La restauration de Meiji et l'ère Meiji ( 1868 - 1912 ), qui marquent la modernisation du Japon et son ouverture, entraine la disparition des anciennes classes de la société et le début de l'industrialisation du pays.
On fait alors appel à de nombreux techniciens et ingénieurs, qui apportent avec eux leur savoir faire et leur expérience "moderne". Dans ce contexte, Edoardo Chiossone ( 1833 - 1898 ), un artiste et surtout un graveur, se vit chargé en 1875 de créer puis de diriger le service de gravure de l'Imprimerie d’État rattachée au Ministère du Trésor Japonais. Il grava ainsi des plaques pour l'impression de billets de banque, titres d'état, timbres et autres, tout en devenant le portraitiste de l'empereur.
Edoardo Chiossone constitua ainsi une collection entre 1875 et 1898, qui fut envoyée en Italie après sa mort. La ville de Gênes fit finalement construire un bâtiment dédié à cette collection, qui fut inauguré en 1971, sur l'emplacement des ruines de la villa du marquis Di Negro, au sein du parc de cette villa, jungle urbaine parsemée de grottes artificielles, passerelles, de volières et même d'une chute d'eau, le tout en rocaille ( béton armé finement sculpté et patiné pour donner l'impression de matériaux naturels, comme la pierre et le bois ).
Le musée expose la majeure partie des grandes pièces en bronze de façon permanente, mais une grande partie de la collection est exposée de façon temporaire, par rotation. La collection de Kabuto et d'armures est relativement vaste, tout comme la collection de statues bouddhiques. On pourra noter la présence de belles lanternes de grande taille en bronze ainsi qu'une série de masques de No et de Kyogen et de multiples Netsuke.
En graveur, Edoardo Chiossone s'est aussi intéressé aux Tsuba, art du métal par excellence. Il a cependant peu d'objets du thé en grès dans cette collection, et les céramiques qui en font partie sont presque exclusivement des porcelaines. Cela reflète l'époque de constitution de la collection, où les grès étaient vu par les collectionneurs européens comme des pièces de qualité inférieure, la porcelaine représentant un aboutissement, une aristocratie.
On pourra tout de même remarquer, pour les rares objets du thé, un petit Chaire, presque perdu au milieu de plus grandes céramiques chinoises et un service à thé d'exportation. Parmi les bronzes, on notera un beau Mizuzashi en bronze et quelques Tetsubin, et parmi les laques, quelques Natsume. Les pièces se rattachant au thé sont au final peu nombreuses.
On pourra enfin admirer une collection de tissus et de vêtements, ainsi que des livres et des estampes diverses, même si c'est avant tout le travail du métal sous tous ses aspects qui est le réel centre de cette grande collection, la deuxième d'Italie, par sa taille.
Étrangement, ce musée n'est que peu, voire pas, cité dans les divers guides touristiques et semble assez confidentiel. L'interdiction de prises de vues y est peut être pour quelque chose, tout comme le faible nombre de publications de ce musée, ce qui ne contribue pas à le faire connaitre. Les photographies illustrant cet article sont donc issues de l'ouvrage Masterpieces of Japanese Art from the Edo Period to Modernisation, aux éditions Silvana Editoriale, sauf mention contraire.
Mizusashi en bronze d'inspiration chinoise |
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