DemysTEAfication

15 novembre 2014

Master Lin's Mi Hua Xiang " Postcard Teas "

thé et céramique : assiette chinoise ancienne en porcelaine

Voici un thé qui, on le comprendra rapidement, sort de l'ordinaire à tous points de vue. Il est commercialisé par Postcard Teas, maison anglaise que l'on ne présente plus, au prix de 16 Livres Sterling les 10 grammes soit, au taux de change actuel, à 200,60 € les 100 grammes ...

Pour paraphraser Postcard Teas, ce Mi Hua Xiang ( ce qui signifie " parfum de miel de fleur " ) est entièrement travaillé à la main par Maître Lin à partir d'un seul arbre vieux de 300 ans qui pousse à 1200 mètres d'altitude sur le Mont Wu Dong, le pic le plus célèbre des montagnes du Phoenix dans la province du Guangdong, en Chine.

Toujours d'après Postcard Teas, ce thé serait légèrement grillé au charbon. On pourra juste rajouter qu'il s'agit d'un thé fortement oxydé.
 
thé et céramique : gaiwan en porcelaine à décor blanc bleu

La liqueur est d'un beau jaune orangé d'une parfaite limpidité. Mais ce qui retient l'attention, c'est surtout l'odeur entêtante qui se dégage dès que l'eau chaude touche les feuilles.

thé et céramique : coupe en porcelaine avec couverte rouge de fer

Pas la peine de chercher longtemps quelles fragrances se détachent, elles sont nettes et clairement perceptibles. Au nez, ce sont les fleurs, une note d'agrumes et les fruits confits qui embaument littéralement l'air.

En bouche, l'ouverture se fait par une pointe sucrée et une touche mielleuse, puis ce sont les agrumes confis rapidement suivis par les fruits confits qui viennent à leur tour, notamment la poire et la pomme un peu plus fugaces, eux-mêmes suivis par un bouquet de fleurs capiteuses, le tout finissant par se mêler harmonieusement en longueur en bouche qui se termine enfin par une touche mêlée de miel et d'agrumes confits. Bref, c'est ici une mélodie sans fausse note, menée de main de maître qui se joue ici ...

thé et céramique demysteafication

L'infusion est belle, essentiellement composée de belles feuilles presque toutes entières. On trouvera également quelques bourgeons et d'extrêmement rares morceaux de tige.

Au final, nous avons là un thé onéreux, cela ne fait aucun doute, et c'est une occasion rare et presque un privilège de pouvoir déguster un tel thé. A côté de celui-ci, de nombreux thés de bonne facture se retrouveraient éclipsés et aucun thé de grand comptoir ne pourra même jamais espérer atteindre un tel degré de complexité et d'équilibre tant on pénètre ici dans le domaine de l'exceptionnel ... car si ce thé est cher, il est également sans commune mesure avec ce que l'on peut généralement trouver et les infusions qui se suivent tardent à l'épuiser, si bien que de 5 grammes sortiront presque deux litres de liqueur, lui conférant, par là même, un rapport qualité prix étonnamment honorable !

7 novembre 2014

Porosité(s) et effet(s)

Arita porcelaine ko sometsuke

Le choix d'un instrument pour le thé peut se faire pour de multiples raisons. Il peut y avoir la recherche esthétique, celle d'une forme particulière ou encore, et c'est celle qui va être abordée ici, celle d'un effet particulier sur le thé. Pour ce point particulier il faut, à mon sens, prendre avant tout en considération la porosité de la matière utilisée, qui sera d'une grande influence.

On vante parfois la supériorité de la porcelaine sur les autres types de terre ... De fait, c'est une pratique fort ancienne, qui semble remonter aux débuts de la commercialisation de la porcelaine elle-même, pour une raison à priori fort simple : ses qualités esthétiques et sa capacité à accrocher la lumière, mais aussi sa relative nouveauté lors de son introduction en Europe et enfin, sa supériorité technique par rapport aux autres types de céramique.

La porcelaine présente, en effet, la caractéristique d'être la moins poreuse des céramiques, raison pour laquelle elle permet de réaliser des instruments pour le thé qui n'en modifieront pas le goût ... du moins en théorie ...

... car l'affirmation doit être quelque peu nuancée. Tout d'abord, la porcelaine non frittée, également parfois appelée biscuit, et qui n'est donc pas recouverte d'une couche cristalline translucide semblable au verre est poreuse et s'il elle est en plus insuffisamment cuite, elle est tout aussi poreuse que n'importe quelle céramique. Cet aspect est assez facile à constater, les parties non frittées d'une porcelaine se teintant facilement au contact du thé.

base de théière en porcelaine non frittée

De la même manière, les porcelaines avec un décor sur couverte, risquent également de se révéler faiblement poreuses, du fait des caractéristiques héritées de leur processus de production ( en particulier les multiples traces de manufacturation ), les émaux sur couverte étant cuit à des températures moins élevées.

