DemysTEAfication

28 décembre 2014

Tie Guan Yin " Palais des Thés "

thés et céramiques

Vendu au prix de 6,50 € au Palais des Thés, ce thé n'est clairement pas cher pour un Wulong ... c'est même clairement très abordable, voire donné ... mais c'est bien là son seul mérite ... On voit clairement qu'il s'agit d'une oxydation légère à 15 - 20 % bien que le site du Palais des Thés annonce une " fermentation intermédiaire " à " 40 % " ...

La liqueur est d'un jaune orangé assez beau mais un peu trouble. Au nez, ce sont des fleurs un peu sucrées qui viennent, mais assez faibles.

gaiwan ou zhong en porcelaine de chine

En bouche, c'est assez inexpressif avec une fine astringence légèrement fleurie, couverte de suite par un reste de fumée de charbon de bois, signe d'un séchage mal maîtrisé ou d'une torréfaction ratée ... et cela ressent d'ailleurs, avec une longueur en bouche de bord de boulevard périphérique ou, au choix, d'autoroute ... et il  faut attendre un long moment dans cette longueur en bouche avant de retrouver une faible parfum à nouveau légèrement fleuri.

céramique et thé

thé et céramique

L'infusion présente des feuilles d'assez bonne qualité, parfois un peu "crénelées" mais relativement bien entières malgré la présence de quelques demi-feuilles. La cueillette semble de plus avoir été assez bien réalisée, les feuilles ayant presque toutes une taille similaire. Mais il y a tout de même un problème avec la présence d'une fine poussière noirâtre au fond du pichet ou sur le couvercle du gaiwan ...

gaiwan ou zhong

On a là un thé d'assez bonne facture mais qui ne tient pas la route, avec un goût de charbon de bois trop prononcé qui vient submerger des arômes déjà trop faibles malgré une longueur en bouche surprenante au vu de ce qui précède. Ici, c'est donc clairement le processus de fabrication qui semble avoir ruiné ce thé et son rapport qualité / prix qui est à mettre finalement aux oubliettes ...

26 décembre 2014

Le Rat - La Souris

thé et céramique

Animaux avant tout considérés comme nuisible dans la culture occidentale et, de fait, craint pour ses déprédations dans toutes les cultures, la souris / le rat n'en ont pas moins un autre visage dans la culture asiatique, où le rat ( ou la souris, l'écureuil ou le toupaye, car ils sont tous les quatre assimilés et considérés comme faisant partie du même groupe ) n'est pas seulement qu'un des signe astrologique du zodiaque chinois.

kyo yaki céramique de kyoto

En effet, le symbole de la souris ou du rat est avant tout un vœu de nombreuse descendance, ces rongeurs se reproduisant rapidement et en quantité. Ils peuvent également être un signe d'abondance et sont donc parfois associés à Daikokuten qui porte un maillet en bois porte-bonheur ( qui représente la richesse obtenue par l'effort ) et des sacs de riz symbole de richesse et d'abondance, ou sont parfois associés au seul au maillet en bois de Daikokuten, dans une sorte de raccourci de ce que représente un des sept Dieu du Bonheur.

Par extension de ces précédentes significations, deux souris / deux rats représentés côte-à-côte prennent une autre signification, celle de l'harmonie conjugale et sont dès lors un vœu de "double bonheur".

porcelaine japonaise d'arita

24 décembre 2014

Collections ...

boites à encens en céramique

Les Kogo et les Futaoki sont certainement les objets les plus anodins, les moins connus et les moins remarqués de la panoplie du Chanoyu ... après tout, ils sont largement cachés aux yeux des invités sous le couvercle du Kama ou sous l'Hishaku, quand ils ne sont pas tout simplement escamotés avant même l'arrivée des invités.

