DemysTEAfication

17 mai 2012

Le Musée National de Céramique à Sèvres

céramique japonaise et chinoise

Le Musée National de Céramique est sans conteste une institution qui mérite un détour, car rien que son entrée et son approche intriguent. Mais l'imposante bâtisse contient des trésors sans pareils.

musée de sèvres
L'entrée donne le ton, avec ses deux pièces monumentales en porcelaine !

La Cité de la Céramique de Sèvres  est pourvu d'un site internet qui permet de voir l'actualité et les diverses activités de l'institution, mais qui permet surtout de se rendre compte qu'il s'agit aussi d'un musée vivant, puisque on y produit toujours des céramiques utilitaires et d'autres purement décoratives, dans la longue tradition de la fameuse Manufacture de Sèvres, qui sont par ailleurs misent en vente dans ce lieu. La Cité de la Céramique possède ainsi ateliers et fours, forme encore des céramistes et produit encore certainement parmi les plus belles céramique fines que l'on puisse trouver.

Car c'est certainement là le point le plus original : Depuis 2010, Le Musée National de Céramique, créé en 1824, et la Manufacture de Sèvres, fondée en 1756, sont réunies au sein de La Cité de la Céramique, formant ainsi un ensemble incomparable, véritable conservatoire des œuvres mais aussi des techniques et des savoirs.

musée de sèvres
Coupe en terre vernissée, Constantinople, XIIème siècle.

La plus grande part des collections est constituée par des pièces européennes du XVème siècle au XIXème siècle, mais l'on admirera aussi ici des céramiques antiques et médiévales, tout comme des céramiques méso-américaines ou islamiques. Les collections sont très vastes et la partie consacrée aux majoliques et aux travaux des céramistes de la Renaissance permet de comprendre, pour peu que l'on en prenne la peine, que la production de pièces parfaitement recouvertes d'engobe n'allait pas de soi à l'époque et qu'il était difficile d'éviter les retraits de couverte à la cuisson qui laissent la terre à nu. Les multiples tâtonnements font dès lors comprendre que les pièce parfaites étaient rares et éclaire la valeur de telles pièces arrivées intactes jusqu'à nos jours.

musée de sèvres
Porcelaine chinoise en bleu et blanc ? Non, faïence iranienne en pâte siliceuse à décor peint sous une glaçure transparente. La pièce date du XVIIème siècle et montre clairement l'influence des porcelaines chinoise d'exportation sur les productions locales qui copient et réinterprètent les pièces et les décors asiatiques. On pourra clairement voir que le secret de la porcelaine n'est alors pas percé, les petits éclats laissant voir une terre brune et non pas le blanc de la porcelaine.

Mais ce sont les céramiques asiatiques sur lesquelles je vais naturellement m'attarder car, vous l'aurez compris, on ne se refait pas.

musée de sèvres
Pot à thé de Soma, en grès à couverte, XIXème siècle.

Les céramiques chinoises sont les plus représentées, du fait des recherches menées par les céramistes européens du XVIIème et du XVIIIème siècle pour percer le secret de la porcelaine. De plus, le grand engouement pour les porcelaines asiatiques à cette époque fait que de telles pièces ne sont pas rares alors en Europe.

musée de sèvres

musée de sèvres

musée de sèvres

Les céramiques japonaises sont également bien représentées, suite à une effort beaucoup plus contemporain et parce que la céramique japonaise constitue sans nul doute un espace encore de nos jours en constante mutation.

Collection du musée de Sèvres

Malgré une muséographie un peu datée dans la présentation, les nombreuses pièces sont un vrai plaisir pour les yeux. La plupart des pièces datent de la période d'Edo (1600 - 1868), avec quelques pièces de la période de Muromachi (1366 - 1573). La grande majorité de ces pièces ont été acquises au XIXème siècle.

musée de sèvres
Trois beaux exemples de Chaire.
musée de sèvres
Un Ryôro, réchaud / brasero.
musée de sèvres
Un autre Ryôro, utilisé lui aussi pour chauffer une bouilloire.
musée de sèvres
Un Mizuzashi de style Bizen datant du XVIème siècle.

Quelques pièces contemporaines sont également présentent dans les vitrines, et il semble que le Musée National de la Céramique continue à faire des acquisitions de pièces contemporaines au grès du temps.

musée de sèvres
Chawan / bol à thé par Yamamoto Izuru ( 1944 - ... ) en grès de Bizen à décor de "cordes de feu" ou Hidasuki.

musée de sèvres
Mizuzashi par Katô Toyohisa ( 1962 - ... ) ... une vraie merveille.

