DemysTEAfication

1 mars 2015

A la vie, à la mort. Objets et rites de protection dans la Chine ancienne

Bixia Yuanjun, divinité protectrice lors des accouchements

Jusqu'au 15 mars, le petit Musée d'Histoire de la Médecine de l'Université Paris Descartes présente une exposition intitulée " A la vie, à la mort. Objets et rites de protection dans la Chine ancienne ". Il reste donc peu de temps pour admirer les quelques œuvres présentées dans le cadre de cette exposition, le musée n'étant ouvert que les lundi, mardi, mercredi et samedi après-midi, de 14 H à 17 H 30 , le dernier accès au musée étant possible jusqu'à 17 H.

 
Cette exposition est avant tout possible grâce aux prêts de collectionneurs privés et les différentes formes réunies ici forment un agréable panorama. Outre quelques divers bronzes et Mingqi, serviteurs destinés à accompagner le défunt dans l'au-delà, on peut surtout admirer de multiples exemples de la statuaire Taoïste.

Yao Wang ou Yaowang, dieu de la médecine

Les beaux exemples de statuaire taoïste présentés ici rappellent les pratiques chamanistes. Chaque statue était ainsi consacrée et renfermait ainsi au moins un Yizhi ou document de consécration, scellé dans une cavité dans le dos de la statue.

27 février 2015

Corée Mania - Roman d'un voyageur au Musée National de Céramique à Sèvres

Musée National de Céramique à Sèvres

Depuis le 21 janvier, et jusqu'au 20 juillet de cette année, se tient au Musée National de Céramique à Sèvres une exposition mettant en avant les œuvres coréennes conservées dans ce musée ainsi que de nombreux prêts d'autres institutions, dont le musée Guimet et le Musée Saint-Loup de Troyes. 

Musée National de Céramique à Sèvres

L'originalité de cette exposition, somme toute assez courte, mais très riche, repose sur le fait qu'elle retrace la découverte de la céramique coréenne par les européens au XIXème siècle au travers du parcours de Victor Collin de Plancy, premier ambassadeur de France en Corée, véritable fondateur du socle des collections de céramiques coréennes du Musée de Sèvres et du Musée Guimet.

Musée National de Céramique à Sèvres

On pourrait ainsi inscrire cette exposition, certes beaucoup plus modeste, dans la droite ligne de l'exposition consacrée au Cambodge et au rôle de Louis Delaporte qui s'était tenue au Musée Guimet. En effet, elle participe du même mouvement d’appréciation à sa juste hauteur des actions de quelques précurseurs sans qui les collections nationales ne seraient pas aussi étoffées.

Exposition Corée mania roman d'un voyageur

Le tour de l'exposition sera donc assez rapidement fait, malgré une organisation relativement dynamique, avec des documents projetés et des documents sonores venant compléter les cartels décrivant les objets. N'oublions pas non plus le rôle important joué par la céramique coréenne sur celle du Japon mais aussi sur celle de Chine.

Mais cette exposition permet avant tout de pouvoir admirer des objets habituellement rangés dans les réserves et qui sont exposés pour la première fois ; elle est aussi l'occasion de se pencher un peu plus sur la céramique coréenne, dont les formes ont perduré au cours de la longue époque Choson (1392-1910) dans le "royaume ermite", autre nom désignant le pays du Matin calme à cause de son repli sur lui-même et de son ouverture tardive au monde, relativement forcée comme d'autres alors.

céramique coréenne ancienne
Jarre au dragon, Corée, XVIIIe siècle. Une des pièce maitresse léguée au Musée de Sèvres par Victor Collin de Plancy. Photographie © Sèvres – Cité de la céramique / RMN (Martine Beck-Coppola)

23 février 2015

Tea culture of Japan

book tea culture of japan at Yale university art gallery

L'ouvrage Tea culture of Japan, dirigé par Sadako Ohki est le catalogue de l'exposition Tea culture of Japan : Chanoyu past and Present qui s'est tenue à la Yale University Art Gallery du 20 janvier au 26 avril de l'année 2009 et qui était centrée sur la collection de Peggy et Richard M. Danziger.