A la différence des Chawan, ils ne jouent donc pas un rôle central mais sont pourtant l'objet d'attentions toutes particulières de la part de ceux qui les ont conçus. Kogo et Futaoki sont en effet un excellent support pour la créativité des potiers japonais, tant sur le plan de la forme et de la recherche esthétique que sur le plan technique avec l'immense gamme de couvertes qu'il est possible d'utiliser.

kogo en raku yaki
Kogo Raku Yaki en forme de coq, symbole de bonheur
kogo en mino yaki
Kogo Mino Yaki en forme de Mizusashi

Qu'il représente un symbole auspicieux comme le coq ou un objet usuel du Chanoyu comme un Mizusashi en passant par des formes plus abstraites, le kogo est l'occasion, pour le potier japonais, d'exprimer son interprétation d'un élément de culture, comme avec l'exemple du lapin / lièvre, qu'il soit relativement stylisé, très réaliste comme celui de Konishi Toko en Bizen Yaki, copie réinterprétée d'une forme ancienne représentant le Lapin dans la Lune ou encore d'une totale fantaisie comme le lapin-gâteau Mochi ci-dessous ...

le lapin dans la lune
De gauche à droite, lapins en : Hagi Yaki, Shigaraki Yaki, Raku Yaki, Kyo Yaki, Hagi Yaki et Bizen Yaki

Les Futaoki relèvent plus ou moins de la même logique, même si la plupart sont tous plus ou moins dérivés d'une même base, celle d'un tronçon de bambou, que certains reprennent même plus ou moins littéralement.  

thé et céramique

Ainsi, si certains Futaoki se "limitent" à reproduire en céramique la forme du bambou de manière, là encore, plus ou moins stylisée, on retrouvera également des formes d'objets courants comme les bobines pour filer, les grelots ou les éventails.

real tea addict
Une forme simple du Futaoki : le tronçon de bambou

On trouve aussi des formes spécifiques développées pour le Chanoyu comme les Futaoki en forme de crabes, en forme de Gotoku ( trépied pour poser une bouilloire sur le feu ), en forme de coquillage, en forme de ronde composée de trois enfants ou encore en forme de personnage penché au-dessus de la margelle d'un puits.

bizen yaki toho kimura pelote à filer japonaise
bizen yaki toho kimura bizen yaki toho kimura

Avec ces deux types d'objets, se rejoignent deux extrêmes : la plus totale simplicité d'une part, car les Kogo les plus simples sont formés d'un coquillage ou d'une pierre et les Futaoki les plus simples sont formés d'un morceau de bambou ou d'un poids à filet en céramique ... et la plus extravagante complication d'autre part, car pour les Kogo et les Futaoki, les seules limites à ce que peut réaliser un potier sont son habileté technique et son imagination ... ainsi, certains potiers poussent même le réalisme à faire des grelots capables de sonner réellement, à l'instar des vrais ...

22 décembre 2014

Exposition Hokusai au Grand Palais - deuxième volet

affiche hokusai grand palais

Depuis le 1er décembre et jusqu'au 18 janvier 2015, se tient le deuxième volet de l'exposition Hokusai au Grand Palais.

peinture format éventail
Katsushika Hokusai (1760 - 1849), Cou coupé - Namakubi zu. Vers la fin de l'ère Bunka (1804-1818). Format éventail (shihon). Photographie © RMN / Collection particulière, Japon.

Une bonne moitié des œuvres a donc été remplacée mais seules quelques œuvres majeures montrent une légère différence entre les deux volets. Donc, à moins d'être particulièrement intéressé par les variations dans l’œuvre de Hokusai ou à moins de ne pas encore avoir vu l'exposition, on pourra se dispenser de faire cette nouvelle visite.

estampe format surimono
Katsushika Hokusai (1760 - 1849), Vendeur de boissons fraîches  - Hiyamizu uri. Ère Kansai, ans V et VI (vers 1793-1794). Format surimono. Photographie © Katsushika Hokusai Museum of Art de Tsuwano.
 
Les admirateurs de l’œuvre de Hokusai ne seront cependant pas déçus, le deuxième volet étant à la hauteur du premier. Cette deuxième partie de l'exposition est également toujours une occasion rare de pouvoir découvrir, en un seul endroit, une telle palette d’œuvres de l'artiste.

série cent contes de fantomes lampe japonaise en papier
Katsushika Hokusai (1760 - 1849), Spectre d'Oiwa-san. Série Cent contes de fantômes - Hyaku Monotogari Oiwa-san.Ère Tempo, vers l'an II ou III (vers 1831-1832), estampe nishiki-e, format chuban. Photographie © Katsushika Hokusai Museum of Art de Tsuwano.

