Le choix d'un instrument pour le thé peut se faire pour de multiples raisons. Il peut y avoir la recherche esthétique, celle d'une forme particulière ou encore, et c'est celle qui va être abordée ici, celle d'un effet particulier sur le thé. Pour ce point particulier il faut, à mon sens, prendre avant tout en considération la porosité de la matière utilisée, qui sera d'une grande influence.
On vante parfois la supériorité de la porcelaine sur les autres types de terre ... De fait, c'est une pratique fort ancienne, qui semble remonter aux débuts de la commercialisation de la porcelaine elle-même, pour une raison à priori fort simple : ses qualités esthétiques et sa capacité à accrocher la lumière, mais aussi sa relative nouveauté lors de son introduction en Europe et enfin, sa supériorité technique par rapport aux autres types de céramique.
La porcelaine présente, en effet, la caractéristique d'être la moins poreuse des céramiques, raison pour laquelle elle permet de réaliser des instruments pour le thé qui n'en modifieront pas le goût ... du moins en théorie ...
... car l'affirmation doit être quelque peu nuancée. Tout d'abord, la porcelaine non frittée, également parfois appelée biscuit, et qui n'est donc pas recouverte d'une couche cristalline translucide semblable au verre est poreuse et s'il elle est en plus insuffisamment cuite, elle est tout aussi poreuse que n'importe quelle céramique. Cet aspect est assez facile à constater, les parties non frittées d'une porcelaine se teintant facilement au contact du thé.
De la même manière, les porcelaines avec un décor sur couverte, risquent également de se révéler faiblement poreuses, du fait des caractéristiques héritées de leur processus de production ( en particulier les multiples traces de manufacturation ), les émaux sur couverte étant cuit à des températures moins élevées.
Ainsi, des porcelaines récentes issues d'un processus de fabrication maîtrisé devraient se révéler moins poreuses que d'anciennes pièces, d'où la relative absence de besoin absolument nécessaire de posséder des pièces de porcelaine ancienne ... du moins sur un strict plan technique ... Quoi qu'il en soit, ces pièces seront toujours plus poreuses que le verre et, toujours en restant sur le plan strictement technique, celui qui recherche avant toute chose l'absence complète de modification des arômes du thé par son contenant devra en faire sa priorité. Les instruments en verre possèdent en outre la particularité d'être relativement moins onéreux que leurs homologues de céramique, ce qui ne pourra que ravir le néophyte peu équipé qui commence son cheminement sur la voie du thé ...
En fonction des porosités et des effets possibles, on obtiendrait donc le classement suivant, du moins poreux au plus poreux ( et donc de l'ustensile le plus neutre dans le rendu de la liqueur à l'ustensile le moins neutre dans ce même rendu ) : verre, porcelaine récente, porcelaine ancienne, grès avec couverte, grès sans couverte, terre cuite ... La terre cuite présentant peu d'intérêt du fait de ses faibles capacités en matière de perméabilité, elle n'est plus utilisée pour fabriquer des récipients destiné à autre chose qu'à contenir des plantes ... et encore, pour l'extérieur seulement ... reste à aborder le cas du grès, ou plutôt des grès, car il y a là quelques variantes qui méritent d'être prises en considération.
Le grès est la famille de céramique qui est peut être la plus large ... quelques centaines de degrés Celsius seulement séparent ces trois pièces mais cet écart va jouer un rôle important. Car entre un grès cuit aux environs de 750° Celsius et un grès cuit à 1250° Celsius, on peut constater quelques différences de porosité qui seront donc susceptibles de jouer sur le rendu d'une liqueur. Une cuisson en Raku donnera un résultat très poreux, et un grès cuit dans la zone de température basse sera plus poreux qu'un grès cuit dans la zone de température haute. Ainsi, les grès du style de Bizen ou de Karatsu seront moins poreux que d'autres, tels ceux de Hagi, qui le seront à leur tour moins ( du fait de leur couverte ) que les grès à moindre température de cuisson. Les couvertes jouent, en effet, ici, un rôle important, qui ne se limite pas seulement à un aspect esthétique ou décoratif. Si l'on a cherché à appliquer des glaçures sur les céramiques, c'est également car ces glaçures renforcent l'imperméabilité immédiate des pièces ainsi réalisées.
Au final, plus la température de cuisson sera élevée, plus la vitrification, suivant la terre utilisée, sera complète et moins le résultat final sera poreux et le rendu dans la tasse proche du thé seul ... et à ce jeu, les instruments de verre et, dans une moindre mesure, ceux de porcelaine, sont imbattables.
Mais porosité n'est pas non plus synonyme de qualité inférieure. L'utilisation d'instruments poreux entraine simplement d'autres résultats dans la tasse que ceux engendrés par les produits vitrifiés, il suffit d'en avoir conscience et de faire des choix en conséquence ... pourquoi des choix ? Parce que si les types de terre vont jouer un rôle, c'est l'art du potier qui va jouer le plus grand rôle et il y aurait presque un effet par théière ...
Car suivant l'architecture de cette dernière, le résultat va être différent. Le contact de la liqueur avec la terre étant relativement bref, les interactions sont donc limitées ... pour renforcer celles-ci, l'habileté du potier entre en jeu ... c'est ce qui explique que certaines théières soient plus ou moins fines, aient ou non des couvercles aux bords surdimensionnés ou encore soient munies de fines striures en leur cœur qui ne sont pas seulement le résultat d'un éventuel affinage des parois, mais aussi un moyen de maximiser les surfaces de contact entre la liqueur et la terre ... et conduit également à de grands débats autour du culottage ...
