Dans l'imaginaire collectif occidental, par un effet d'association, la sobriété ou le dépouillement, se voient étroitement imbriqués à la notion de dénuement, au sens d'absence de possessions, héritage en ligne droite d'un certain pan de la morale chrétienne. Par une simple analogie, la même notion de dénuement a été plaquée sur la sobriété japonaise ...
Cela vient de la mauvaise compréhension de ce que cette sobriété représente dans l'espace architectural japonais et plus particulièrement dans l'organisation des espaces intérieurs dans le Japon traditionnel.
Décoration d'une pièce à vivre dans une maison japonaise traditionnelle, in Edward S. Morse, Japanese homes and their surroundings |
En effet, dans ces espaces, on trouve peu d'objets exposés à la vue. Cela tient au fait que le peu d'objets présentés dans une pièce de réception ( en règle générale, une peinture montée en Kakemono, un objet ancien posé sur un socle et une composition florale ) sont mis en scène de telle manière à ce qu'ils dialoguent en harmonie, mais aussi à ce que rien ne vienne en parasiter la contemplation.
Mais cette sobriété de la mise en scène, cet ascétisme visuel, ne signifient nullement absence de possession ... En effet, l'autre caractéristique de cet aménagement intérieur, souvent oubliée car ne coïncidant pas avec l'aune de nos habitudes en matière d'architecture intérieure ou de mode décorative, est la perpétuelle adaptation des rares éléments décoratifs aux saisons, au temps, aux évènements, à l'invité, voire à l'humeur du propriétaire, ...
Or, cette perpétuelle adaptation, impliquant la possession de suffisamment d'éléments pour y répondre, marque la spatialité extérieure japonaise au même titre que la sobriété marque la spatialité intérieure japonaise. On trouve ainsi, tout à côté de la maison japonaise traditionnelle, le Kura ou Dozo, c'est-à-dire l'entrepôt ou la réserve, bâtiment de taille variable, construit de manière à résister aux animaux nuisibles, à l'humidité, aux incendies et aux voleurs, enduit d'une épaisse couche de terre et de plâtre, laissant le moins de bois apparent. Ce lieu, espace de stockage de la famille, sert à stocker les réserves de nourriture, mais sert aussi à mettre à l'abri toutes les possessions qui ne trouvent pas leur place dans les espaces intérieurs.
Quel lien avec le thé ... Eh bien le thé ne saurait se limiter à une simple boisson ... et le thé procède de la même esthétique, une harmonie, un espace ou peu d'objets se rencontrent et dialoguent, mais où le choix possible dans les ustensiles est important car, dès lors, l'adaptation se fait également, en fonction du thé, mais aussi des saisons, du temps, des évènements, de l'invité, voire de l'humeur du propriétaire, ...
Le thé et son moment ne sont ainsi ni relégués à un second plan, ni oubliés, mais magnifiés par l'attention qui est portée aux ustensiles qui les servent ... ce n'est ainsi pas un hasard si les plus grandes collections d'objets du thé ont été constituées par les écoles enseignant le Chanoyu ...
Or, cette perpétuelle adaptation, impliquant la possession de suffisamment d'éléments pour y répondre, marque la spatialité extérieure japonaise au même titre que la sobriété marque la spatialité intérieure japonaise. On trouve ainsi, tout à côté de la maison japonaise traditionnelle, le Kura ou Dozo, c'est-à-dire l'entrepôt ou la réserve, bâtiment de taille variable, construit de manière à résister aux animaux nuisibles, à l'humidité, aux incendies et aux voleurs, enduit d'une épaisse couche de terre et de plâtre, laissant le moins de bois apparent. Ce lieu, espace de stockage de la famille, sert à stocker les réserves de nourriture, mais sert aussi à mettre à l'abri toutes les possessions qui ne trouvent pas leur place dans les espaces intérieurs.
Maquette-plan d'une rue du vieux Hagi visible au Musée de Hagi. Sur cette photographie, chaque croix indique un Kura. |
Quel lien avec le thé ... Eh bien le thé ne saurait se limiter à une simple boisson ... et le thé procède de la même esthétique, une harmonie, un espace ou peu d'objets se rencontrent et dialoguent, mais où le choix possible dans les ustensiles est important car, dès lors, l'adaptation se fait également, en fonction du thé, mais aussi des saisons, du temps, des évènements, de l'invité, voire de l'humeur du propriétaire, ...
Le thé et son moment ne sont ainsi ni relégués à un second plan, ni oubliés, mais magnifiés par l'attention qui est portée aux ustensiles qui les servent ... ce n'est ainsi pas un hasard si les plus grandes collections d'objets du thé ont été constituées par les écoles enseignant le Chanoyu ...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire