Yu

Ma version  du Le Cha Jing ou classique du thé par Lu Yu, a été publiée aux éditions Jean-Claude Gawsewitch en 2004. La traduction du Chinois classique a été faite par Véronique Chevaleyre.

Lu Yu

Cet ouvrage, aurait été rédigé entre 760 et 780 et serait le premier ouvrage consacré au thé ou du moins le plus ancien qui soit parvenu jusqu’à nous. Bien que beaucoup de monde parle de cet ouvrage, les quelques relations que j’ai pu en trouver  ne semblent pas vraiment avoir saisi la part due à Lu Yu et la part due à d’autres auteurs, car les morceaux de textes cités que j’ai pu trouver deci delà sur le net sont des extraits des passages d’autres auteurs compilés par Lu Yu dans son propre ouvrage.

L’ouvrage de Lu Yu est peu utile au buveur de thé actuel, car trop daté et trop emprunt d’ésotérisme et de croyances ou superstitions diverses par moments, mais il nous renseigne cependant sur les modes de consommation du thé à son époque, qui varient parfois totalement des nôtres, comme le fait de ne pas utiliser alors de porcelaine blanche pour boire le thé. A contrario, le point numéro 5, par contre peut se révéler utile et nous montre que dans quelques domaines qui y sont abordés, les goûts n’ont que peu, voire pas, évolués. L’ouvrage n’en reste pas moins étonnant par moments et se lit aisément.

Mais parlons maintenant de l’ouvrage en lui-même. Lu Yu commence par un préambule où il décrit le but de son ouvrage, à savoir «  décrire […] tout ce qui touche au thé, des Zhou jusqu’à aujourd’hui », puis où il fait une sorte de sommaire de son ouvrage et où il souligne les points les plus importants de son ouvrage, à savoir « l’origine du thé, la façon de la fabriquer, de disposer des récipients,les techniques de préparation ainsi que les effets sur la santé », comme la faculté de guérir la lèpre. Il regrette enfin de ne pas avoir pu mettre son texte sous forme de poème ( Fu ), sorte de façon de s’excuser par avance de ne pas coller à un canon d’écriture alors en vogue.

Volume premier :

1 : Les origines

Ici, l’auteur parle de l’étymologie du mot thé et les caractères employés selon telle ou telle source plus ancienne. Viens ensuite la mention de toutes les appellations du thé en fonction de ses origines géographique et des périodes de récolte. Lu Yu établit ensuite une hiérarchie des meilleurs sols de culture : tout d’abord les sols rocheux, puis les sols de graviers et enfin les sols argileux, les moins bons. Selon lui, la culture des théiers se fait par transplantation et les théiers sauvages donnent de meilleures feuilles que les théiers cultivés et il déclare qu’il faut attendre trois ans après la plantation pour faire la première récolte et que seuls les thés de montagne qui poussent sur l’adret ( côté le plus ensoleillé ) sont consommables. Lu Yu fait ensuite une différenciation des feuilles, les feuilles dites « pousses de bambou » ( les bourgeons je suppose ) étant meilleures que les feuilles « en crocs » et les feuilles roulées meilleures que les plates. La médecine chinoise et l’équilibrage des humeurs reste cependant présente, et l’on apprends que le thé qui pousse dans une vallée ou sur l’ubac ( côté le moins ensoleillé ) d’une montagne ne devra pas être cueilli car « le breuvage obtenu provoquera, en raison de sa nature gelante, la formation de masses dans l’abdomen ».
Il faut également être soigné pour la récolte, la faire au bon moment et ne pas mélanger de mauvaises herbes au thé ce qui est nocif pour la santé. L’auteur insiste sur ce sujet ce qui nous laisse supposer que le problème de mauvaises herbes dans le thé devait être un problème récurrent, et fait un parallèle avec le ginseng, dangereux si de mauvaise qualité, donnant une « idée de la nocivité du thé lorsqu’il n’est pas bon ».

tea addict
Voici une feuille portant les-dits "crocs"

