DemysTEAfication

11 avril 2012

Quelques oeuvres de Yamane Seigan

S'il est un personnage atypique à Hagi, c'est bien Yamane Seigan : d'abord karatéka, il monte son Dojo où il continue toujours à enseigner, puis se lance un jour dans la céramique et monte son propre four - atelier en un an ! Il tient dès lors l'atelier Kousaian, tout en continuant le karaté et la calligraphie.

Ao Hagi

Si les pièces bleues sont caractéristiques de ses productions, celles-ci ne se limitent cependant pas à ce seul aspect. Yamane Seigan explore en effet toutes les facettes du Hagi "traditionnel", s'appropriant les formes et les glaçures "historiques", tout en inventant de nouvelles formes, de nouvelles glaçures et d'autres moyens de les appliquer, semblant d'abord peindre un "motif" pour le laisser finalement dégouliner en surimpression d'un autre ou "essuyant" une partie de la couverte appliquée pour provoquer un retrait partiel de cette dernière, laissant apparaître l'argile cuite tout en la recouvrant quelque peu, presque imperceptiblement.

Yamane Seigan est par ailleurs extrêmement productif, et l'on trouve facilement ses oeuvres qui ne coûtent pas une fortune, du moins pour les pièces courantes. Il a aussi une petite production de luxe, moins courante et plus difficile d'accès.

Hagi bleu

Ensuite, comme toujours, le génie artistique interprète à l'infini les mêmes formes sans pour autant que celles-ci soient identiques ... c'est là aussi la caractéristique de l'oeuvre manuelle et du travail du vrai potier, comme le dit Michel : How can people understand what they are missing if in their lives they don't use handmade pottery ? Pour ma part, je pense qu'il ne comprendront jamais ...

... Alors plutôt qu'un Mug Starbucks en porcelaine ou plus vraisemblablement en faïence de fabrication totalement automatisée, adoptez en un réalisé par Yamane Seigan !

9 avril 2012

Quelques oeuvres de Shibuya Eiichi

Si la connaissance et l'appréciation des œuvres d'art se fait en partie grâce à l'étude et à l'accès au savoir théorique et aux outils d'analyse, c'est avant tout par le regard sur des œuvres que l’œil peut réellement se former.

Ainsi, si la connaissance des aspects techniques de leur fabrication est un élément de la compréhension des céramiques quelles qu'elles soient, il est donc malgré tout nécessaire d'observer le plus grand nombre d'œuvres céramiques pour se faire une idée de leur valeur esthétique et de leur valeur en tant que pièce unique. Je vous présente donc aujourd'hui trois pièces réalisées par Shibuya Eiichi, petit-fils de Shibuya Deishi.

Hagi

Il s'agit là de trois Yunomi, totalement différents cependant, comme vous pouvez aisément vous en rendre compte. Celui qui connaît les œuvres de Shibuya Deishi retrouvera sans conteste son influence dans les deux pièces à partir de la gauche, et plus encore dans la première pièce à partir de la gauche. Malgré tout, il y a de nettes différences avec les œuvres de Shibuya Deishi, une sorte de continuité dans l'évolution, comme je le soulignais déjà dans un article précédent.

D'un point de vue purement technique, Shibuya Eiichi semble utiliser une argile plus raffinée et un engobe plus dur que son grand-père, car le culottage et l'évolution que connaît les pièces de type Hagi-Yaki se fait plus lentement que pour celles de Shibuya Deishi. Cela est peut être aussi le résultat d'une cuisson un peu plus poussée en terme de température.

Enfin, si les deux Yunomi en partant de la gauche sont des pièces d'un type que l'on pourrait qualifier de "courant", il n'en est pas de même de la pièce située à droite : Un "Eiichi's Rock" ... littéralement, une "pierre" ou un "caillou" de Eiichi.

Hagi Yaki

Il s'agit d'une pièce cuite au feu de bois, d'où les coulures "dans" la couverte, qui proviennent de retombées "accidentelles" de cendres, qui se mélangent et se vitrifient avec l'engobe d'origine et qui lui confère cet aspect particulier ainsi que cette couleur légèrement différente. Les bords du Yunomi sont très irrégulier, tout comme le corps, semblant indiquer un montage entièrement réalisé sans tour. L'absence de couverte par endroits sur l'argile "vitrifiée" renforce encore cet aspect brut caractéristique de cette série de Yunomi, parmi les premiers réalisés par Shibuya Eiichi avant qu'il ne réalise aussi des pièces pour le thé plus "conventionnelles".