Naturellement, on retrouvera le point culminant pour le grand public qu'est l'estampe " Dans le creux d'une vague au large de Kanagawa ", qui attire toujours autant de monde, et peut être aurait-il fallu la placer ailleurs pour faciliter la circulation ainsi que l'observation d'autres œuvres tout aussi intéressantes de la même série des " Trente-six vues du mont Fuji ", comme " Vent du sud, ciel clair " ...

la grande vague hokusai
Katsushika Hokusai (1760 - 1849), Dans le creux d'une vague au large de Kanagawa. Série Trente-six vues du mont Fuji - Fugaku sanjurokkei Kanagawa oki namiura. Début de l'ère Tempo (vers 1830-1834), estampe nishiki-e, format oban. Photographie © Musées royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles
le fuji rouge hokusai
Katsushika Hokusai (1760 - 1849), Vent du sud, ciel clair. Série Trente-six vues du mont Fuji - Fugaku sanjurokkei Gaifu kaisei. Début de l'ère Tempo (vers 1830-1834), estampe nishiki-e, format oban. Photographie © The British Museum de Londres / RMN - Grand palais / The Trustees of the British Museum.

19 décembre 2014

Jamais deux sans trois ?

portail traditionnel japonais
 
Les années passent et voici que ce blog sur le thé atteint son troisième anniversaire, qui l'eut cru ? Car si un certain nombre de blogs se sont créés dans cet intervalle, un bon nombre de blogs ont également disparu ou ont été abandonnés dans ce même intervalle ... Une apparition notoire tout de même et un certain rayon de lumière dans la petite sphère théinée francophone, celle du Forum des Amateurs de Thé ...

Embleme des tokugawa

263 billets, 615 commentaires et un peu plus de 122700 pages vues ...cela aussi, qui l'eut cru ? Car voilà des chiffres assez étonnants pour un thème dont il ne faut pas perdre de vue qu'il reste relativement confidentiel, sujet dans le sujet ... du moins en occident ...

lanterne de temple japonais
 
N'oublions pas que l'immense majorité du thé consommé dans la zone occidentale reste en effet de la poussière de thé ensachée et des substrats aux additifs plus ou moins chimiques que sont les arômes, invention plus que lucrative de l'industrie agro-alimentaire dans le dernier tiers du 20ème siècle, qui permet de donner un goût de truffe au foin ... maladie un peu honteuse tout de même que l'on cache derrière l'escroquerie des " arômes visuels " et derrière le mur de fumée que constitue la multiplicité de mentions que sont les termes "naturels", "de synthèse" ou "artificiels" ...

Todai-ji Nara

Cependant, ce qui est ici une sorte "d’élitisme", dans le sens de "pratiqué par un petite minorité", à savoir la consommation de thé dit "nature" allant souvent de pair avec l'admiration/acquisition compulsive et incurable d'instruments liés à cette addiction, connait une étrange inversion dans la sphère asiatique où le thé aromatisé reste encore à ce jour - bien que cela semble changer à grand pas - une pratique marginale ... tout est donc bien relatif au final ... et peut être aussi un peu rassérénant ...

clou japonais en bronze

Néanmoins, les voyages en Asie, pour peu que l'on prenne un peu la peine de fureter, sont un moyen certain de se ruiner encore plus rapidement que par le passage dans les boutiques virtuelles tant les ustensiles pour le thé y sont abondants. L'avenir est cependant relativement difficile à prédire et la relative désaffection pour le thé ainsi que pour certains éléments d'une éducation traditionnelle risquent de poser des problèmes à tous les secteurs liés à cette véritable culture et art de vivre à part entière qu'est le thé non trituré.

portail de temple japonais

Ne reste plus donc qu'à espérer que l'on puisse longtemps encore profiter de notre passion, ouverture sur un ailleurs débarrassé de bon nombre des contingences contemporaines ...

alignement de lanternes japonaises en pierre