Les séductions du palais : cuisiner et manger en Chine

J'avais parlé il y a bien longtemps d'une exposition en cours au Musée du Quai Branly, qui se tient jusqu'au 30 septembre de cette année. Il reste donc peu de temps aux personnes qui n'ont pas encore visité cette exposition pour le faire.

Elle a de plus le mérite de présenter quelques pièces d'exception, notamment cette figure d'immortel, Li Tieguai, qui ne bois pas de thé celui-là ( du moins seulement de façon accessoire ) ... au passage, on remarquera les cinq chauves-souris sur la jarre derrière lui ...

Les objets présentés sont de toute beauté, avec un parcours commençant en douceur par les ustensiles les plus anciens, en terre cuite d'abord, objets d'utilisation courante, puis les objets en bronze, même si l'utilisation de ces derniers était peut être plus limitée aux rituels religieux par ailleurs. Au passage, on peut cependant noter une certaine permanence des formes malgré le temps.

Naturellement, le thé est abordé, avec une belle brique estampée représentant une femme attisant le feu du grill sur lequel chauffe une verseuse, métallique selon toute vraisemblance.

Naturellement, de nombreuses pièces céramiques sont exposées, avec une majorité de porcelaines, mais également quelques grès, laissant voir notamment un superbe exemple de la célèbre couverte dites à " fourrure de lièvre ".

 

 

Pour finir, Je ne saurais donc que trop vous conseiller de vous rendre à cette exposition avant son terme, très proche désormais !

Cui Ya " Bourgeons d'Emeraude " Bio " L'Essence du Thé "

Ce thé vert Cui Ya " Bourgeons d'Emeraude " Bio, originaire de l'Anhui, est commercialisé à L'Essence du Thé au prix de 13,50 € les 100 grammes. Il semble d'emblée formé, en majorité, de feuilles roulées sur elles mêmes telles de fines aiguilles, mais avec, dans le même temps, la présence claire de feuilles qui semblent non travaillées.

La liqueur est d'un joli jaune tirant sur le pâle, bien translucide. Au nez, c'est une impression de verdure, feuilles d'arbres et herbes, qui vient immédiatement, complétée par une petite touche sucrée.

En bouche, on retrouve cette même verdure, plus accentuée sur les feuilles vertes que sur l'herbe cependant. Ce caractère ne me semble pourtant pas très marqué, en comparaison avec d'autres thés verts originaires de Chine, ce qui lui confère une certaine légèreté. Enfin, on ressent en plus une très légère impression d'amertume se transformant assez vite en pointe d'acidité, tout aussi diffuse. Le tout donne enfin l'impression d'un caractère assez peu marqué.

L'infusion est composée essentiellement de feuilles petites et moyennes, relativement entières, mais également de morceaux de feuilles et de morceaux de brindilles. On rencontre également quelques bourgeons avec une ou deux feuilles sur une longue tige et quelques - extrêmement - rares bourgeons seuls, qui me font dire que le terme " Bourgeons d’Émeraude " pour qualifier commercialement ce thé biologique est peut être un peu usurpé.

Quoi qu'il en soit, nous avons là un thé peu onéreux,  qui pourrait faire un bon thé de consommation courante s'il ne donnait pas l'impression d'avoir un caractère peu marqué, mais qui en fait tout de même un bon thé de moyenne gamme et lui confère un bon rapport qualité prix.

Yin Zhen Junshan "Aiguilles d'Argent" Soie de Dong Ding "L'Essence du Thé"

Oui, je sais, voici un thé avec un titre à rallonge ! Ce thé jaune, Yin Zhen Junshan " Aiguilles d'Argent " Soie de Dong Ding, est mis en vente au comptoir L'Essence du Thé à Colmar ( qui vend aussi en ligne ) au prix de 37,50 € les 100 grammes.

Sec, il dégage une odeur assez fruitée et relativement riche, très agréable. La liqueur, elle, est bien translucide, d'un jaune pâle très estompé.

Au nez, viennent des notes sucrées, vraiment très très légèrement fleuries, lui donnant un aspect assez inexpressif.

En bouche, une pointe de verdure d'une extrême légèreté cède la place presque immédiatement à une saveur tout aussi légère de pain frais.

L'infusion est constituée uniquement de bourgeons, de toutes tailles et de toute grosseur, mais d'une belle unité de couleur.

Nous avons là un thé de très bonne facture, aux saveurs assez complexes, mais qui manque malheureusement trop de corps et avec un caractère très peu marqué, comme d'autres thés, blancs, eux, de cette saison. Ce manque de caractère n'en fait donc pas un thé d'exception qui illustre bien les qualités de la famille des thés jaunes le plan du rapport qualité / prix s'en ressent forcément.