8 avril 2012

Le thé à Paris

comptoirs, boutiques, salons, rituels ...
Couverture de l'édition 2009
Les éditions Parigramme éditent depuis quelques années, dans leur collection "Paris est à nous", un petit ouvrage de Christine Barbaste qui, mine de rien, en est à sa troisième édition, la première datant de 1996. L'intérêt de ce genre de guide réside dans la compilation d'adresses connues et surtout inconnues, ce qui permet parfois de faire de belles découvertes.

paris est à nous
Couverture de l'édition de 1999

La dernière mouture date d'avril 2009 et naturellement les informations qui sont à l'intérieur peuvent ne plus correspondre tout à fait à la réalité. Mais l'ouvrage reste intéressant pour qui désire découvrir Paris sous l'angle des comptoirs et des salons de thé. Malgré tout, l'ensemble ne se limite pas à une compilation d'adresses commentées et ce livre peut aussi servir de base à une découverte rapide de ce qu'est le thé, une sorte de B.A.B.A. du thé en somme.

guide paris est à nous
Couverture de la première édition datant de 1996
Le sommaire de l'ouvrage donne une bonne idée du contenu et pourrait se résumer de la façon suivante, une fois tous les sous-titres et les grandes lignes rajoutés :

L'Hexagone à l'heure du thé
Le thé en France
Comment le goût du thé vint aux français

1. Des jardins aux comptoirs
( La fabrication du thé )
Origines et personnalités
Familles nombreuses : les thés chinois
les thés blancs
les thés jaunes
les thés verts
les oolongs ou thés bleu-vert
"Thés rouges"
Les thés "noirs"
( Thés chinois façonnés )
Sur la route des Indes
Les thés d'Assam
Les jardins de Darjeeling
Les thés du Sri Lanka
L'archipel du thé vert
Les autres origines
( Le "thé rouge" )
Des feuilles dans tous leurs états
Les feuilles
La désinence OP, GFOP, T, F, S
B
Petites brisures
P et S
( Thé en sachet )
Choisir son thé
Le taux de théine
Les tanins
Avant d'acheter du thé
Les détaillants de thé en vrac
Un diagnostic de vos goûts
Grand seigneur ou mélange ?
Les thés aromatisés
( Thé et agrumes )
( Sucre ? Citron ou lait ?
Comptoirs parisiens
Petits conseils et petits calculs
Acheter par petites quantités
Température de l'eau et temps d'infusion
Carte personnelle du thé
Les adresses
Classement par arrondissement

2. Objets du culte
( Histoire d'eaux )
Du bon usage des théières
Les théières en terre cuite
Les théières en porcelaine
Les théières en fonte
( théières "folles" )
Les théières en faïence émaillée
Les théières en verre
Les théières à enveloppe isotherme, métallique et amovible
Les théières métalliques
Les tasses à infuser
Les accessoires
Infuseurs
Boîtes à thé
Petits objets
Des styles et des boutiques
Soleil Levant
Adresses
Le temps des caravanes
Adresses
Thé dans un jardin anglais
Adresses
Méli-mélo
adresses

3. Tasses de thé parisiennes
Grands seigneurs, grands voyages
Quelques heures dans une maison de thé
Adresses
Un thé au Tibet
Adresses
La "voie du thé"
Adresses
Décors à la carte
Un thé dans une maison coloniale
Adresses
Au vrai chic parisien
Adresses
Charming tea
Adresses
Very british
Adresses
A l'ombre des passages
Adresses
Plus près du ciel
Adresses
Splendeurs orientales
Adresses

4. Se Passionner
Ateliers et conférences
Adresses
S'initier à la dégustation des thés chinois avec un maître de thé
Adresse
S'essayer à l'art du "gong fu cha" en autodidacte
Adresse
A visiter
Adresses
A lire, pour découvrir la grande et la petite histoire du thé
Références
Le thé en ligne
Adresses
Thé bio en VPC
Adresse

5. Teamania
Les gelées de thé, préparées à base d'infusions
Chocolats et confiseries
Adresses

Index

On l'aura compris, la plus grande part de l'ouvrage est une explication basique sur le thé et les divers ustensiles les plus courants liés au thé. Il donne cependant de multiples adresses dans une autre part, même si certaines se répètent dans plusieurs catégories. La partie sur les adresses internet, même si ce n'est pas le sujet de l'ouvrage, est largement superflue et ne donne que trois références depuis longtemps connues de tous et facilement accessibles par le biai de n'importe quel moteur de recherche. On pourra ensuite disserter sur les partis pris, comme le fait de considérer que l'initiation au gong fu cha seul ou avec un "maître de thé" ne peut se faire qu'à la Maison des Trois Thés ou s'il est encore juste d'accoler les termes "Musée du thé" à une description de Mariage Frères ... mais ce serait perdre un temps précieux, chacun ayant son propre avis sur ces questions ...

