DemysTEAfication

31 janvier 2012

Deishi Shibuya : Du Chawan au Guinomi

Voici une petite incursion dans le monde de Deishi Shibuya et du style Hagi. Tout d'abord, un peu de vocabulaire, valable pour tous les styles de céramique japonaise, par ailleurs :

Chawan : bol à thé
Yunomi : tasse à thé
Guinomi : coupe à sake

Tout cela, du plus grand au plus petit ...

hagi yaki

On remarque tout de suite comme un air de famille, le plus petit étant la copie presque conforme du plus grand. De fait, le soin apporté aux différentes pièces semble le même et l'on retrouve les mêmes techniques d'exécution :

Hagi Yaki

Pour ceux qui voudraient se lancer dans la collection de céramiques, l'acquisition de guinomi est un peu moins coûteux, permet de voir de près les multiples déclinaisons engendrées par un style ou un artiste ...

Hagi Yaki

... et de tenir un chawan miniature entre ses mains. Toutes les glaçures sont réutilisées, même les plus fragiles, comme celle qu'arbore le guinomi au centre de la photo ci-dessus et qui est le résultat d'une réaction chimique en oxydation entre la glaçure et l'argile sur laquelle elle est appliquée. Enfin, si d'aventure on n'apprécie pas le sake, les guinomi sont de taille idéale pour le gong fu cha et remplaçent avec bénéfice les coupes de porcelaine.

29 janvier 2012

Galette Pu Erh " Terre de Chine " 2011

thé en galette

Ce billet est un peu la suite du précédent, puisqu'il concerne un autre millésime de la même série ( Lin Cang "théiers de 50 à 80 ans" ), celui de 2011. La galette pèse 200 grammes et elle est mise en vente au prix de 28 €. La compression a aussi été réalisée mécaniquement ici, mais semble un peu plus forte, car les feuilles se détachent avec un peu plus de peine et l'attaque du pic se fait plus difficilement.

pu erh terre de chine

pu erh terre de chine

pu erh terre de chine

La galette sent le cuir et la fumée. Pour la liqueur, c'est d'abord la fumée de feu de bois qui se dégage, puis le jambon fumé. Après un rinçage, la liqueur de la première infusion et de celles qui suivront est extrêmement pâle.

thé infusé

En bouche, le jambon fumé ressort, ainsi que l'orange amère, du fait d'une astringence assez forte. Tout cela s'estompe peu à peu pour laisser la place au raisin blanc frais, note qui reste relativement longtemps sur le palais.

Les feuilles sont en majorité assez petites, avec quelques bourgeons et quelques feuilles encore roulées sur elles-mêmes. Il y a aussi quelques tiges assez fines et de grandes feuilles cassées. La cueillette semble avoir été faite de façon aussi diverse, du fait de la présence d'un côté de bourgeons seuls et de l'autre de trois feuilles ensembles sur la même tige ( peut être un signe de mélange ? ).

infusion de thé

pu erh infusé

Si je préfère le millésime 2008 à celui-ci, le 2011 a peut être plus de potentiel de vieillissement car ses arômes sont très francs avec une bonne longueur en bouche. La diminution de l'astringence devrait normalement les accentuer, mais elle est pour le moment trop fortement présente.

28 janvier 2012

Galette Pu Erh " Terre de Chine " 2008


galette de pu erh

Voici un bref aperçu d'une des galettes d'un "lot" acheté récemment. Comme d'autres comptoirs, Terre de Chine fait donc presser ses propres galettes. La présente galette est originaire de Lin Cang et récoltée sur des "théiers âgés de 50 à 80 ans" et est mise en vente au prix de 36 €. La compression n'a pas l'air d'avoir été trop forte, bien qu'elle a été réalisée mécaniquement.

pu erh terre de chine

pu erh terre de chine

pu erh terre de chine

La galette pèse 200 grammes et les feuilles se détachent assez facilement. Au nez, on peut distinguer une odeur de cuir très présente et une légère odeur de tabac. Après un rinçage, la liqueur obtenue est d'une couleur jaune paille ( un peu claire peu être ? ), caractéristique des Pu Erh Sheng, du moins quand ils sont jeunes.

pu erh terre de chine

En bouche, on sent le cuir, la légère note de tabac ainsi qu'une légère astringence. On sent également une petite pointe de fumée d'aiguilles de sapin mis à brûler, un peu étrange ici, mais pas déplaisante pour autant. Viennent ensuite des notes florales et une touche de vanille, toutes deux assez légères. La vague de cuir s'atténue légèrement et l'astringence va elle en s'arrondissant. Si le cuir persiste tout du long, il laisse la place aux fleurs qui sont, elles, un peu plus soutenues qu'au départ, ou peut être moins masquées.

Le thé est constitué de feuilles de taille moyenne, entières ou parfois cassées en deux. On pourra également noter la présence de bourgeons de diverses taille. Enfin, s'il y a quelques brindilles, celles-ci sont relativement éparses et fines.

thé pu erh

thé en galette

En conclusion, une bonne longueur en bouche de fleurs qui disparaissent progressivement pour laisser la place aux raisins blanc, secs et sucrés.

Kyoyaki ou le style de Kyoto


kyoto

Le terme Kyoyaki est un terme général, qui désigne toutes les céramiques et les porcelaines produites à Kyoto, en particulier autour du temple de Kyomizu et dont le décor est constitué par une peinture en émail posée par-dessus la glaçure qui recouvre la pièce. Les céramiques de Kyoto qui ne contiennent pas de Kaolin ( qui donne la porcelaine ) sont des grès, donc cuits à haute température. Elles ne sont pas montées à la main, mais montées au tour, ce qui leur donne des formes parfaitement régulières. De plus, leurs bords sont assez fins.

navet sur ceramique

L'origine des céramiques dans le style de Kyoto remonte au milieu du 17ème siècle et est marqué à ses débuts par les oeuvres de Ninsei Nonomura ( 1574 à 1598 - 1660 à 1666 ) puis par celles de Kenzan Ogata ( 1663 - 1743 ). Il s'agit de deux maîtres, que l'on peux considérer comme les fondateurs du style Kyoyaki. Ce style connaitra encore un grand maître à l'ère Edo, avec les oeuvres de Aoki Mokubei ( 1767 - 1833 ). Ces trois potiers sont les trois grands maîtres du style.

bol à thé japonais

Le style de Kyoto est, dans son esprit, à l'opposé du wabi-sabi ( sobriété et beauté des choses imparfaites ). Il s'agit de pièces aux contours parfaits, extrêmement rafinées. Les décors à l'émail étant posés par-dessus une couverte de base, cela crée un léger effet de relief . On notera également que les techniques de décoration utilisées sont directement empruntées aux laqueurs. Il est d'ailleurs dit que Ninsei Nonomura aurait requis les services de laqueurs pour décorer les pièces qu'il avait tournées. On parle donc de Kirei-sabi ( beauté rafinée ) pour qualifier ces céramiques au décor parfois très chargé mais toujours soigneusement pensé et exécuté. Le Kyoyaki enfin, du fait de sa particularité qui réside dans son décor, n'est pas resté un style figé et a su englober des motifs contemporains, modernes ou encore humoristiques, mais toujours avec un parfait soin dans leur exécution.

chawan coq et poule

27 janvier 2012

Avec ou sans String ?

Cela fait joli, cela fait raffiné et ajoute une petite touche de "je ne sais quoi" à votre théière ... je parle bien sûr de ce petit morceau de ficelle tressée reliant le couvercle à l'anse de votre théière.

string ficelle

Au premier abord, il n'y a que des avantages : le couvercle ne risque pas de choir, on peut même appuyer le doigt sur la ficelle quand on verse pour ne pas se brûler, ..., bref, que des avantages ...

... sauf qu'une fois la théière vide et qu'il faut remettre de l'eau, le bouton est plus malaisé à saisir, la ficelle trop courte gêne la trajectoire de sortie du couvercle et oblige a tenir celui-ci plus longtemps que nécessaire. Cela n'est rien, me direz-vous, et en effet, cela pourrait paraître anodin si la théière ne servait pas à l'infusion de Pu Erh, avec une température d'infusion frôlant le point d'ébullition de cinq petits degrés ... et avec une théière qui conserve un bon moment à l'identique la chaleur emmagasinée, même une fois vide ...

... résultat : on se crâme le bout des doigts ... mais surtout, pas question de lâcher ... car la diabolique ficelle, entraînant un mouvement de rotation du couvercle, concourrait à fracasser celui-ci sur le corps du pot qu'il coiffe ... et il vaut donc mieux sacrifier un peu de son épiderme et résister tant bien que mal à l'envie irrépressible et instinctive de tout lâcher ...

... mais qu'à cela ne tienne, je coupe, pour ma part, cette tresse du diable ...