2 : Les ustensiles du traitement des feuilles

L’auteur donne ici les différents noms des paniers à thé ( nom principal : Ying, subdivisions : Lan, Long ou Ju ), puis dresse une liste et une description des autres ustensiles : fourneau ( Du ) à cuire le thé à la vapeur, étuveur ( Zeng ), ainsi que la méthode pour l’utiliser, pilon ( Chu ) pour le broyage, moule en fer ( Gui ou Mo ou encore Quan ) de forme carrée, ronde ou en fleur, du socle ( Cheng ou Tai ) en pierre ou en bois et qui sert de support, du linge ( Yi ou Chan ) pour le pressage, du treillis ( Bili ) pour le séchage et enfin du couteau à piquer ( Qi ) pour perforer les galettes et les placer sur le fouet ( Pu ou Bian, à priori, bâton en bambou où l’on accumule les galettes – comme pour une brochette – ), la fosse de séchage, les liens ( Guan ) pour le séchage et la tonnelle ( Peng ou Zhan ) qui recouvre la fosse, la corde à thé ( Chuan ) et la réserve ( Yu ).

3 : La cueillette

Après l’évocation de l’aspect technique, on l’auteur parle des périodes de récolte, des diversités des types de galettes de thés et de leur aspect, des meilleures au moins bonnes. Là encore, les croyances semblent fortement présentes, les galettes faites la nuit devenant noires et celles faites la journée tirant vers le jaune, à moins que ne soient ici éclairées les lacunes de Lu Yu sur la torréfaction des galettes ou non ?
Nous pouvons cependant en déduire qu’il existait deux types de galettes de thé : les noires ( cuites ? ) et les jaunes ( crues ? ). Quoi qu’il en soit, ce passage illustre la difficulté de comprendre ce que veut exactement dire Lu Yu du fait du manque de détails suffisamment descriptifs.

Volume deuxième :

4 : Les ustensiles de la préparation du thé

Nous avons ici encore une énumération et une description succincte d’ustensiles divers pour préparer le thé bouilli, méthode de préparation en vogue alors. Il y a ainsi le four tripode ( Fenglu ) ou four à vent pour faire bouillir l’eau, la corbeille ( Ju ), le maillet à charbon ( Tanzha ) , les pinces à feu ( Huoce ) pour saisir les braises, la marmite en fonte ( Fu ) ou autres matières, le pose marmite ( Jiaochuang ) et les pinces ( Jia ) pour la cuisson des galettes, la meule ( Nian ) et le plumeau pour ramasser la poudre de thé, qui est passée dans un tamis ( Luo ), mise dans un coffret ( He ) rond en bois ou en bambou avec une cuiller ( Ze ) spéciale. Viennent ensuite le filtre ( Lushuinang ) et sa poche de toile cirée pour son rangement, la calebasse ( Piao ou Xishuo ) réserve à eau, le pot à sel ( Luogui ) rond et en porcelaine, la jauge à sel ( Jie ), le pot à eau chaude ( Shuyu ) en porcelaine ou en poterie et les bols ( Wan ).
Ici, une longue digression est faite sur les bols et la classification des porcelaines en fonction des lieux de production, de la meilleure, en haut du tableau, à la moins bonne :


Ancienne dénomination
Dénomination actuelle
Province actuelle
Type de porcelaine
Yuezhou
Shaoxing
Zhejiang
bleue
Dingzhou
Jingyang
Shaanxi
( bleue ? )
Wuzhou
Jinhua
Zhejiang
( bleue ? )
Yuezhou
Yueyang
Hunan
( bleue ? )
Shouzhou
Ville disparue
Anhui
jaune
Hingzhou
Nanchang
Jiangxi
brune
Xingzhou
Xingtai
Hebei
blanche


Lu Yu attache une attention particulière à la couleur que donne chaque type de porcelaine au thé :
Bleu : le thé rosit
Jaune : le thé vire au pourpre
Brune : le thé devient noir
Blanche : le thé devient rouge

L’auteur insiste lourdement en peu de temps dans le texte ( signe d’une très grande importance donc ) sur le fait que la meilleure couleur de bol est le bleu et qu’il ne faut pas se servir des porcelaines jaunes, brunes et blanches pour boire le thé ! Les bols sont peu profonds, avec des bords évasés

L’énumération continue ensuite avec le panier à bols ( Ben ), la brosse ( Zha ), la cuvette de rinçage ( Difang ) où est conservée l’eau qui a lavé les feuilles, le torchon ( Jin ) en tissu grossier pour essuyer les ustensiles, la desserte ( Julie ) qui est un meuble à étagères et la corbeille pour le service ( Dulan ).