3 avril 2012

Un art particulier : Les Rochers de Lettrés

exposition musée guimet

Comme je l'écrivais dans un précédent billet, une exposition, intitulée "Rochers de Lettrés. Itinéraires de l'art en Chine", se tient jusqu'au 25 juin 2012 au Musée Guimet. L'exposition présente surtout quelques rochers de Lettrés, pièces étonnantes, mais aussi des racines spectaculaires, toutes enchâssées dans des socles en bois précieux finement ouvragés. A côté de ces pièces, on peut également admirer quelques meubles de l'époque Ming et divers petits objets, liés aux Lettrés, comme des pots à pinceaux, des poids à papier ou encore des pierres à encre, l'immense majorité provenant des collections du studio Xiaogushan guan.

pierre de rêve
Photographie © Musée Guimet / Studio Xiaogushan guan

Si l'alcool est évoqué à travers diverses peintures, le thé n'a malheureusement pas sa place dans cette exposition, qui conserve un grand intérêt malgré tout pour tout amoureux de la culture chinoise. Les liens entre les pièces anciennes et les créations modernes  de Liu Dan ainsi que celles de Zeng Xiaojun, sont aussi une composante majeure de cette exposition hors norme qui appelle à la contemplation, dont Catherine Delacour, Conservatrice en chef au musée des arts asiatiques Guimet, assure le commissariat. Catherine Delacour est également la directrice du catalogue ( dont la couverture sert d'illustration à cet article ) publié à l'occasion de cette exposition, et témoignage de l'immense travail accompli pour monter cette exposition qui "a le mérite de sortir de l'ordinaire", pour reprendre les mots du texte de présentation de la quatrième de couverture.

Pierre de rêve
Photographie © Musée Guimet / Studio Xiaogushan guan
Pour le "reste", l'ambiance était toute autre cette fois-ci dans ce grand bâtiment, et le plus grand musée asiatique d'Europe était égal à sa réputation. Toutes les lumières étaient cette fois-ci allumées, même si certaines autres remarques sont toujours valables, notamment sur les céramiques et l'espace dédié aux arts du Japon. Par ailleurs, l'exposition "Sho 1 - 41 maîtres calligraphes contemporains du Japon" ( se tenant du 14 mars au 14 mai 2012 ) a entraîné une modification de la muséographie habituelle du deuxième étage, ce qui semble donner un peu de dynamisme à ce dernier.

30 mars 2012

Les Marques de Shibuya Eiichi

Shibuya Eiichi est le petit-fils de Shibuya Deishi, qui tient l'atelier Odaibagama à Hagi, nom d'une ville côtière, mais aussi d'un style de céramique, le Hagi-Yaki.

Je le répète ici encore une fois, le Hagi est une couverte appliquée, c'est-à-dire qu'une fois l'objet créé à partir d'argile, puis mis à sécher, il est recouvert d'une glaçure ( ou engobe ) qui va lui donner sa couleur;

Si on trouve les oeuvres de Shibuya Deishi assez facilement sur internet, il n'en est pas de même de celles de son petit-fils, qui sont plus rares, au sens où il "débute" et où il commence à se faire un prénom. Quelques unes de ses œuvres ont été d'ailleurs remarquées, en particulier ses "Rocks", véritables yunomi-cailloux très originaux et réellement particuliers dans le monde de la céramique "utilitaire". C'est justement ce genre de produits qui me fait penser qu'un brillant chemin devrait s'ouvrir pour Shibuya Eiichi, car c'est une sorte de mariage entre une céramique ancestrale ainsi que traditionnelle par bien des aspects et une céramique résolument moderne dans ses formes.

On voit également par d'autres créations une réelle filiation avec l’œuvre de son grand-père qui lui transmet visiblement une multitude de secrets de fabrication qu'il semble assimiler tout en y apportant des modifications visibles si on prête une certaine attention à ses créations.

Après cette petite présentation, parlons de ses marques. Pour ce qui est de celles-ci, il semble qu'il y ait tout d'abord une marque que je qualifierai de "marque de jeunesse" et qui est en fait sa signature :

Hagi

Hagi yaki

On retrouve aussi cette signature, un peu plus facilement lisible sur les Tomobako, accompagnée par son cachet :

Hagi

Shibuya Eiichi

Ce cachet semble servir désormais de nouvelle manière de marquer ses pièces, à la manière dont le fait son grand-père Shibuya Deishi pour ses propres pièces :

Shibuya Eiichi

Cette marque semble d'ailleurs un peu imparfaite, difficilement lisible, comme si Shibuya Eiichi cherchait encore à obtenir quelque chose approchant plus parfaitement le cachet qui orne ses Tomobako.

29 mars 2012

Twitter

jardin japonais

Vivons "à la page" ( mais est-ce vraiment un progrès ? ) : vous pouvez désormais suivre ce blog sur Twitter ... je sais ( encore ), vous vous en moquez, moi aussi .. mais bon, c'est comme çà dans un monde interconnecté !

jardin japonais kyoto

Pour ma part, je dirai sur-connecté, car je sais pas si cette débauche de connections et d'informations est une réelle aide à la compréhension, alors que la formation autour du traitement de l'information et de la diversité de valeur des sources d'informations perd peu à peu de son importance ...

renard japonais

Enfin, voilà un prétexte de plus pour mettre quelques photographies en ligne ...

