Sur le net, il est assez simple de trouver de multiples conseils pour le culottage de tout et de n'importe quoi, de la poêle en acier à la crêpière en fonte en passant par celui des divers pots de cuisson en terre ...
Les théières de Yixing n'échappent naturellement pas à cette règle et à l'usage prolongé, il se formera sur ce type de théière une couche odorante. Inutile de répéter ici qu'il faut " toujours " utiliser la même famille de thé pour une même théière pour ne pas risquer de brouiller les infusions à venir.
On trouve donc une multitude de méthodes, chacune avec une multiplicité de variantes, pour culotter une théière de Yixing neuve ... autant le dire tout de suite, découlant du même "modèle", elles marchent toutes plus ou moins bien, à de rares exceptions près, car le seul but du culottage des théières de Yixing est de faire disparaitre un éventuel " goût de terre " parfois présent avec une théière neuve ...
Commençons par l’exception dont je parlais plus haut, pour l'éliminer au plus vite : une méthode farfelue : frotter sa théière avec des feuilles de thé infusées ... A part peut être teinter un peu la face extérieure de la théière, il n'y aura bien sûr aucun résultat avec cette technique. Si l'on prend la peine d'y réfléchir cinq minutes, on voit d'ailleurs mal comment cela pourrait fonctionner car cela ne marquera pas la théière en profondeur ... et cela sans prendre en compte le fait qu'il risque d'être plus que mal-aisé de vouloir frotter certaines familles de thé plutôt hachées sur la théière ...
Ainsi, la première vraie technique est de faire bouillir la théière dans une casserole avec le thé voulu pendant X heures ( mettre à la place du X un chiffre aléatoire, choisi en fonction de votre thème astral, de la conjonction des planètes, de votre date de naissance ou de ce que vous voudrez, aucune importance, cela tient plus de la superstition que de la science ). Technique certes efficace, mais surtout la plus dangereuse parce que grâce à l’ébullition, la théière et son couvercle vont copieusement se heurter l'un l'autre et vont également heurter le fond métallique de votre casserole ... vous savez ce que dit le proverbe du pot de fer et du pot de terre ... plus la théière est fine et cuite à haute température, plus il y a de risques, c'est pourquoi, pour moi, c'est la technique " brise tout "... bref, à éviter si vous ne voulez pas avoir de belles miettes de théière de Yixing ou si vous ne tenez pas à faire réaliser un Kintsugi avant même de l'avoir mise en service ...
On trouve aussi la technique des infusions multiples : il faut mettre X grammes de thé dans la théière, versez de l'eau chaude et laisser infuser X heures ... il faut renouveler l'opération X fois ... puis on recommence avec encore X grammes de thé et X infusions successives ... là encore, mettre à la place du X un chiffre aléatoire ou propitiatoire ... c'est la technique que j'appellerais " Maison de Thé " car elle va vous faire consommer une quantité considérable de feuilles ... et que ce sera sûrement plus rentable pour eux que pour vous ...
Vient ensuite une technique proche qui se réalise en une infusion concentrée que l'on laisse reposer X heures avant de l'éliminer ... plus rapide que la seconde technique, elle relève de la même approche, avec peut être de l'empressement en plus, et encore, attendre X heures, c'est déjà trop long, il faut être moderne et mettre cette théière à l'usage le plus vite possible voyons ... c'est la technique de " l'homme pressé " ...
Enfin, dans la même lignée, reste la technique " pourquoi attendre " qui consiste tout simplement à réaliser une infusion et à la boire ... bref à mettre la théière en fonction sans attendre ...
Je le répète, toutes ces techniques fonctionnent plus ou moins bien, la plus efficace étant la plus dangereuse et la moins efficace étant la dernière ... viennent se greffer là-dessus divers rites de pré-culottage, comme l'ébouillantage préalable de la théière, le fait de laisser immerger la théière dans de l'eau très chaude pendant X heures ou jours pour la nettoyer d'une éventuelle poussière qui pourrait boucher ses " pores " ou pour préparer la théière en "ouvrant " ses " pores " ...
Naturellement, une théière, même de Yixing, çà n'a pas de pores et donc une éventuelle poussière ne risque pas de lui donner des points noirs, pardon, de boucher ce qui n'existe pas ...