La partie consacrée aux céramiques européennes du XVIIème et du XVIIIème siècle est éblouissante et éclaire notamment sur un phénomène aujourd'hui oublié alors qu'il faisait fureur alors, à savoir la copie de pièces asiatiques et le large engouement entourant les pièces d’exportation en porcelaines, menaçant les marchés locaux et entrainant un large élan de copie réalisées en Europe avec les techniques européennes de la faïence, ou "porcelaine tendre".

musée de sèvres
Plat japonais ? Eh non, faïence allemande !

musée de sèvres
Théière chinoise au décor rehaussé de poudre d'or ? Eh non, là encore, faïence allemande.

Pour finir, je dirai que la Cité de la Céramique de Sèvres s'adresse à un très large public, allant du connaisseur et du spécialiste, qui pourront voir ici des pièces exceptionnelles, au public peu éclairé, qui pourra comprendre ici la complexité originelle de la conception et de la réalisation de pièces auxquelles le commun des mortels ne prête aujourd'hui plus vraiment d'attention bien qu'elles soient présentes dans son intérieur et utilisées tous les jours.

15 mai 2012

Y a pas que le thé dans la vie, y a le Sake aussi !

Eh oui, comme quoi, même sur un blog consacré au thé et à la céramique, il est possible de pasticher Francky Vincent ... mais çà s'arrêtera là ... J'avais déjà parlé ici des Guinomi, alors pourquoi cet article, me demanderez-vous ?

Hagi Yaki
Daruma, lui aussi, ne buvait pas que du thé ...

Eh bien pour coller dans ce blog un autre terme lié au Saké : le Tokkuri. Nouveau terme barbare ? Que nenni ... Il s'agit tout simplement d'une bouteille pour le service du Saké ... On peut y chauffer le Saké au bain-marie ou y verser le Saké chauffé directement, juste pour le service.

Ao-Hagi
Deux oeuvres de Yamane Seigan, toutes deux en Ao-Hagi, mais néanmoins différentes par leur glaçure en y regardant de près ... éternelle recherche et éternel mouvement des glaçures misent au point par Yamane Seigan ...

Alors quid de l'intérêt de l'objet ? Eh bien, c'est très simple, c'est encore ici, un support d'expression du génie japonais dans le domaine de la céramique ... tous les styles, toutes les régions du Japon s'y sont adonnés, sur tous supports, du grès à la porcelaine, car le Tokkuri connait de multiples formes, du simple récipient ouvert à la bouteille ouvragée et à l'esthétique recherchée.

céramique japonaise
Un Tokkuri très rugueux et très brut dans le style de Bizen

Mais cet article est encore, outre celui de mettre des photographies en nombre comme à mon habitude, l'occasion de parler plus avant d'une technique de décoration : la gravure sous couverte. L'idée est simple, le potier après avoir monté sa pièce, grave des motifs, géométriques ou non, sur le corps de la pièce.

Ao Hagi

Puis, le potier applique une ou plusieurs couvertes dans les rainures et sur l'ensemble du corps de la pièce, accentuant ou non la gravure réalisée.

Ao Hagi

Un éventuel jeu de superposition de couleurs d'engobe peut créer un effet de Sgraffito, accentuant ou atténuant le jeu des incisions par le contraste entre une couverte claire et une couverte foncée.

Ao-Hagi

Enfin, l'éternel jeu de coulures permet encore de créer de multiples effets décoratifs et de réinterpréter un peu plus, en les mélangeant, les techniques ancestrales ...

Il ne me reste plus maintenant qu'une chose à dire : Kanpai !

8 mai 2012

Genmaicha " Kusmi Tea "

Autant le dire de suite, il n'est pas dans mes habitudes de boire du Genmaicha ( un mélange de Bancha, de grains de riz grillés / soufflés ) ... mais puisque c'est un cadeau, autant en profiter pour découvrir une nouvelle gamme ...