... quoi qu'il en soit, gare à la déconnexion !

rideau de bambous

28 mars 2012

Magokorodo

boutique de céramique japonaise

Comme je considère ce blog comme une zone d'échange d'idées et de bonnes adresses, je fais aujourd'hui un peu de publicité pour une "enseigne" que je considère comme sûre : Magokorodo.

Magokorodo.Co.Ltd est basé à Tottori et possède un site internet très intéressant bien que majoritairement en japonais : http://www.magokorodo.jp/ . On y trouvera, outre des articles parfois traduits en anglais sur la poterie, d'autres sujets en lien avec l'artisanat japonais. Depuis peu, Il y a aussi une page facebook liée : http://www.facebook.com/magokorodo , qui est très active et qui parle là aussi d'artisanat japonais lié à la céramique, mais aussi d'artisanat japonais en général. Vous trouverez par ailleurs de multiples illustrations de ses produits sur ces deux pages.

magokorodo

Pour ce qui est des achats, bien qu'ayant une boutique "trocadero" ( http://www.trocadero.com/magokorodo/ ), Magokorodo est surtout actif sur sa boutique Ebay : http://stores.ebay.fr/MAGOKORODO .

Je le répète donc, je considère pour ma part cette enseigne comme sûre, puisque j'y ai déjà réalisé de multiples achats et que tout s'y est toujours passé sans problème. Tout y a toujours été réglé avec une grande diligence et superbement emballé pour le périlleux transport par le service postal et tout est toujours arrivé sans casse, ce qui n'est pas un mince exploit.

boutique de céramique japonaise

26 mars 2012

Rochers de lettrés. Itinéraires de l'art en Chine


musée guimet

Voilà une exposition montée par le Musée Guimet qui devrait se révéler intéressante, du moins, j'en prends le pari. Car, en règle générale, toute bonne exposition sur les lettrés ne se cantonne pas seulement aux calligraphies, aux divers objets d'art ou aux objets liés à l'écriture, mais présente aussi diverses céramiques liées à certaines habitudes de consommation de leurs propriétaires dont les alcools mais aussi le thé.

Bien que semblant parfois à la dérive, le Musée Guimet présente fréquemment des expositions d'un intérêt majeur, et celle-ci, qui commencera le 28 mars 2012 et se terminera le 25 juin de la même année, ne devrait pas faire exception.

Catherine Delacour, conservateur en chef, section Chine du musée Guimet fait par ailleurs une description de cette exposition  à venir que je reprends ici :

" Cette exposition d’envergure internationale enrichie de prêts exceptionnels provenant de Chine et des Etats-Unis, a pour objectif de rendre accessible au public le goût des lettrés chinois pour les rochers en le confrontant à une trentaine de ces pierres pluri-millénaires choisies et chéries par des générations de lettrés.

Au total, une centaine d’objets seront exposés, car outre les pierres seront présentés d’autres objets, ceux qui accompagnent depuis toujours les activités des lettrés, peintres et calligraphes de par leur formation, bien sûr, mais aussi et surtout du fait de leur sensibilité personnelle : pots à pinceaux, pierres à encre, pose-pinceaux etc.

Les pierres qui portent en elles les forces telluriques de l’univers, ont reçu des noms poétiques comme « racines de nuages » ou encore, « os de la terre » On dit aussi qu’elles étaient des pans de la voûte céleste tombés sur notre sol.

Ainsi, s’il est clair que leur présence physique ne pourra pas ne pas provoquer d’émotion chez un public désormais sensibilisé à l’art abstrait, c’est également de l’arrière plan philosophique, poétique et mythique chinois dont elles sont les témoins que l’on entretiendra les visiteurs de cette exposition.

Ces dernières caractéristiques appartiennent précisément à ce qu’il est convenu d’appeler « l’esprit lettré ».

C’est donc également à la prise de conscience de ce phénomène propre à la Chine mais au fond, universel puisqu’il s’apparente à une quête d’absolu, que conviera une autre salle de l’exposition. Plus didactique, illustrant surtout par des œuvres graphiques la naissance et le développement de ce phénomène, cette salle offrira en conclusion l’évocation d’un studio de lettré.

La plupart des pierres, objets de lettrés et mobilier proviennent de la collection personnelle du lettré chinois contemporain Zeng Xiaojun (né en 1954), sans la générosité duquel cette exposition n’aurait pu avoir lieu et qui nous offre  en outre  le privilège de découvrir les étonnantes peintures et créations plastiques dont il est l’auteur.