Volume troisième :

5 : La préparation

La torréfaction du thé en galettes est expliquée par le menu : « il faut veiller à ne pas le faire au-dessus de braises exposées au vent » car le thé serait chauffé de manière non uniforme. Il faut approcher les galettes du feu et les tourner sans cesse jusqu’à l’apparition de petites aspérités ; on continue alors à rôtir les galettes à la flamme mais à une distance de 15 cm.

Selon Lu Yu, le charbon de bois est le meilleur combustible et préférable à un feu vif de bois de chauffage. Mais « si les charbons ont servi à faire cuire de la viande et qu’ils en ont gardé l’odeur, qu’ils ont reçu de la graisse de cuisson ou s’ils proviennent de bois huileux, sur lesquels a coulé de l’huile, ou d’ustensiles en bois abîmés », ils sont impropres à la préparation du thé car ils risqueraient d’en fausser le goût.

Le point capital de l’eau suit : « l’eau de source provenant des montagnes est la meilleure, vient ensuite l’eau des fleuves et enfin, l’eau des puits, la moins bonne ». La meilleure eau serait d’ailleurs celle des rivières de la montagne Min ( Min Shan, montagne au nord de Songpan, dans le Sichuan ). Mais là encore, les considérations ésotériques prennent une place importante car «  pour faire bouillir le thé, les meilleures de toutes les eaux sont celles qui ruissellent doucement sur des lits de roches » car « il ne faut pas boire l’eau qui jaillit avec violence dans les torrents ou les cascades » du fait qu’une « consommation prolongée peut entraîner des maladies au cou ». Pareillement, il ne faut pas consommer, dans l’eau des « rivières qui coulent au creux des vallées » celle venant des « poches d’eau où le courant ne circule pas [ car ] toutes sortes de dragons cachés peuvent s’y accumuler et les empoisonner ».

Il y a aussi des conseils de bon sens, comme pour l’eau des fleuves, qu’il faut aller « puiser loin des zones habitées » et « pour l’eau des puits, il faut la prendre là où tout le monde le fait ».

L’auteur parle ensuite des trois stades d’ébullition ( premier : petite bulles en yeux de poissons et son léger, deuxième : perles amassées sur le bords, troisième : l’eau moutonne ) et précise bien que « si l’on continue à chauffer, l’eau n’est plus propre à la consommation » ( Nous savons de nos jours qu’il y a disparition progressive de l’oxygène dans l’eau, ce que les anciens dont Lu Yu ne savaient pas, mais qu’ils avaient compris avec le seul goût de l’eau visiblement ! ).

L’auteur précise que le sel est ajouté au début, suivant la quantité d’eau. Il décrit ensuite la marche à suivre pour faire un thé bouilli : « A la deuxième ébullition, retirez une calebasse d’eau de la marmite et touillez avec la cuiller de bambou. Versez au milieu, au cœur du tourbillon [ ainsi créé ], une mesure de poudre [ de thé ]. Vient un moment où l’ébullition est si forte que les vagues formées par l’eau déferlent ; la vapeur s’élève en gros nuages. Alors renversez dans la casserole [ le contenu de ] la calebasse d’eau que vous aviez puisée au début. Ainsi l’ébullition s’arrêtera tout en préservant l’écume à la surface ».
Il y a trois noms pour la mousse sur le thé : Mo ( peu épaisse ), Bo ( épaisse ) et Hua ( fine et légère ). Il y aurait trois noms pour le thé : Jia ( légèrement sucré par nature ), Chuan ( amer ) et Cha ( amer en bouche puis qui s’adoucit dans la gorge ).