thé et céramique

Ainsi, des porcelaines récentes issues d'un processus de fabrication maîtrisé devraient se révéler moins poreuses que d'anciennes pièces, d'où la relative absence de besoin absolument nécessaire de posséder des pièces de porcelaine ancienne ... du moins sur un strict plan technique ... Quoi qu'il en soit, ces pièces seront toujours plus poreuses que le verre et, toujours en restant sur le plan strictement technique, celui qui recherche avant toute chose l'absence complète de modification des arômes du thé par son contenant devra en faire sa priorité. Les instruments en verre possèdent en outre la particularité d'être relativement moins onéreux que leurs homologues de céramique, ce qui ne pourra que ravir le néophyte peu équipé qui commence son cheminement sur la voie du thé ...

thé et céramique

En fonction des porosités et des effets possibles, on obtiendrait donc le classement suivant, du moins poreux au plus poreux ( et donc de l'ustensile le plus neutre dans le rendu de la liqueur à l'ustensile le moins neutre dans ce même rendu ) : verre, porcelaine récente, porcelaine ancienne, grès avec couverte, grès sans couverte, terre cuite ... La terre cuite présentant peu d'intérêt du fait de ses faibles capacités en matière de perméabilité, elle n'est plus utilisée pour fabriquer des récipients destiné à autre chose qu'à contenir des plantes ... et encore, pour l'extérieur seulement ... reste à aborder le cas du grès, ou plutôt des grès, car il y a là quelques variantes qui méritent d'être prises en considération.

thé et céramique

Le grès est la famille de céramique qui est peut être la plus large ... quelques centaines de degrés Celsius seulement séparent ces trois pièces mais cet écart va jouer un rôle important. Car entre un grès cuit aux environs de 750° Celsius et un grès cuit à 1250° Celsius, on peut constater quelques différences de porosité qui seront donc susceptibles de jouer sur le rendu d'une liqueur. Une cuisson en Raku donnera un résultat très poreux, et un grès cuit dans la zone de température basse sera plus poreux qu'un grès cuit dans la zone de température haute. Ainsi, les grès du style de Bizen ou de Karatsu seront moins poreux que d'autres, tels ceux de Hagi, qui le seront à leur tour moins ( du fait de leur couverte ) que les grès à moindre température de cuisson. Les couvertes jouent, en effet, ici, un rôle important, qui ne se limite pas seulement à un aspect esthétique ou décoratif. Si l'on a cherché à appliquer des glaçures sur les céramiques, c'est également car ces glaçures renforcent l'imperméabilité immédiate des pièces ainsi réalisées.

Au final, plus la température de cuisson sera élevée, plus la vitrification, suivant la terre utilisée, sera complète et moins le résultat final sera poreux et le rendu dans la tasse proche du thé seul ... et à ce jeu, les instruments de verre et, dans une moindre mesure, ceux de porcelaine, sont imbattables.

Mais porosité n'est pas non plus synonyme de qualité inférieure. L'utilisation d'instruments poreux entraine simplement d'autres résultats dans la tasse que ceux engendrés par les produits vitrifiés, il suffit d'en avoir conscience et de faire des choix en conséquence ... pourquoi des choix ? Parce que si les types de terre vont jouer un rôle, c'est l'art du potier qui va jouer le plus grand rôle et il y aurait presque un effet par théière ...

terre de yixing

Car suivant l'architecture de cette dernière, le résultat va être différent. Le contact de la liqueur avec la terre étant relativement bref, les interactions sont donc limitées ... pour renforcer celles-ci, l'habileté du potier entre en jeu ... c'est ce qui explique que certaines théières soient plus ou moins fines, aient ou non des couvercles aux bords surdimensionnés ou encore soient munies de fines striures en leur cœur qui ne sont pas seulement le résultat d'un éventuel affinage des parois, mais aussi un moyen de maximiser les surfaces de contact entre la liqueur et la terre ... et conduit également à de grands débats autour du culottage ...

théière en terre épuisée de yixing

Quoi qu'il en soit, que l'on préfère la "fidélité" de la vitrification ou l'"alchimie" de la terre, le choix est aussi vaste que le nombre de chemins sur la voie du thé, chacun doit suivre le sien, en suivant ses envies ...

5 novembre 2014

Le musée de Hagi

Hagi museum

Construit en 2004 sur le modèle d'une grande demeure traditionnelle, le musée de Hagi est, comme son nom l’indique, consacré à la ville de Hagi, à sa culture, ses traditions, ses monument et à tout ce qui fait la spécificité de la ville de Hagi.

thé et céramique

Bien que la très grande majorité des explications ne soient pas traduits, le musée est conçu de façon a être extrêmement facile d'accès et les grandes lignes de la construction de la ville sont aisément compréhensible à travers les objets présentés et les maquettes de la ville permettent, si l'on veut bien s'en donner la peine, de saisir en un éclair l'organisation socio-spatiale très hiérarchisée de la ville de l'époque Edo, du sommet du mont Shizuki avec le château symbole tangible du pouvoir du Daimyo, puis, en s'éloignant de la proéminence ou la forteresse est juchée, à sa résidence, puis à celles des grands vassaux, puis à celles des vassaux de rang moindre, puis à celles des samouraïs de rang inférieur pour finir par les habitations des paysans et artisans, les activités risquées étant reléguées loin de la ville.

chateau de Hagi

Musée de Hagi

Naturellement, le musée ne se limite pas à l'action du Daimyo Mori Terumoto et du clan Mori et présente également, à travers des objets usuels, des pièces de fouilles et des recréations ou des mises en situation d'objets anciens.