Chashaku
De gauche à droite, Chashaku par Sen no Rikyu ( 1522 - 1591 ), Daisin Gito ( 1656 - 1730 ) et Seta Kamon ( † 1595 ). Photographie © Christopher Gardner/ The Digital Media Department at the Yale University Art Gallery

Sommaire détaillé de l'ouvrage :

Avant-propos du Directeur de la Yale University Art Gallery

Remerciements

Un voyage à travers le Chanoyu passé et présent
               La pratique du Chanoyu dans le Japon médiéval : De l'extravagance au dénuement
               Le Wabi inspiré par Rikyu
               Le thé du XXIème siècle : Continuité et innovation
 
Brisons les frontières : Une histoire du Chanoyu
               Le Thé à la cour de l'Empereur Saga
               Le Thé cérémonial ( Sarei ) dans les temples bouddhistes
               Basara : Une esthétique de l'ostentation
               La connaissance du Thé et de l'Art dans le Shoin : L'appréciation des objets chinois
               Le thé de Shuko Soan : Les débuts du Wabi dans le Thé
               Koraimono : Introduction des céramiques coréennes
               Wamono : Les céramiques japonaises dans le Thé
               Mettre en ordre un monde à l'envers
               Le Thé du Daimyo à la période Edo
               Hon'ami Koetsu
               Sen Sotan et le système Iemoto
               Rencontre avec l'Ouest

Catalogue de l'exposition

Carte des importants sites du thé

Glossaire

Disposition des instruments du Chanoyu

Bibliographie

Crédits photographiques

kintsugi
Bols coréens du XVIème siècle avec kintsugi. Photographie © Christopher Gardner/ The Digital Media Department at the Yale University Art Gallery

Le principal intérêt de cet ouvrage, outre l'historique du Chanoyu qu'il propose et la présentation de la large collection d'objets du thé de Peggy et Richard M. Danziger, est d'illustrer le fait que, contrairement à l'imaginaire occidental qui voit la cérémonie du thé comme une tradition figée dans des codes surannés, celle-ci n'a cessé, dès son origine même, de se métamorphoser. Plus encore, le Chanoyu, arrivé à maturité au XVIème siècle, ne cesse d'attirer, bien que le cœur de son esthétique soit japonaise, des pratiquants du monde entier.

Chaire Shira Tsuyu Cha-ire
Boite intérieure pour les trois shifuku accompagnant le chaire / cha-ire "Shira Tsuyu". Photographie © Christopher Gardner/ The Digital Media Department at the Yale University Art Gallery

Le Chanoyu ne s'est ainsi pas développé isolément au départ et il continue de se développer à travers un processus qui sait créer de la modernité en intégrant et en respectant les caractéristiques issues du passé. L'ouvrage rappelle que les premiers instruments, en particulier les bols, utilisés au Japon pour le thé sont d'origine chinoise, que ceux-ci sont rapidement supplantés par de objets d’origine coréenne avant que ne se mette en place des fours tournés vers la production de céramiques destinées au thé au Japon même.

Mino Yaki Seto
Série de petits plats pour le Kaiseki - Mukozuke, vers 1600, céramique de Mino, grès, type Seto jaune. Photographie © Christopher Gardner/ The Digital Media Department at the Yale University Art Gallery

Le Chanoyu ne saurait ainsi être réduit au simple terme de cérémonie du thé tant il recouvre une culture du thé qui ne se limite pas au thé même, mais qui touche des aspects aussi divers que l'architecture, la peinture ou encore la scénographie des paysages. Dans tous ses aspects, le Chanoyu contemporain assimile des éléments non seulement japonais mais surtout issus du monde entier car c'est un flux permanent qui évolue et croît en permanence.

Chashitsu Tetsu
Fujimori Terunobu ( 1946 - ... ), Chashitsu nommée "Tetsu" peu avant la fin de sa construction en 2005, Kiyoharu Shirakaba Museum, Hokuto City, Préfecture de Yamanashi. Photographie © Terunobu Fujimori / Yale University Art Gallery

Ce mouvement de création a ainsi engendré des formes tout à fait surprenantes et inédites, comme les Chashitsu " perchés " de Fujimori Terunobu, où l'invité ne passe plus par une porte l'obligeant à s'incliner en signe d'humilité, mais monte une échelle pour passer par un trappe qui le fait donc surgir dans le Chashitsu par son point le plus bas.