kusmi tea paris

Pour la culture et pour ceux qui ne connaissent pas la Maison, je cite  : " Fondée en 1867 à Saint-Pétersbourg, la maison de thé Kousmichoff continue comme par le passé d'offrir, aux connaisseurs et aux gourmets, des mélanges de thé aux aromatisations subtiles et des thés traditionnels de grande qualité. Distribués dans le monde entier, les thés Kusmi sont réputés pour leur goût recherché et la finesse de leur arôme" ... En réalité, la Maison actuelle dont le siège est à Paris a été recréée en 2003, le nom original ayant été racheté par les frères Orebi. Pour ce qui est de la finesse et de la grande qualité des thés Kusmi, je ne sais pas, n'étant versé ni dans les thés aromatisés ni dans les produits de cette marque. Par contre, une chose est sûre, le marketing est très soigné, avec cette boite qui n'est pas sans rappeler, de loin, le trait de Mucha et l'Art Nouveau en général. Par ailleurs, le couvercle embouti et "peint" est là pour donner un effet de raffinement supplémentaire.

kusmi tea paris

A l'état sec, c'est assez inexpressif, cela sent un peu la boite de corn-flakes avec une petite odeur très faible de noisette séchée, le tout très inexpressif par rapport à un thé vert japonais "courant".

tea addict

La liqueur est assez sombre, presque brun-orange, et vraiment très trouble. Au nez, ce sont les céréales qui viennent de suite, avec des arômes clairement identifiables de riz soufflé et de pop corn, le tout avec un petit relent de grillé. En bouche, c'est bizarrement assez plat de prime abord, avec une omniprésence des céréales identifiées olfactivement. Pour le reste, cela rappelle plutôt une infusion Tilleul-Camomille de La Tisanière qu'un thé vert, même de basse qualité. Sur ces quelques notes, viennent encore se greffer un goût d'herbes sèches une fois les autres sensations disparues.

tea addict

L'infusion est assez inégale, avec des morceaux de riz soufflés, bien sûr, mais surtout des morceaux de feuilles de diverses tailles et quelques feuilles entières. Il y a enfin aussi quelques brindilles assez claires.

Je dirai donc pour conclure que ce "mélange" est assez décevant et que le thé vert n'apporte pas grand chose à l'infusion de riz soufflé / grillé ... je ne dirai pas que je continue à honorer une vieille promesse, mais je n'en suis pas loin ...

4 mai 2012

Kensui

Voilà encore un ustensile de la cérémonie japonaise du thé ou Chanoyu, du moins sous ce terme, car un tel "pot poubelle" trouve aussi sa place dans la méthode d'infusion Gong Fu Cha.

kensui
Au passage, voilà un Kensui en Hagi dans les style Gohonde le plus classique avec un répartition de "points" plus clairs que le corps, auréolés de façon rose-orangée ...

Hagi Gohonde
... avec un corps gris de façon plus ou moins uniforme ...

Hagi Gohonde
... partant d'un fond lui aussi rose-orangé.

Son emploi est des plus simple à comprendre : il s'agit d'un récipient-déversoir destiné à contenir toutes les eaux lustrales et les fonds de liqueur ... c'est "tout" !

grès japonais
Un Kensui dans le style Bizen ...

Bizen
... Sur lequel on peut clairement voir les traces de cordes de paille et les marques laissées par la natte en paille sur lequel il devait être posé.


Après, naturellement, il en existe en métal, en céramique et parfois même en bois ... il y en a pour tous les goûts. Pour ce qui est de leur taille, ils sont de façon générale plus grands qu'un Chawan, avec une forme allant généralement en s'évasant et assez haute pour contenir assez d'eaux usées.

1 mai 2012

Merci !

Bon, je pense que vu la qualité des pièces que j'ai pu acquérir, je dois au moins un petit post dédié à celles-ci !

Tout d'abord un petit Yuzamashi de Yamane Seigan :

yamane seigan

Puis un grand Chawan, toujours de Yamane Seigan :

yamane seigan

Un grand Yunomi de Deishi Shibuya :

yunomi

Et un exceptionnel Yunomi par Kaneta Masanao :

Yunomi

Toutes ces pièces sont en Hagi. Les deux pièces de Yamane Seigan sont très représentatives de ce qu'il a réalisé a une époque de sa vie. Il est actuellement tourné vers d'autres expérimentations. Son Chawan est par ailleurs superbe, très grand et entièrement monté à la main.

Le Yunomi de Deishi Shibuya est dans un style Gohonde réinterprété ... je dirais même modernisé, avec un aspect conforme trait pour trait à la tradition et un aspect qui s'écarte de cette voie et introduit de nouveaux traits de caractères.

Enfin, le Yunomi de Kaneta Masanao est une pure merveille, mélange entre une pièce longuement réfléchie et travaillée et une pierre brute tout juste dégrossie, avec un toucher laiteux, comme la couleur de l'engobe.

Donc, encore merci !