Voilà encore un ustensile de la cérémonie japonaise du thé ou Chanoyu, du moins sous ce terme, car un tel "pot poubelle" trouve aussi sa place dans la méthode d'infusion Gong Fu Cha.
Au passage, voilà un Kensui en Hagi dans les style Gohonde le plus classique avec un répartition de "points" plus clairs que le corps, auréolés de façon rose-orangée ...
... avec un corps gris de façon plus ou moins uniforme ...
... partant d'un fond lui aussi rose-orangé.
Son emploi est des plus simple à comprendre : il s'agit d'un récipient-déversoir destiné à contenir toutes les eaux lustrales et les fonds de liqueur ... c'est "tout" !
... Sur lequel on peut clairement voir les traces de cordes de paille et les marques laissées par la natte en paille sur lequel il devait être posé.
Après, naturellement, il en existe en métal, en céramique et parfois même en bois ... il y en a pour tous les goûts. Pour ce qui est de leur taille, ils sont de façon générale plus grands qu'un Chawan, avec une forme allant généralement en s'évasant et assez haute pour contenir assez d'eaux usées.
Bon, je pense que vu la qualité des pièces que j'ai pu acquérir, je dois au moins un petit post dédié à celles-ci !
Tout d'abord un petit Yuzamashi de Yamane Seigan :
Puis un grand Chawan, toujours de Yamane Seigan :
Un grand Yunomi de Deishi Shibuya :
Et un exceptionnel Yunomi par Kaneta Masanao :
Toutes ces pièces sont en Hagi. Les deux pièces de Yamane Seigan sont très représentatives de ce qu'il a réalisé a une époque de sa vie. Il est actuellement tourné vers d'autres expérimentations. Son Chawan est par ailleurs superbe, très grand et entièrement monté à la main.
Le Yunomi de Deishi Shibuya est dans un style Gohonde réinterprété ... je dirais même modernisé, avec un aspect conforme trait pour trait à la tradition et un aspect qui s'écarte de cette voie et introduit de nouveaux traits de caractères.
Enfin, le Yunomi de Kaneta Masanao est une pure merveille, mélange entre une pièce longuement réfléchie et travaillée et une pierre brute tout juste dégrossie, avec un toucher laiteux, comme la couleur de l'engobe.
Voici un autre "classique" de la carte du Palais des Thés, le Tamaryokucha Impérial, vendu au prix de 13 € les 100 grammes, ce qui est relativement peu onéreux.
Sec, il dégage une odeur de verdure, d'algues et d'air marin, avec une légère note d'agrumes en arrière plan.
La liqueur est d'un jaune-vert lumineux. Au nez, ce sont les herbes et les algues qui dominent largement, avec les agrumes, et en particulier le pamplemousse, qui arrivent en second plan.
En bouche, une impression de liqueur beurrée est bien présente, avec les mêmes herbes et les mêmes algues qui dominent, mais un côté plus iodé qu'au nez. Là encore, le pamplemousse est bien présent en arrière plan et s'estompe peu à peu pour laisser le champ à une longueur en bouche plus marine.
L'infusion est composée de feuilles hachées, avec des morceaux de toute taille, bien que les morceaux de taille moyenne ( petite feuilles coupées en deux ) constituent la plus grande part de l'infusion. La qualité de cette dernière est donc dans la moyenne, ce qui n'est pas si mal au final au vu du prix demandé pour ce thé.
Le Chaire ou Cha-ire est un autre instrument de la cérémonie du thé japonais ou Chanoyu. Bizarrement, cet objet est la cible d'un grand engouement de la part des collectionneurs, ce qui explique que la majorité des Chaire atteignent souvent des prix littéralement astronomiques par rapport à leur taille et sont souvent plus chers que bien des Chawan de qualité.
Mais quel est cet instrument qui vaut de l'or me direz vous ... eh bien c'est une petite, très petite, jarre en céramique, tenant généralement au creux de la main, et destinée à contenir la poudre de thé utilisé pour le Chanoyu, c'est-à-dire le matcha.
Bien entendu, il existe diverses formes de Chaire, car comme toujours dans le Chanoyu, rien ne peut être aussi simple qu'il n'y paraît au premier regard !
La forme la plus courante et la plus "académique" est la forme Katatsuki que l'on qualifie de "forme à épaulement" :
La forme la plus fréquente ensuite, serait la forme Marutsubo ( "jarre ronde" ), peut être car elle est proche de la forme Kotsubo ( littéralement transcrit comme "petite jarre" ) et des formes de "sous-catégorie" que l'on rattache à cette dernière : Nasu ( "aubergine" ), Burin ( "pomme" ) et Bunna, un mélange des deux ... Les diverses formes sont assez proche, et de fait, il est parfois difficile de faire une distinction claire.
Une autre forme fréquente est la forme Daikai ( "grand océan" ) ou Nakai ( "mer intérieure" ) qui sont des Chaire rondes et plus larges que hautes. Les deux termes recouvrent la même forme, la seule différence étant leur taille comparative.
Viennent ensuite une multitude de formes diverses et variées, qui sont une expression plus moderne de la forme des Chaire, où s'expriment les potiers, leur imagination créatrice, leur art et leur maîtrise technique.
Enfin, une dernière forme peut être mentionnée, La forme Tsurukubi ( "col de grue" : une forme arrondie à la base avec un col évasé plus fin ) qui est assez rare, peut être du fait du manque de praticité de cette forme.
Le couvercle, lui, est traditionnellement fait en ivoire, mais en réalité, on en trouve le plus souvent faits en os. Désormais la résine voire le plastique sont parfois également utilisés dans les modèles de piètre qualité. La céramique est également utilisée maintenant pour la réalisation des couvercles, car plus noble que la résine ou le plastique.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la manifestation " Le Jardin Japonais au Jardin d'Acclimatation " n'aura pas été gâté par les conditions météorologiques, déplorables depuis l'ouverture, le 7 avril, car entre coups de vent et averse de grêle le beau temps n'est vraiment que très épisodiquement au rendez-vous. Espérons, que cette météo s'apaisera avant le 8 mai, fin de la manifestation, dans un peu plus d'une semaine désormais.
Mais cela n'enlève rien à la beauté d'un petit joyau particulier au sein de ce Jardin d'Acclimatation, à savoir le Jardin Coréen, offert en 2002 par la ville de Séoul à la ville de Paris et qui est si différent de l'espace qui l'entoure ... un vrai bout d'Asie en bordure d'un désert urbain occidental.
S'ouvre ainsi un espace particulier, alchimie entre le végétal et le minéral, imprégné de la culture des Lettrés, le lieu étant par ailleurs harmonieusement parsemé de rochers de lettrés de grande taille.
Alors pour rester dans le ton "Coréen" de mon précédent billet et comme il me reste encore quelques octets gratuits, je laisse ici la place à un petit florilège photographique sur un endroit à part qui mérite à lui seul l'entrée au Jardin d'Acclimatation.
Il ne me reste donc plus qu'à vous souhaiter une bonne visite virtuelle et vous encourager à vous rendre sur place avant le 8 mai inclus pour faire d'une pierre deux coups et pour profiter encore un peu de la venue du "Japon" au sein du Jardin d'Acclimatation de Paris.