Quoi qu'il en soit, que l'on préfère la "fidélité" de la vitrification ou l'"alchimie" de la terre, le choix est aussi vaste que le nombre de chemins sur la voie du thé, chacun doit suivre le sien, en suivant ses envies ...
On vante parfois la supériorité de la porcelaine sur les autres types de terre ... De fait, c'est une pratique fort ancienne, qui semble remonter aux débuts de la commercialisation de la porcelaine elle-même, pour une raison à priori fort simple : ses qualités esthétiques et sa capacité à accrocher la lumière, mais aussi sa relative nouveauté lors de son introduction en Europe et enfin, sa supériorité technique par rapport aux autres types de céramique.
La porcelaine présente, en effet, la caractéristique d'être la moins poreuse des céramiques, raison pour laquelle elle permet de réaliser des instruments pour le thé qui n'en modifieront pas le goût ... du moins en théorie ...
... car l'affirmation doit être quelque peu nuancée. Tout d'abord, la porcelaine non frittée, également parfois appelée biscuit, et qui n'est donc pas recouverte d'une couche cristalline translucide semblable au verre est poreuse et s'il elle est en plus insuffisamment cuite, elle est tout aussi poreuse que n'importe quelle céramique. Cet aspect est assez facile à constater, les parties non frittées d'une porcelaine se teintant facilement au contact du thé.
De la même manière, les porcelaines avec un décor sur couverte, risquent également de se révéler faiblement poreuses, du fait des caractéristiques héritées de leur processus de production ( en particulier les multiples traces de manufacturation ), les émaux sur couverte étant cuit à des températures moins élevées.
Ainsi, des porcelaines récentes issues d'un processus de fabrication maîtrisé devraient se révéler moins poreuses que d'anciennes pièces, d'où la relative absence de besoin absolument nécessaire de posséder des pièces de porcelaine ancienne ... du moins sur un strict plan technique ... Quoi qu'il en soit, ces pièces seront toujours plus poreuses que le verre et, toujours en restant sur le plan strictement technique, celui qui recherche avant toute chose l'absence complète de modification des arômes du thé par son contenant devra en faire sa priorité. Les instruments en verre possèdent en outre la particularité d'être relativement moins onéreux que leurs homologues de céramique, ce qui ne pourra que ravir le néophyte peu équipé qui commence son cheminement sur la voie du thé ...
En fonction des porosités et des effets possibles, on obtiendrait donc le classement suivant, du moins poreux au plus poreux ( et donc de l'ustensile le plus neutre dans le rendu de la liqueur à l'ustensile le moins neutre dans ce même rendu ) : verre, porcelaine récente, porcelaine ancienne, grès avec couverte, grès sans couverte, terre cuite ... La terre cuite présentant peu d'intérêt du fait de ses faibles capacités en matière de perméabilité, elle n'est plus utilisée pour fabriquer des récipients destiné à autre chose qu'à contenir des plantes ... et encore, pour l'extérieur seulement ... reste à aborder le cas du grès, ou plutôt des grès, car il y a là quelques variantes qui méritent d'être prises en considération.
Le grès est la famille de céramique qui est peut être la plus large ... quelques centaines de degrés Celsius seulement séparent ces trois pièces mais cet écart va jouer un rôle important. Car entre un grès cuit aux environs de 750° Celsius et un grès cuit à 1250° Celsius, on peut constater quelques différences de porosité qui seront donc susceptibles de jouer sur le rendu d'une liqueur. Une cuisson en Raku donnera un résultat très poreux, et un grès cuit dans la zone de température basse sera plus poreux qu'un grès cuit dans la zone de température haute. Ainsi, les grès du style de Bizen ou de Karatsu seront moins poreux que d'autres, tels ceux de Hagi, qui le seront à leur tour moins ( du fait de leur couverte ) que les grès à moindre température de cuisson. Les couvertes jouent, en effet, ici, un rôle important, qui ne se limite pas seulement à un aspect esthétique ou décoratif. Si l'on a cherché à appliquer des glaçures sur les céramiques, c'est également car ces glaçures renforcent l'imperméabilité immédiate des pièces ainsi réalisées.
Au final, plus la température de cuisson sera élevée, plus la vitrification, suivant la terre utilisée, sera complète et moins le résultat final sera poreux et le rendu dans la tasse proche du thé seul ... et à ce jeu, les instruments de verre et, dans une moindre mesure, ceux de porcelaine, sont imbattables.
Mais porosité n'est pas non plus synonyme de qualité inférieure. L'utilisation d'instruments poreux entraine simplement d'autres résultats dans la tasse que ceux engendrés par les produits vitrifiés, il suffit d'en avoir conscience et de faire des choix en conséquence ... pourquoi des choix ? Parce que si les types de terre vont jouer un rôle, c'est l'art du potier qui va jouer le plus grand rôle et il y aurait presque un effet par théière ...
Car suivant l'architecture de cette dernière, le résultat va être différent. Le contact de la liqueur avec la terre étant relativement bref, les interactions sont donc limitées ... pour renforcer celles-ci, l'habileté du potier entre en jeu ... c'est ce qui explique que certaines théières soient plus ou moins fines, aient ou non des couvercles aux bords surdimensionnés ou encore soient munies de fines striures en leur cœur qui ne sont pas seulement le résultat d'un éventuel affinage des parois, mais aussi un moyen de maximiser les surfaces de contact entre la liqueur et la terre ... et conduit également à de grands débats autour du culottage ...
Quoi qu'il en soit, que l'on préfère la "fidélité" de la vitrification ou l'"alchimie" de la terre, le choix est aussi vaste que le nombre de chemins sur la voie du thé, chacun doit suivre le sien, en suivant ses envies ...