6 : La dégustation

Il s’agit ici de l’histoire du thé en tant que breuvage, qui remonterait à l’empereur légendaire Shennong, qui serait l’inventeur de l’agriculture et qui aurait régné de 2737 à 2697 avant notre ère.
Lu Yu cite ensuite les condiments qui peuvent être ajoutés : ciboule, gingembre, jujubes, zeste de mandarines, clavalier et menthe poivrée, mais n’en pense pas du bien et est contre ces ajouts.

7 : Histoire du thé

Ici, l’auteur recense d’abord toutes les personnes qui ont traité du thé par le passé et dresse l’inventaire des ouvrages anciens qui ont fait de même. Lu Yu cite toutes sortes d’ouvrages, du dictionnaire au récit fantastique. Il mentionne de fait tous les ouvrages qui ne font ne serait-ce qu’une mention succincte du thé. Il nomme donc à la fois ses sources et réalise ici un travail de compilateur, dans un style cher à son époque. Lu Yu s’inscrit ainsi dans la lignée de ses prédécesseurs tout en justifiant par là, la légitimité de son travail.

8 : Lieux de production

Lu Yu réalise ici une classement de la valeur des thés suivant leur lieux précis de production, par région, sans faire de hiérarchie cependant entre les différentes régions mentionnées.

9 : Peut-on se passer des ustensiles ?

Le fouet de bambou, la fosse de séchage, les liens, le panier, la corde à thé et la réserve ne sont pas indispensables. Par contre, les bols, les pinces, la brosse, le pot à eau chaude et le pot à sel sont essentiels. On peut également s’adapter en fonction des ustensiles que ramènent les personnes conviées à prendre le thé. Mais au final, tout dépend de la situation dans laquelle on se trouve et qui prends le thé avec son préparateur, car « aux portes de la demeure royale, si sur les vingt-quatre objets du thé un seul manque, le thé est superflu ».

10 : Illustrations

En guise d’épilogue, Lu Yu invite à recopier son texte, ce qui est un moyen de l’inscrire dans la lignée des grands classiques.

21 décembre 2011

Peu lu mais souvent copié : Le Livre du Thé d'Okakura Kakuzo

Lors de quelques recherches préliminaires à propos d'un auteur chinois classique dont parle Okakura Kakuzo, j'ai constaté que de nombreuses pages de sites ou de blogs divers et variés cédaient à une nouvelle mode, la "citation libre", nouveau terme élégant à la mode pour parler de plagiat.

Le fameux Le livre du thé n'est pas en reste comme cible de plagiat, et l'on pourra facilement trouver des passages entiers de l'ouvrage à droite et à gauche sur la toile ... sans aucune indication de source de façon usuelle ou de version, au mieux ...

La version française de l'ouvrage présenté ici est une traduction de l'anglais par Gabriel Mourey. Le tout est publié depuis 1969 chez Dervy-Livres et a connu de multiples rééditions depuis cette date, sous de multiples couvertures ...

Ma version, quant à elle, est une édition de 1990 :

Okakura Kakuzo

( Nota Bene : la mention de collection " mystique et religions" n'est pas importante, puisqu'il ne s'agit que d'une mention commerciale, qui change suivant les éditions et les éditeurs )

Si la traduction de l'ouvrage par Gabriel Mourey ne convient pas, le même ouvrage a été publié aux éditions Philippe Picquier, avec une traduction, là, de Corinne Atlan.

Tout cela nous donne une foison d'éditions diverses sur une quarantaine d'années ... il est donc assez aisé de trouver cet ouvrage d'occasion chez les bouquinistes, qu'il soient du net ou pas, ou en neuf chez tous les libraires du plus petit au plus grand.

Pour plus d'authenticité, on pourra directement lire l'ouvrage en anglais, langue dans laquelle il a été écrit à l'origine par Okakura Kakuzo, auteur de la fin du XIXème siècle, dont le propos était de faire comprendre la culture de la civilisation japonaise.

L'ouvrage se compose de la façon suivante :

1 : La coupe de l'humanité

Il est ici question de la philosophie du thé, mais aussi de l'incompréhension persistante entre l'occident et l'orient, des usages incompris eux aussi, des clichés qui ont la vie dure et surtout longue. Il retrace aussi rapidement l'histoire du thé dans nos sociétés.