Himalayan Shangrila Pointes d'Argent " Le Thé des Muses "

L'Himalayan Shangrila Pointes d'Argent, vendu au comptoir strasbourgeois " Le Thé des Muses ", est un thé blanc originaire du Népal. Il est mis en vente au prix de 22,50 € les 100 grammes.

Enroulé et entortillé sur lui-même, ce thé sent bon les petites fleurs et les herbes des prés séchées.

La liqueur est d'un beau jaune blond doré, semblable en tout point à la couleur des raisins blancs une fois séchés.

Au nez, les petites fleurs des champs reviennent en arrière plan, laissant l'avant-scène aux raisins blancs secs, caractéristiques des thés blancs. En bouche, ce sont à la fois les raisins blancs frais et les raisins blancs secs qui coexistent, en une palette relativement étendue. Enfin, a aucun moment on ne trouve amertume ou acidité.

Il y a bien quelques brisures, mais l'infusion se compose essentiellement de bourgeons et de bourgeons avec une première feuille. Les bourgeons sont de taille variable, certains étant très grand alors que d'autres sont minuscules.

D'une façon générale, la cueillette a été réalisée assez finement et on a là un excellent thé blanc, d'excellente qualité. Ce thé blanc népalais tient donc la comparaison avec d'autres thés blancs chinois d'excellente facture, constitués eux aussi uniquement de bourgeons ou presque. A priori, le rapport qualité / prix de ce thé népalais est donc tout aussi bon, étant commercialisé à une dizaine d'euro de moins, au bas mot, que les thés blancs chinois de qualité comparable et étant pourvu d'une bonne longueur en bouche et étant relativement fin dans les arômes qu'il dégage.

Brique Simao " Shuang Xiong " 2002

Cette petite brique de thé de 100 grammes est vendue au comptoir Thé des Muses à Strasbourg au prix de 22,80 €. Elle est vendue comme étant " millésimée " de 2002, mais le côté de la boite en carton indique plus ou moins clairement 2005 ... donc, s'agit-il d'une erreur, avec un thé datant effectivement de 2005 ou d'un thé récolté en 2002 et compressé plus tard, en 2005, les dates indiquées sur les emballages étant généralement des indications de manufacturation et donc pas forcément une indication sûre de " millésime ".

La brique de thé est emballée dans du papier craft banal, et recouverte de sinogrammes sur deux de ses faces ( on reconnaitra aisément le caractère "Cha", c'est-à-dire thé ... mais si, cherchez bien ... ). Au déballage, je me suis tout de suite fait la réflexion suivante : c'est un bloc de pierre ... une première impression qui ne fait pas vraiment disparaitre ma grande circonspection face à ce genre de carrés ou de forme de compression ...

Pas de doute en effet, c'est une compression mécanique bien forte, car si de prime abord, on se dit que cela devrait aller, il est extrêmement difficile d'insérer le pic à Pu Erh dedans ... et même si des blocs se détachent par plaque, le nombre de résidus de poussière de thé est tout de même beaucoup plus important qu'avec une bonne galette ... voilà donc un thé dur comme de la brique, le nom de sa forme n'étant pas usurpé ...

La liqueur est d'un orange assez sombre, relativement trouble qui plus est. Au nez, c'est assez inexpressif, tirant légèrement vers le fruité.

En bouche, c'est un goût de Pu Erh typique, avec une sensation orangée dominante tirant extrêmement légèrement sur le cuir, mais tout semble un peu éteint, comme s'il n'y avait rien de réellement présent, comme si tout était en demi-teinte ... par contre, une chose est bien présente : l'astringence, encore beaucoup trop présente pour un thé qui aurait 10 ans ... ce thé serait il donc finalement bien de 2005 et non de 2002 ?

L'examen de l'infusion recèle bien des réponses. L'ensemble est en effet essentiellement composé de morceaux de feuille plus ou moins petits et de brindilles. Ceci explique la forte astringence, la turbidité de la liqueur et son aspect fortement orangé.

Je pensais tout d'abord que la forte compression et les difficultés pour séparer des plaques de thé de la brique expliquaient cet amoncellement de petits morceaux, mais le fait de retrouver une grande feuille bien intacte me fait plutôt penser que ce thé est bien composée, à l'origine, de morceaux épars.

Je dirais donc que ce thé est assez cher pour la faible qualité proposée, et même s'il n'est pas mauvais, seul un très long vieillissement pourrait peut être faire perdre à ce thé sa forte astringence ... la question étant cela en vaudrait il la peine, car quoi qu'il en soit, on peut dire que ce thé ne casse pas des briques ...