Ce même mouvement a également modernisé le service en passant de la position accroupie à la position assise et à l'utilisation de chaises. Cette adaptation, contrairement à ce que l'on pourrait croire, n'est pas une adaptation créée pour rendre le Chanoyu plus attrayant pour les occidentaux, mais remonte à 1872 pendant l'ère Meiji, innovation due à Sen Soshitsu, mais ce service " debout " ( au sens de " au-dessus du tatami " ), connu sous le nom de Ryureishiki, pourrait être beaucoup plus ancien, ce dernier terme apparaissant dans l'ouvrage Matsuya kaiki en 1586.

Chanoyu contemporain
Sen So-oku, XVème maître de l'école Mushanokoji Senke, "Ten'yujoku" ( Table pour l'interprétation dans le ciel ). Photographie © Hideya Amemiya / Yale University Art Gallery

19 février 2015

過年好 - guonian hao - Bon passage de l'année !

estampe japonaise noir et blanc

Nous entrons aujourd'hui dans l'ère de la chèvre de bois et comme toujours, voici un petit billet pour célébrer le nouvel an lunaire. J'en profite donc pour souhaiter une nouvelle année lunaire faste aux lecteurs qui viennent s'égarer ici et leur souhaite donc plein de bon thés pour ces jours à venir ...

ukyo-e thé tea woodblock print

Comme toujours, l'autre propos de ce post est de disposer quelques illustrations sympathiques, notamment quelques estampes ayant trait au thé et à la Lune, parce que nouvel an lunaire oblige et que c'est un astre propice à la contemplation, au contraire du soleil ...

bronze japonais ancien bronze japonais ancien

J'espère aussi pouvoir mettre fin à la publication des nombreux brouillons qui dorment inachevés ou presque dans les limbes des brouillons accumulés de ce blog sur le thé, vœu presque pieu tant il y en a, il suffit d'aller là pour s'en rendre compte !

sculpture japonaise sur bois

16 février 2015

Gyokuro Hikari " Palais des Thés "

thé du japon

Ce Gyokuro Hikari " Perle de rosée " est commercialisé au Palais des Thés au prix de 57 € les 100 grammes est originaire de la région d'Uji. Le Palais des Thés revend visiblement la production déjà conditionnée d'une maison japonaise ... ne figure sous la boite qu'une étiquette indiquant la date d'utilisation optimale, mais qui ne permet pas d'en savoir plus, ce qui est tout premièrement dommage et qui est ensuite surtout illégal en France, puisque les produits importés déjà conditionnés font l'objet de règles strictes d'étiquetage que le Palais des Thés semble se faire un devoir de ne pas respecter ou de ne pas faire respecter à ce jour ...

thé du japon

Le site du Palais des thés déclare que " les bourgeons les plus tendres ont été sélectionnés à la main, ce qui est très rare au Japon, et roulés très finement un par un ", mais à bien regarder de près la forme sèche de ce thé, on peut en douter, tout comme le montre les quelques fines poussières de thé qui subsistent dans la coupelle en porcelaine ...

hohin et plateau en laque

La liqueur est assez jaune et très troublée. Elle est assez épaisse en bouche, avec un umami prononcé qui donne l'impression de boire du beurre. L'ensemble est assez complexe, ces premières impressions étant accompagnées de notes herbeuses fraîches avec une touche d'iode mais sans aller jusqu'aux algues, le tout accompagné de notes fruitées dans les agrumes . En longueur en bouche ce sont les agrumes qui percent avec une petite pointe finale d'amertume.

yuzamashi bizen yaki

L'infusion est relativement hachée et ne semble pas se distinguer des autres gyokuro. Il y a visiblement des feuilles moyennes et grandes et pas uniquement des bourgeons ... quand au processus de roulage " un par un " ce n'est visiblement pas le cas vu les nombre de débris et l'irrégularité de l'infusion.

thé du japon

Il en ressort que nous avons là un gyokuro de bonne facture, assez complexe dans la palette des saveurs qu'il propose, mais de facture somme toute assez courante pour un prix qui est, au final, trop onéreux par rapport au strict point de vue de la qualité. On trouvera donc mieux ailleurs pour le même prix ou pour pas beaucoup plus cher.