Peintures de rochers et de paysages inspirés par les pierres ponctueront donc cet ensemble où les oeuvres classiques côtoieront des peintures contemporaines témoins de la permanence de l’esprit lettré dans la Grande Chine d’aujourd’hui. Et, de même que la première partie de l’exposition permet de rencontrer l’esprit et les créations de Zeng Xiaojun, la dernière, consacrée au peintre chinois contemporain Liu Dan (né en 1953) nous invite à la découverte des nombreuses facettes d’une oeuvre monumentale. "

Pou finir, je ne peux donc que vous encourager à vous rendre à cette exposition du Musée Guimet, et je posterai un billet sur celle-ci dès que je l'aurai vue de mes yeux.

24 mars 2012

Le Raku ou l'unique céramique du Chanoyu

carte du japon

"Ichi Raku, ni Hagi, san Karatsu" ... cette vieille maxime exprime la "hiérarchie" des styles de céramiques préférés pour le Chanoyu, la cérémonie du thé : en premier le Raku, puis le Hagi et enfin le Karatsu ... elle pourrait aussi signifier autre chose : le seul type de céramique utilisable pour le Chanoyu est le Raku.

Le Raku est un style venant de la ville de Kyoto, dans la préfecture de Kyoto et la région du Kansai sur l'île de Honshu.

Hors de toute considération esthétique, cette place du Raku peut aussi s'expliquer en grande partie pour des raisons historiques. En effet, il est dit que le style Raku Yaki est fondé vers 1580 par le potier Chojiro ( ? - 1590 ) sur la demande de Sen No Rikyu ( 1522 - 1591 ). Ce maître de thé a donc vécu la plus grande partie de sa vie sous les règnes des Shoguns Oda Nobunaga ( 1534 - 1582 ) et Toyotomi Hideyoshi ( 1536 - 1592 ), c'est-à-dire à l'époque Sengoku-Jidai, ce qui signifie "Ère des provinces en guerre". Le pays est alors très morcelé, et en proie à d'incessants combats, qui ne se limitent pas aux guerres entre seigneurs locaux pour la conquête du pouvoir, mais qui voit aussi la formation de "communes paysannes" indépendantes et l'affirmation du pouvoir militaire de différentes factions religieuses, chacune à la tête d'armées de moines-soldats. Bref, c'est une période de guerre intensive, où l'ennemi peut être partout, ce qui ne facilite pas les déplacements de personnes et de marchandises. Quant on sait que le Japon a longtemps été organisé en fiefs sous la domination de Daimyo et que chacun de ces seigneurs règnait en seul maître sur son domaine avec littérallement droit de vie et de mort sur chacun de ses sujet qui devaient obtenir une permission pour commercer et aussi pour voyager vers une autre province, il est aisé de comprendre que la période n'est pas vraiment propice pour le développement du commerce ...

Cette période se traduit enfin par la conquête réalisée par Oda Nobunaga puis par Toyotomi Hideyoshi et par l'affirmation de leur puissance sur une part majeure des îles du Japon, tout cela par le sabre.

période momoyama

Dès lors, alors que le commerce ne peut se faire que très localement, il est certain que ce sont les céramiques produites localement qui se verront plutôt nécessairement préférées. De plus, si le style du Raku-Yaki a effectivement été créé sur la demande de Sen No Rikyu, il est aussi compréhensible que ce dernier, maître de thé de Toyotomi Hideyoshi, ait mis ce style en avant dans le Chanoyu.

Cette introduction dans les sphères proches du pouvoir vaut par ailleurs à Jokei, fils de Chojiro, de recevoir de Toyotomi Hideyoshi son nom : Raku. Il se fonde ainsi une dynastie de potier, qui existe encore de nos jours et un musée leur est d'ailleurs même dédié à Kyoto.

Mais le Raku possède aussi d'autres avantages, notamment du point de vue de la production. Ainsi, la cuisson se fait dans de petits fours, à une température entre 750° Celsius et 1250° Celsius, ce qui signifie que la cuisson est moins onéreuse que pour les grands fours très consommateurs de combustible et que les pertes éventuelles sur une cuisson sont éventuellement plus limitées en cas de défaut de chauffe. La cuisson se fait ainsi dans des fours de petite taille ( Uchigama ) en comparaison des grands fours de flanc de colline, ou "fours grimpants", utilisés auparavant. Il s'en suit aussi une facilité à se rapprocher de la ville en comparaison des grands fours ( Ogama, Anagama, Renboshiki-Gama, Noborigama et Ja-Gama dits "fours dragons" ), consommateurs d'espace, produisant de hautes températures ( 1400° Celsius en moyenne ) et expulsant dans l'air de nombreuses cendres et composés très volatils.