Comment " fonctionne " la céramique et pourquoi se culotte-t'elle alors ? Tout simplement du fait de sa structure et des liens entre ses composants, que l'on pourrait schématiser ainsi :
Comment " fonctionne " la céramique et pourquoi se culotte-t'elle alors ? Tout simplement du fait de sa structure et des liens entre ses composants, que l'on pourrait schématiser ainsi :
Le schéma est peut être un peu simpliste, mais il va permettre de comprendre aisément le " fonctionnement " de la céramique : la céramique, du plus grossier pot de fleur à la plus fine porcelaine est un matériau à structure cristalline, aux composants multiples, l'argile étant formé de divers oxydes et de silice. La cuisson ou frittage, donc la température plus ou moins élevée, va créer des liens au niveau ionique entre les différents éléments, ainsi que des liens plus " gros " par fusion de la silice c'est-à-dire par une vitrification incomplète pour la terre cuite, plus poussée pour les grès et encore un peu plus complète pour la porcelaine.
C'est ce qui fait que la porosité de la terre cuite est supérieure à celle du grès et que la porosité du grès est supérieure à celle de la porcelaine ... mais cette porosité existe pour ces trois types de céramique du fait de la structure cristalline de l'ensemble et c'est elle, avec la surface irrégulière de la céramique, qui permet le culottage. Autre élément favorisant encore le culottage, l'infime dilatation de la céramique avec la chaleur ( cela ne concerne pas les céramiques dites " techniques " comme les céramiques réfractaires, mais ce n'est pas le sujet ici ) qui va " agrandir " les " espaces " entre les éléments.
En buvant du thé, vous faites de la chimie : L'infusion ( nécessairement chaude ) est en effet un processus d'extraction d'arômes et de principes actifs par dissolution liquide. Votre thé va donc être fait principalement d'eau mais également, en moindre quantité et là encore pour faire court, d'huiles, de composés chimiques divers et de sels minéraux.
La structure d'une théière de Yixing va donc être infiltrée par l'infusion et le séchage de la-dite théière va entrainer l'évaporation de l'eau, laissant huiles, sels minéraux, ..., comme suit :
C'est ce qui fait que la porosité de la terre cuite est supérieure à celle du grès et que la porosité du grès est supérieure à celle de la porcelaine ... mais cette porosité existe pour ces trois types de céramique du fait de la structure cristalline de l'ensemble et c'est elle, avec la surface irrégulière de la céramique, qui permet le culottage. Autre élément favorisant encore le culottage, l'infime dilatation de la céramique avec la chaleur ( cela ne concerne pas les céramiques dites " techniques " comme les céramiques réfractaires, mais ce n'est pas le sujet ici ) qui va " agrandir " les " espaces " entre les éléments.
En buvant du thé, vous faites de la chimie : L'infusion ( nécessairement chaude ) est en effet un processus d'extraction d'arômes et de principes actifs par dissolution liquide. Votre thé va donc être fait principalement d'eau mais également, en moindre quantité et là encore pour faire court, d'huiles, de composés chimiques divers et de sels minéraux.
La structure d'une théière de Yixing va donc être infiltrée par l'infusion et le séchage de la-dite théière va entrainer l'évaporation de l'eau, laissant huiles, sels minéraux, ..., comme suit :
Et ainsi de suite ... chaque infusion va déposer, petit à petit, sels minéraux, principes actifs qui vont s'oxyder au contact de l'oxygène ( ce qui explique la coloration noir / marron que va prendre n'importe quelle théière quel que soit le thé qui y est fait ) et huiles " essentielles " qui vont donner ce lustre, cet aspect brillant à la théière au fil des infusions.
Naturellement, l'infiltration au " cœur " de la théière va prendre du temps et le culottage d'une théière se fait principalement en surface, sur ses bords mêmes, car comme je l'ai dit plus haut, le corps d'une théière est loin d'être aussi lisse que le suggère le toucher ... sortez une loupe et vous verrez de multiples stries et irrégularités ... si, en plus, le potier à fait correctement son travail en affinant les parois internes de la théière, il y a laissé quantité de stries que l'on voit à l’œil nu et qui sont autant de points où sels minéraux, huiles, ..., vont pouvoir s'accrocher ...
Tout ceci pour parler de la dernière méthode de culottage que je connais, qui reproduit ce phénomène " naturel " de culottage de façon intéressante mais que j'appellerais la technique " huile de coude " car elle nécessite un peu plus de travail que les autres :
On met tout d'abord X grammes de thé ( je dirais la quantité de thé qu'il faut pour remplir votre théière ) au fond de la casserole et l'on chauffe ... pas besoin de faire bouillir, 70 à 80 ° Celsius suffisent ... on introduit la théière neuve à culotter sans autre forme de procès avec l'aide d'une pince en bois parce que même si l'eau n'est pas bouillante, il y a toujours moyen de se faire bien mal avec de l'eau à 80 ° ...