2 : Les écoles de thé

Ici, ce sont tout d'abord la succession historique des modes de préparation du thé qui sont présentées. Okakura Kakuzo, visiblement féru des classiques chinois parle principalement de l'ouvrage de Luwuh, le Chaking. Le contenu du Chaking est décortiqué par le menu, suivi des modes de consommation ultérieurs, jusqu'à la cérémonie du thé japonaise.

3 : Taoisme et zennisme

Inutile de développer plus avant, tout est dans le titre. L'auteur traite donc un peu plus avant des liens entre les bases de la philosophie orientale et le thé.

4 : La chambre de thé

Là encore, le titre est éloquent. Après un aperçu historique, c'est l'aspect esthétique de la chambre de thé ainsi que ses codes qui sont traités.

5 : Du sens de l'art

Réflexions philosophiques illustrées autour de ce qu'est l'art, ce qu'il représente, sur sa réception, ...

6 : Les fleurs

De l'application de l'art floral dans la cérémonie du thé plus quelques réflexions qui peuvent sembler quelque peu délirantes du point de vue occidental.

7 : Les maîtres de thé

Il s'agit plus ici d'une dernière dissertation, en guise de conclusion, sur l'influence du thé dans la société japonaise à divers degré et dans divers domaines.


Ce qui est largement plagié sur "la toile" est surtout le chapitre deux, qui constitue une sorte d'histoire du thé et une histoire de ses modes de préparation et sur les pré-requis nécessaires à la réalisation d'un bon thé. Le seul malheur, c'est que tout un chacun reprend également les "erreurs" de traduction, ou plutôt de retranscription du chinois à l'anglais. En effet, si vous désirez trouver un Luwuh ou un Lu Wuh, ou encore un Chaking ou un Cha King, je vous souhaite bon courage ...

... car Okakura Kakuzo parle de Lu Yu et de son ouvrage le Cha Jing, "Le classique du thé", premier ouvrage écrit sur ce vaste sujet, ou du moins premier ouvrage sur ce sujet qui soit parvenu jusqu'à nous.

Au final, je ne peux que vous en conseiller la lecture et, tout comme Okakura Kakuzo, "En attendant, dégustons une tasse de thé. La lumière de l'après-midi éclaire les bambous, les fontaines babillent délicieusement, le soupir des pins murmure dans notre bouilloire. Rêvons de l'éphémère et laissons-nous errer dans la belle folie des choses".

Céramiques japonaises. Un choix dans les collections du Musée Cernuschi

cernuschi

Voici encore un ouvrage des plus intéressant car il présente une sélection parmi les pièces japonaises du musée Cernuschi  qui ne sont pas présentées au public dans les collections permanentes, faute de place.

Le catalogue - essai est de Michel Maucuer et a été publié aux éditions Paris-Musées en 2009. Il est centré sur les pièces de l'ère Edo de la collection du Musée des arts de l'Asie de la Ville de Paris. Il fut suivi par l'exposition "Céramique d'Edo. Quatre siècles de céramiques japonaises dans les collections du musée Cernuschi" du 26 février au 4 juillet 2010.

grès japonais ancien
Chaire, pot à Matcha. Photographie © Paris-Musée / Karin Maucotel

L'ouvrage est abondamment illustré et chaque objet présenté est l'objet d'une photographie et d'une notice. Outre le fait de retracer l'histoire de la céramique japonaise, il est également l'occasion de pouvoir admirer des pièces qui ne sortent malheureusement pas des réserves du musée faute d'espace d'exposition. 300 pièces ont ainsi été sélectionnées par l'auteur sur "environ 1600 céramiques japonaises" du musée Cernuschi.

musée cernuschi
De gauche à droite : Bol hexagonal, Suichu / aiguière, Ryoro / réchaud pour le thé, Bokusho / support à baton d'encre. Photographie © Paris-Musée / Karin Maucotel

Les chapitres se répartissent comme suit :