Le montage se fait traditionnellement à la main ( Tebineri ) et sans tour de potier. Il existe aujourd'hui de multiple couleurs dans le style Raku, mais il y en a deux qui prédominent depuis le commencement : le Raku noir ( Kuro-Raku ) et le Raku rouge ( Aka-Raku ). Une autre couleur désormais plus fréquente est le blanc ( Shiro-Raku ) ainsi que diverses autres que l'on retrouve plus marginalement : le vert, le jaune et le brun.

Le Raku noir :

kintsugi

La couleur noire est produite de façon particulière. La glaçure serait historiquement faite à partir de poudre des pierres de la rivière Shimogawa qui coule à Kyoto. Mais c'est le traitement que subi la pièce qui lui donne sa couleur noire : après une cuisson individuelle ou en petites quantités à une température comprise entre 1000° Celsius et 1250° Celsius, le potier sort rapidement la pièce du four à l'aide de pinces pour la plonger dans de l'eau. La pièce subit ainsi un brutal refroidissement du fait de cette immersion qui la fait passer d'environ 1000° Celsius à une température ambiante et qui engendre cette couleur particulière.

Naturellement, le choc brutal de température entraine des pertes, la pièce se fendant en morceaux du fait de ce traitement. Cela explique aussi que les Raku noirs sont les plus chers et les plus prisés par les collectionneurs.

chawan

Le Raku rouge :

chawan

La couleur rouge est plus "simple" à obtenir. Une couche d'engobe est posée sur la pièce, suivie d'une cuisson à 850° Celsius, c'est-à-dire à basse température.

chawan

Certains Raku ne sont pas entièrement couverts de glaçure, comme on peut le voir sur les quatre images ci-dessus, mais on trouve aussi des chawan en Raku entièrement couverts de glaçure dans les fabrications plus anciennes.

raku

raku yaki

Le Raku est enfin apprécié du fait de ses propriétés pour garder la chaleur et les Raku sont en effet assez conducteurs. Cela doit être dû au fait que ce sont des céramiques à pâte tendre. Par contre, ce dernier point est également un point faible de ce type de céramique, car cette pâte tendre et cette cuisson basse fait que la glaçure adhère de façon moindre au corps que ne le fait la glaçure d'un grès. Il arrive ainsi que des parties de glaçure peuvent se détacher, parfois facilement, et que ce problème est courant sur les Chawan en Raku anciens. Ce problème touche cependant plus les Raku rouges que les Raku noirs, et ce phénomène se produit surtout sur les bords supérieurs du Chawan.

23 mars 2012

Hamasa Shoten " Kioko "

matcha kioko paris

Voilà le frère jumeau du précédent, la certification biologique en moins ! Il est mis en vente au prix de 11,40 € les 30 grammes, soit 38 € les 100 grammes.

Au nez, rien de particulier, le Matcha, sec ou humide ... là encore.

épicerie japonaise

En bouche, c'est strictement la même chose que le précédent de la même marque, ce qui me conforte dans l'impression que les différentes marques de Matcha font du "montage", c'est-à-dire qu'elles mélangent diverses provenances pour avoir un goût identique ou très proche sur l'ensemble ou sur un part de leur gamme, parfois d'années en années, et corrigent ainsi les aléas climatiques qui peuvent affecter les diverses récoltes.

La couleur de la liqueur est identique à celle de la version biologique, et je mets donc une photographie qui change un peu, où vous pouvez admirer une fine mousse, effet du battage.

cérémonie du thé

En conclusion, ce matcha est identique à celui de la même marque, le "Bio" en moins et à un prix plus abordable, ce qui en fait un excellent Matcha pour une consommation régulière.

22 mars 2012

Hamasa Shoten Bio " Kioko "

kioko paris

Tiens, c'est la première fois que je rédige un billet sur un thé Biologique. Bon, il s'agit d'un Matcha Bio, donc, distribué par Kioko au prix de 13,10 € pour 20 grammes, soit 65,50 € les 100 grammes.

Au nez, rien de spécial, sec, cela sent le Matcha ( évitez d'inspirer trop fort ), une fois battu, cela sent le Matcha humide ...

kioko paris

En bouche, le Matcha, toujours et encore ( je sais, c'est monotone ces billets sur le Matcha, mais il en est ainsi, avec ce thé à part ). Rien de spécial ne se détache, on se dit juste " c'est un Matcha". Tout y est : la petite pointe d'amertume, très légère, et la verdure du type algues, mais sans air de marée.

matcha chanoyu

Au final, le Bio se paie assez cher. La certification est japonaise et les contrôles ont étés faits au Japon. Je ne sais donc pas s'il elle est valable pour une vente en France sous le standard Biologique, très réglementé. Ce n'est pas un Matcha exceptionnel, mais il n'est pas mauvais non plus et je le qualifierai de bon "milieu de gamme".