On laisse tremper quelques minutes à 70 ou 80 °, pas la peine d'attendre une heure et surtout on garde un feu doux sous la casserole pour garder l'eau chaude sans jamais produire le moindre bouillonnement. On retire ensuite à l'aide de pinces en bois :
A ce stade, pas la peine de rincer la théière ... on fait juste sécher le maximum possible .... s'il y a du soleil, c'est encore mieux, çà accélère le processus de séchage ...
Une fois que l'ensemble est sec, on recommence le processus : on replonge la théière, on la laisse imbiber, on la ressort, on la laisse à nouveau sécher ... et on recommence ... répéter le processus X fois, cette fois-ci en fonction de vos envies, de votre patience, de votre habileté à ne pas laisser choir votre théière parce que vous avez deux mains gauches ou que vous êtes maudit avec les objets fragiles ...
J'ai pu remarquer qu'en général la répétition de cette manœuvre 3 à 5 fois donne de bons résultats ... après, chacun fera comme il voudra ... si vous avez le temps et l'envie de répéter l'opération une dizaine de fois, cela ne fera pas de mal ...
Cette " technique " est à mon sens la meilleure de toutes celles citées ou de leur variantes car facile à mettre en œuvre, tout de même assez économe en thé et se rapprochant le plus d'une répétition du processus " naturel " de culottage ... en résumé, elle est la meilleure non pas parce qu'elle a le plus d'avantages, mais parce qu'elle a surtout le moins d'inconvénients.
En tout état de cause, beaucoup de bruit et de querelles de clochers pour un état plus que transitoire, le véritable culottage d'une théière, la patine qu'elle va prendre, se faisant au fil de infusions que l'on y réalise, et peut être plus encore au fil du souvenir de ces infusions ...
Naturellement, l'infiltration au " cœur " de la théière va prendre du temps et le culottage d'une théière se fait principalement en surface, sur ses bords mêmes, car comme je l'ai dit plus haut, le corps d'une théière est loin d'être aussi lisse que le suggère le toucher ... sortez une loupe et vous verrez de multiples stries et irrégularités ... si, en plus, le potier à fait correctement son travail en affinant les parois internes de la théière, il y a laissé quantité de stries que l'on voit à l’œil nu et qui sont autant de points où sels minéraux, huiles, ..., vont pouvoir s'accrocher ...
Tout ceci pour parler de la dernière méthode de culottage que je connais, qui reproduit ce phénomène " naturel " de culottage de façon intéressante mais que j'appellerais la technique " huile de coude " car elle nécessite un peu plus de travail que les autres :
On met tout d'abord X grammes de thé ( je dirais la quantité de thé qu'il faut pour remplir votre théière ) au fond de la casserole et l'on chauffe ... pas besoin de faire bouillir, 70 à 80 ° Celsius suffisent ... on introduit la théière neuve à culotter sans autre forme de procès avec l'aide d'une pince en bois parce que même si l'eau n'est pas bouillante, il y a toujours moyen de se faire bien mal avec de l'eau à 80 ° ...
On laisse tremper quelques minutes à 70 ou 80 °, pas la peine d'attendre une heure et surtout on garde un feu doux sous la casserole pour garder l'eau chaude sans jamais produire le moindre bouillonnement. On retire ensuite à l'aide de pinces en bois :
A ce stade, pas la peine de rincer la théière ... on fait juste sécher le maximum possible .... s'il y a du soleil, c'est encore mieux, çà accélère le processus de séchage ...
Une fois que l'ensemble est sec, on recommence le processus : on replonge la théière, on la laisse imbiber, on la ressort, on la laisse à nouveau sécher ... et on recommence ... répéter le processus X fois, cette fois-ci en fonction de vos envies, de votre patience, de votre habileté à ne pas laisser choir votre théière parce que vous avez deux mains gauches ou que vous êtes maudit avec les objets fragiles ...
J'ai pu remarquer qu'en général la répétition de cette manœuvre 3 à 5 fois donne de bons résultats ... après, chacun fera comme il voudra ... si vous avez le temps et l'envie de répéter l'opération une dizaine de fois, cela ne fera pas de mal ...
Cette " technique " est à mon sens la meilleure de toutes celles citées ou de leur variantes car facile à mettre en œuvre, tout de même assez économe en thé et se rapprochant le plus d'une répétition du processus " naturel " de culottage ... en résumé, elle est la meilleure non pas parce qu'elle a le plus d'avantages, mais parce qu'elle a surtout le moins d'inconvénients.
En tout état de cause, beaucoup de bruit et de querelles de clochers pour un état plus que transitoire, le véritable culottage d'une théière, la patine qu'elle va prendre, se faisant au fil de infusions que l'on y réalise, et peut être plus encore au fil du souvenir de ces infusions ...
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