1 : L'âge d'or des grès japonais, de l'apogée du wabicha aux grès de Kyoto
2 : La culture aristocratique et les débuts de la porcelaine
3 : Du milieu à la fin de la période d'Edo : le passé revisité
4 : La diffusion des techniques de décors d'engobe et d'incrustation : hakeme, zogan, mishima et icchin
5 : L'influence de la culture venue de Chine : grès et porcelaines à décor bleu, à couverte céladon, à décor peint sur la couverte
6 : Les poteries à pâtes tendres et les décors de glaçures plombifères : raku, sansai, kochi
7 : L'internationalisation de la céramique japonaise dans la seconde moitié du XIXème siècle
8 : La petite statuaire ( okimono ) et les décors en haut relief
9 : La période moderne

L'ouvrage est également pourvu d'un historique de la collection de céramiques japonaises de Cernuschi en guise d'introduction, d'un glossaire des mots japonais et des termes techniques, mais surtout, par un petit catalogue photographique des marques et fonds des pièces présentées.

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Kogo, boite à encens. Chaire, pot à Matcha. Photographie © Paris-Musée / Karin Maucotel
Voilà donc sans nul doute un livre a posséder impérativement dans sa bibliothèque pour peu que l'on s'intéresse à la céramique japonaise.

Au vu du travail accompli par Michel Maucuer et des oeuvres qui ont été données à admirer, on ne pourra que reprendre les mots de Gilles Béguin, directeur du musée :
" La taille de l'hôtel Cernuschi a empêché, jusqu'ici, de présenter l'intégralité des collections. Quel homme politique éclairé rendra justice à ces ensembles en dotant le musée Cernuschi d'un second bâtiment, rêve caressé par tous ses directeurs depuis les années 1930 ? " et l'on pourra rajouter que ce rêve est aussi vraisemblablement caressé par tous les amateurs d'art japonais.

19 décembre 2011

Céramique japonaise - Sobriété et irrégularité

Il faut un début à tout et parler bibliographie en est un excellent ...

L'amateur de belles images trouvera son bonheur dans l'acquisition du catalogue de l'exposition ayant eu lieu au musée départemental Georges de La Tour de Vic-sur-Seille du 31 octobre 2010 au 20 mars 2011.

L'ouvrage, comme l'exposition passée, s'intitule Céramique japonaise. Sobriété et irrégularité, et est publié aux éditions Silvana Editoriale ( plus de détails techniques sur :  silvana editoriale )

japanese ceramic

L'ouvrage est scindé en deux parties à peu près égales : la première présente divers essais sur la céramique japonaise, son histoire et son esthétique ( les auteurs sont : Christine Tourneux, Maxence Kozak, Michel Maucuer, Hélène Bayou et Evelyne Possémé ); la seconde présente le catalogue des objets de l'exposition, chaque objet étant illustré par une photographie.

kuro raku
Raku noir à décor de chrysanthèmes, XIXème siècle. Photographie © SilvanaEditoriale / Musée Cernuschi Paris

La plupart des pièces ont été prêtées par de grands musées hexagonaux ( essentiellement le Musée des Arts asiatiques - Guimet, la Cité de la Céramique - Sèvres et le Musée Cernuschi - Musée des arts de l'Asie de la Ville de Paris ) et présentes des pièces qui ne sont pas exposées dans le cadre des collections permanentes de ces musées.

Le catalogue nous présente donc 87 pièces, avec une majorité de bols ( Chawan ) en Raku issus de collections particulières. Mais on pourra cependant remarquer trois jarres à feuilles de thé ( Chatsubo ) en grès à couverte dite "galuchat de raie" ( Samehadagusuri ) absolument fantastiques.

chawan d'été
Raku rouge forme Hira-chawan, XIXème siècle. Photographie © SilvanaEditoriale / Musée des Arts Décoratifs de Paris

Si l'exposition fut l'occasion de voir des pièces malheureusement peu exposées à la vue du public ( faute de place la plupart du temps ), ce catalogue est l'occasion d'en conserver le souvenir et les impressions.
" Issues de la cérémonie du thé, les notions de sobriété et d'irrégularité forment le coeur de cette esthétique, présentée dans les images et dans les textes de ce catalogue "
Bonne lecture !

raku ryonyu
Futaoki en Raku avec sceau de Ryonyu Kichizaemon IX ( 1756 - 1834 ). Photographie © SilvanaEditoriale / Musée des Arts Asiatiques Guimet