La publication en 2013 chez Berg International du Dialogue du thé et du vin ( Cha Jiu Lun ) dans le cadre de la collection "La petite collection" surfe comme d'autres ouvrages sur la mode du thé ... moyen comme un autre de vendre du papier ...
L'ouvrage se compose d'un avant-propos de Tseng Yu Hui, d'un autre de Gil Delannoi et du texte attribué à Wang Fu. Le texte de Wang Fu occupe 13 pages sur les 40 que compte l'ouvrage ... Il s'agit d'un conte "philosophique" typique, non pas tant sur la modestie comme on pourrait le supposer au premier abord, mais qui éclaire plutôt, dans la tradition légiste teintée de confucianisme, les pratiques du bon gouvernement : les lois ne sauraient fonctionner efficacement sans le souverain, comme ici, thé et vin ne sont rien sans l'eau qui sert à les préparer, et si chacun agit dans cette harmonie, tout ira pour le mieux dans la société ...
Pour le reste, Tseng Yu Hui de la Maison des Trois Thés résume en 3 pages son installation à Paris tandis que Gil Delannoi fait un essai de 10 pages sur les parallèles actuels entre le vin et le thé. A noter toutefois que l'on se gardera bien de lire ces deux avants-propos avant le texte du dialogue lui-même, sous peine de perdre une grande partie de la fraicheur du-dit texte.
Une dernière page fait un trop rapide point sur le texte et ses sources. C'est là un léger regret, car il aurait été intéressant d'avoir ici au moins un court historique du fonds Pelliot dont ce texte est issu, mais surtout car il n'aurait pas été superflu de garder un peu de papier pour parler de l'auteur auquel ce texte est attribué : Le Wang Fu (78-163) auteur du Qian fu lun, Le Wang Fu (actif vers 300) compilateur présumé du Huahujing de Lao Tseu ou le Wang Pu (922–982) auteur du Tang Huiyao et du Wudai Huiyao ? Les indications floues de l'ouvrage me faisant, sans certitudes, pencher pour ce dernier ...
Au final on saluera surtout le travail de Yu Shuo, principal artisan de cet ouvrage, ou du moins de la traduction, qui est censée être le vrai cœur de l'ouvrage après tout, celle-ci semblant être seulement de lui, malgré ce qui peut être indiqué dans ce livre ...
Une page du manuscrit du Cha Jiu Lun référencé sous la cote Pelliot Chinois 2718 et conservé à la Bibliothèque Nationale de France. Version intégrale disponible sur le site Gallica. Photographie © Gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France |
2 commentaires:
Pourquoi écrivez vous que Yu Shuo est le principal artisan de cet ouvrage ?
Gil Delannoi écrit "La traduction française doit beaucoup à l'aide linguistique et aux encouragements du professeur Yu Shuo, de Tseng Jiang Yuan et de François Delaroière. Elle doit plus encore à Yu Hui Tseng et son expertise sur le texte ancien et l'histoire du thé" ...
Alors, Delaroière est un journaliste culinaire et ne semble maîtriser aucune langue chinoise, pas plus que Gil Delannoi ... reste donc Yu Shuo, Jiang Yuan et Yu Hui Tseng ... Jiang Yuan est un inconnu, Yu Shuo est professeur de linguistique et Yu Hui Tseng vend du thé ...
Comme être d'origine chinoise ou taïwanaise ne fait pas automatiquement de vous un expert en langues anciennes ( comme être français ne fait pas de vous un expert en français médiéval - ceux qui veulent s'en convaincre essaieront de lire le texte original de la Chanson de Roland par exemple, je leur souhaite bon courage - ), ne reste donc plus que Yu Shuo ...
Ensuite, Gil Delannoi étant un professeur de niveau universitaire, il est assez aisé de trouver des bibliographies de ses œuvres ... et là surprise : dans un ouvrage autour du vin et du thé ( édité à Pékin pour commémorer le cinquantenaire des relations diplomatiques franco-chinoises ) et qui reprend le texte de ce livre, le nom de Yu Hui Tseng disparait totalement ... étrange, pour un personnage soi-disant si connu dans le monde du thé et qui aurait apporté une si grande contribution à l'ouvrage français, qu'on le fasse disparaitre ... car seuls restent nommés Yu Shuo et Gil Delannoi
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