18 mars 2012

Lu Yin Zen - Aiguilles vertes " Palais des Thés "

thé jaune

Voilà un moment que j'avais partiellement préparé la "revue" de ce thé, et je le mets enfin en ligne après bien des interrogations sur ce thé hors du commun, désormais épuisé ... "l'article" lui étant consacré ayant disparu du site du Palais des Thés, que celui-ci soit sa mémoire mais non son tombeau ...

Ce thé issu du Yunnan, récolte de 2010. Il était mis en vente au prix de 39 € les 100 grammes.

Sec, c'est surtout la verdure qui se détache, assez légère par ailleurs. Le thé est uniquement constitué de bourgeons, tous extrêmement fins, tels des aiguilles, non couverts de duvet. La liqueur est très claire, d'un jaune transparent, presque invisible.

Palais des Thés

Au nez, c'est surtout le côté vert qui ressort, toujours très léger. En bouche, la liqueur est très surprenante. En effet, le côté vert est dominant, avec un petit arrière plan très légèrement fruité, mais c'est une impression duveteuse qui envahi le palais. Cette impression n'est pas du tout dérangeante, bien au contraire, elle donne une douceur inouïe à l'ensemble, par ailleurs très complexe dans le dégradé continu de la même note de verdure, décomposée en multiples intensités, chacune avec un caractère légèrement différent.

L'infusion n'est pas en reste, et est visiblement d'une qualité supérieure, uniquement composée de bourgeons, tous de taille identique ou presque, ce qui signifie que le tri a été d'un soin extrême lui aussi lors de la manufacturation de ce thé.

thé jaune lu yin zen

bourgeons de thé jaune

Ce thé est donc un excellent cru à mon sens, et je le range de loin parmi mes thés préférés, preuve pour moi que l'on peut trouver des thés d'exception même dans les grands comptoirs, contrairement à ce que l'on peut parfois lire à droite et à gauche sur le net. Je m'interroge cependant sur sa classification par le Palais des Thés. En effet, lors de son inscription au catalogue de ce comptoir, il était inscrit dans la catégorie des thés verts peut être parce qu'il n'y a pas de catégorie "thés jaunes" dans ce même catalogue ... car il s'agit plus d'un thé jaune selon moi ; il en a toutes les caractéristiques de finesse et de complexité dans la stratification de la liqueur qui, de plus, est bien trop diaphane et claire pour correspondre à celle d'un thé vert, d'aussi bonne qualité soit-il, raisons pour lesquelles je le classe sans aucune hésitation sous la catégorie "thé jaune".

Sur le plan du rapport qualité prix, ce thé vaut largement son prix, tant il est fin, et l'on ne regrette à aucun moment son achat.

17 mars 2012

Les diverses formes de Chawan

types de chawan

Si le mot Chawan désigne le bol à thé, ce terme recouvre différentes formes. Les Chawan s'articulent ainsi autour de quatre formes de base. Ci-dessus, de gauche à droite, nous avons ainsi un Tsutsu-Chawan ( style Hagi, par Shibuya Deishi ), un Chawan de forme Ido ( style Hagi, par Yamane Seigan ), un Chawan de forme commune appelée Han Tsutsu-gata ( ici, dans le style Raku ) et un Natsu-chawan aussi appelé Hiragata-chawan ( ici dans la forme particulière appelée Badarai ).

chawan

Chaque type a ses caractéristiques qui répondent plus ou moins à un but précis :
  • Le Tsutsu-Chawan est une forme dite "d'hiver", car il est moins large et plus haut qu'un Chawan "normal", ce qui conserve en théorie la chaleur plus longtemps.
  • L'Ido-Chawan est plus petit à sa base et plus large à son bord, il va ainsi en s'élargissant, de façon ronde ( comme ici ) ou de manière plus droite. C'est donc un bol évasé, forme vraisemblablement originaire de Corée et "importée" par la suite au Japon.
  • Le Chawan Han Tsutsu-gata "commun" est la forme par excellence, celle qui est la plus répandue, aux parois relativement droites, assez bien proportionné dans l'ensemble, un peu plus large que haut, et au fond plus ou moins aussi large que le bord.
  • Le Natsu-chawan est un bol quasi plat, plus large que la normale et aux bords peu élevés, si bien que l'on caractérise souvent le Natsu-chawan de forme "d'été", le refroidissement du Matcha étant plus rapide en théorie.
Suivant le point du vue où l'on se place, il y a ainsi trois ou quatre formes "de base" pour les Chawan. Les Chawan de forme Tsutsu ou Natsu en font deux, la forme Ido et la forme Han Tsutsu-gata en forment deux autres ou une seule suivant le point de vue car la forme commune découlerait de la forme Ido, mais chacun se forgera sa propre opinion, car de la même manière, on pourrait alors aussi y rattacher la forme Tsutsu.