Thé et céramique thé et céramique

Le musée présente régulièrement des expositions temporaires sur des sujets variés comme la faune et la flore de la région et du Japon ou encore sur divers sujets culturels ou sur les arts populaires. Il est enfin un point de départ intéressant pour visiter la vieille ville de Hagi, musée à ciel ouvert avec ses divers points d'intérêt.

porcelaine chinoise et porcelaine japonaise

2 novembre 2014

Musée Mémorial Yoshika Taibi

Yoshika Taibi memorial museum

Voici un autre musée de Hagi, le Musée Mémorial Yoshika Taibi, dédié à la céramique ancienne, à la céramique de Hagi en particulier, et est notamment centré sur les œuvres de Yoshika Taibi, que ce soit ses céramiques ou ses œuvres picturales.

Musée Mémorial Yoshika Taibi

Ici aussi, il s'agit d'un musée privé, qui a la particularité d'appartenir a une famille de potiers remontant à l'ère Edo et toujours en activité, dont un membre d'importance fut Yoshika Taibi, récipiendaire du prix de l'Académie japonaise des arts dans la catégorie "Artisanat" en 1971. Situé sur le haut d'un versant de colline, l'entrée du musée est d'ailleurs marqué par un Noborigama toujours utilisé par la famille de potiers.

senryuzan noborigama

Le rez-de-chaussée est consacré à la céramique ancienne, notamment de l'époque Edo, et aux pièces de fouilles, à l'exposition d’œuvres picturales de Yoshika Taibi, à la rotation d’œuvres céramiques et à un atelier didactique sur les types de terre et de pigments, des ateliers d'initiation à la poterie étant par ailleurs organisés dans l’enceinte du musée.

chien de fo céramique de Hagi epoque Edo Musée Mémorial Yoshika Taibi
Musée Mémorial Yoshika Taibi Musée Mémorial Yoshika Taibi

bols japonais époque Edo

Yoshika Taibi Memorial Museum

L'étage présente, lui, la collection de céramiques anciennes de la famille Yoshika, des oeuvres marquantes de Yoshika Taibi et d'autres de potiers de Hagi.

Yoshika Taibi Memorial Museum

Kakemono et tokonoma

Sont ainsi présentés des porcelaines anciennes, des objets pour le thé dont des bols, des Kakemono, des objets usuels en céramique et des vases de toutes tailles.

ceramique ancienne d'Edo
Impressionnant Hibachi en forme de Daruma

Musée Mémorial Yoshika Taibi memorial museum Musée Mémorial Yoshika Taibi memorial museum

Enfin, pièces d'exception, les chawan sont particulièrement bien présentés, et un astucieux jeu de miroirs permet de les admirer sous toutes les coutures.

réparation à la laque d'or Musée Mémorial Yoshika Taibi
Yoshika Taibi memorial museum Musée Mémorial Yoshika Taibi
Yoshika Taibi memorial museum Musée Mémorial Yoshika Taibi

1 novembre 2014

Jiu Keng Mao Jian " Pointe Duveteuse de la Colombe"

Pointe Duveteuse de la Colombe palais des thés

Le problème des brouillons, c'est qu'ils s'accumulent vite et doivent parfois laisser la place à des choses plus actuelles. Je poursuis donc ici la mise à jour de ces brouillons avec un thé "éphémère" originaire du Zhejiang et mis en vente par le Palais des Thés au prix de 22 € les 100 grammes.

demysteafication teaaddict

La liqueur est d'une couleur d'un jaune assez pâle et relativement limpide, mais elle présente tout de même le léger handicap d'être truffée de petits morceaux de feuilles et l'utilisation d'un filtre ou mieux, d'une carafe pour le "décanter" est absolument nécessaire.

C'est assez inexpressif au nez, rappelant surtout l'herbe fraiche. En bouche, c'est de nouveau l'herbe fraîche qui domine avec une touche de haricots verts cuits et une légère amertume. Une touche de vanille vient finalement se rajouter en longueur en bouche.

demysteafication tea addict

L'infusion est relativement affreuse à voir, avec certes quelques feuilles bien entières, mais avec une écrasante majorité de petits morceaux, de débris divers et de tiges, ce qui explique sans aucun doute la légère amertume et la nécessité de recourir à un filtrage.

Le rapport qualité / prix est un peu coulé par son manque de complexité, car, même s'il se situe dans une gamme de prix relativement peu élevée pour un thé vert chinois, son prix est justement trop élevé par rapport à des thés un peu plus onéreux mais qui seront largement meilleurs. Si l'on rajoute à cela son grade absolument mauvais, la note finale sombre rapidement.