16 mars 2012

Maiko " Kioko "

kioko

Encore un matcha, qui inaugure une série que l'on trouve chez Kioko, épicerie japonaise située au 46 rue des Petits Champs à Paris. Celle-ci propose donc, entre autre, divers matcha et possède même un site de vente en ligne. A priori, c'est la marque Maiko Tea.

maiko matcha

Celui-ci est mis en vente au prix de 16 euros les 40 grammes ( soit 40 € les 100 grammes ), ce qui n'est pas excessif. La boite nous renseigne peu sur l'origine du produit, son couvercle et un côté reprenant le même motif d'une maiko.

Au nez, c'est une odeur de matcha, comme de coutume, assez plate, sans vraiment d'élément qui vienne se mettre en avant. En bouche, pas de surprise, c'est le matcha ( comme de coutume ), plutôt marin, sans un goût d'algue trop prononcé cependant et sans l'iode. Le tout est assez léger, sans amertume palpable mais sans vraiment de corps même si cela n'est pas forcément désagréable.

kioko

15 mars 2012

Chinese ceramics. Highlights of the Sir Percival David Collection

collection percival david british museum

L'ouvrage Chinese ceramics. Highlights of the Sir Percival David Collection ( Les céramiques Chinoises. Extraits de la Collection de Sir Percival David ), par Regina Krahl et Jessica Harrison-Hall, aux éditions The British Museum Press, est amplement illustré, puisqu'il s'agit, entre autre, d'une sorte de catalogue partiel de la fameuse collection de Sir David Percival, conservée et exposée désormais au British Museum.

L'ouvrage débute par une préface du directeur, suivie d'une préface du conservateur, qui introduisent brièvement la collection de Sir Percival David, composée de 1700 pièces, dont 50 nous sont ici présentées. Il n'y a pas de terres cuites dans la collection, qui se concentre sur les grès et les porcelaines. Il s'agit de la plus importante collection de pièces de qualité impériale hors de Chine.

ancienne porcelaine chinoise ming
Bols décorés de dragons. Porcelaine de Jingdezhen, province du Jiangxi. Dynastie Ming, marque Xuande, 1426 - 1435. Photographie © The trustees of the British Museum
La collection est ensuite présentée dans un article qui la replace au sein de l'histoire de la céramique chinoise, après avoir tracé un bref résumé de la vie de Sir Percival David ( né en 1892 et  décédé en 1964 ). Ce dernier, qui a commencé sa collection à l'âge de 22 ans, possédait à sa mort une des meilleure collection au monde dans le domaine de la céramique et de la porcelaine fine chinoise, résultat de 40 ans d'efforts. Le début de sa collection coïncide avec la chute de la dynastie Qing, quand des trésors familiaux sont mis en vente, ainsi que des objets issus des magasins impériaux, vendus eux pour maintenir le train de vie de la cour Impériale chinoise et pour garantir les emprunts bancaires contractés dans le même but. En 1950, Sir Percival David donne la collection à l'Université de Londres, et elle est exposée dans une maison de Gordon Square de 1952 à 2007.

L'ouvrage retrace ensuite une histoire de la céramique chinoise et de ses techniques, en les illustrant par les 50 pièces extraites de la collection :
- Céramiques primitives
- Grès de la Dynastie Song
- Porcelaines de la dynastie Yuan
- Porcelaines de la Dynastie Ming
- Porcelaines de la Dynastie Qing

Après ce qui peut être considéré comme une histoire succincte et illustrée de la céramique chinoise, vient encore une brève chronologie, puis les 50 pièces choisies sont présentées et décrites individuellement. Enfin, Quelques marques et pieds de céramiques sont repris photographiquement et une bibliographie d'ouvrages plus approfondis est proposée.

porcelaine impériale chinoise
Bols avec fleurs de Prunus et poèmes. Porcelaine de Jingdezhen, province du Jiangxi, décoration ajoutée à la Cité Interdite à Beijing. Dynastie Qing, marque Yongzheng, 1723 - 1735. Photographie © The trustees of the British Museum

Cet ouvrage est d'un abord facile pour peu que l'on parle anglais et les aspects techniques y sont limités pour une compréhension plus aisée. L'ouvrage est très clair, chaque étape de développement de la céramique chinoise est illustrée par au moins une pièce au sein de la collection de Sir Percival David, ce qui fait non seulement prendre conscience de la grande valeur de cette collection, mais qui fait aussi de cet ouvrage une aide précieuse pour qui voudrait acquérir des bases en histoire de la céramique chinoise.

porcelaine chinoise ancienne
Bols avec fleurs de Prunus et poèmes. Porcelaine de Jingdezhen, province du Jiangxi, décoration ajoutée à la Cité Interdite à Beijing. Dynastie Qing, marque Yongzheng, 1723 - 1735. Photographie © The trustees of the British Museum