DemysTEAfication

11 mars 2012

Musée Guimet : le paquebot prend il l'eau ?

sculpture asiatique

Voilà bien une Institution dont les collections sont riches, et présentant des pièces exceptionnelles de par leur qualité ... mais il règne ici comme une ombre, qui plane telle la désolation ... peut être que cela vient du fait qu'en ce jour de premier dimanche du mois, l'entrée est gratuite pour tous ... du coup, pas de lumières par endroit, pas d'éclairage dans diverses vitrines ... panne ou économies mal placées ? Parce que franchement, pour un des plus grand musée occidental d'arts asiatiques on pourrait mieux faire ... ce n'est pas parce que l'on est hors grande période touristique qu'il n'y a pas de touristes ... quelle publicité vont ils bien pouvoir faire d'une pareille situation ?

sculpture chinoise

Il est vrai que ce musée serait presque trop petit, au sens où l'on pourrait sortir des réserves bien des pièces qui mériteraient d'être exposées à notre vue, même si les salles nous présentent toutes un magnifique panorama de tous les mondes qui composent l'Asie et son Art ...

musée guimet

... Toutes ? Non, car il subsiste un petit département délaissé au sein de ce grand musée, presque ignoré, celui des arts du Japon ... qui est, il faut bien le dire, confiné dans un espace réduit à la portion congrue ou à l'anecdote, et est loin d'occuper l'espace qu'il devrait. Peu de pièces sont en effet exposées dans le bâtiment principal et l'on ne peut que le regretter, la section japonaise étant censée recenser dans les 11000 œuvres ... on est très loin du compte ...

musée guimet

Mais le pire, c'est peut être que certaines pièces présentées ne possèdent pas de cartels ( fiches explicatives ), comme ce mizusashi :

musée guimet

musée guimet

Plus intrigant encore, des pièces relativement connues, présentées à l'exposition du Musée de Vic-sur-Seille, pourtant terminée depuis mars 2011 n'ont pas regagné leur vitrine d'exposition ( heureusement que j'ai quelques photographies en archive ) :

Comme ce chawan en Raku :

musée guimet

ou ce chawan de type Shino, portant le numéro d'inventaire MA 1259, legs Henri Rivière en 1952 :

musée guimet

musée guimet

ou encore ce chawan en raku, numéro d'inventaire EO 3031, legs Raymond Koechlin en 1932 :

musée guimet

Pourquoi ces pièces ne sont pas retournées dans leur vitrine, comme on aurait pu s'y attendre, à la fin d'une exposition ayant eu lieu il y a plus d'un an ? Quelques autres pièces sont certes présentées, mais elles ne semblent être qu'un pis aller par rapport à l'ancien contenu des vitrines d'exposition ... décevant ... comme certains bricolages qui consistent à coller des fiches en papier cartonné ( qui se décollent d'ailleurs ) sur des cartels métalliques recyclés car présentant d'autres pièces ... je ne dis pas qu'il faille mettre de la dorure à la feuille ou de l'argent massif partout, loin de là, mais un tel musée souhaite-t-il vraiment renvoyer un image  d'amateurisme ou de bricolage de bouts de ficelles ?

musée guimet

Facebook ?

jardin japonais

Les rares personnes qui suivent ce blog peut désormais suivre un fil d'actualités sur Facebook ... je sais, cela ne changera pas votre vie, et même, vous vous en moquez un peu de ce " réseau social "...

rideau de bambou

... à vrai dire, moi aussi ... mais il y a trois raisons à cela : tout d'abord, "il faut vivre avec son temps ma bonne dame", ensuite je pense à mes rares lecteurs qui trouveront peut être cela utile pour eux ( oui, c'est comme çà, il paraîtrait que c'est utile, puisqu'on vous - et me - le dit, voyons ... enfin bon ... ), et finalement ce post est surtout pour moi l'excuse pour disposer ici quelques photographies supplémentaires ( comme quoi, à quelque chose, malheur est bon ) ...

sakura

10 mars 2012

Mystères du Matcha - Maccha

lanterne japonaise

Il y a une quinzaine d'années, le principal problème pour l'amateur de matcha, était de trouver une source d'approvisionnement. ce problème n'est plus aujourd'hui d'actualité, et de multiples sites proposent de vous vendre en ligne la fameuse poudre de thé et parfois même tout le matériel traditionnel, du Chashaku au Chawan en passant par le Chasen, à moins que vous ne recouriez à une méthode de préparation moins orthodoxe. Naturellement, la proximité d'une grande ou d'une très grande agglomération facilitera d'autant mieux l'approvisionnement ...

Non, aujourd'hui, le principal problème est qu'il est difficile, à moins de maîtriser le japonais, de trouver des informations sur le contenu des boites de Matcha, et ce n'est pas les petites étiquettes de "transcription" posées par obligation légale qui nous donnent plus d'indication.

sculpture en bambou

Ainsi, il est plutôt préférable de se fier au packaging de la boite et à son nom éventuel, le matcha étant, d'après ce que j'ai pu comprendre au cours de mes errances, plus une affaire d'importateurs et de marques ( multiples ). Chaque importateur importe en règle général un ou deux types de matcha utilisables pour le consommer battu, toujours conservés dans une boite métallique contenant elle-même un sachet scellé de matcha. Chaque marque ou transformateur ( le matcha étant un thé, en principe un Gyokuro, réduit en poudre sous une meule en pierre ) semble conserver un certain standard de qualité et peut être même un certain goût caractéristique pour chaque produit, ce qui laisse supposer qu'il y doit y avoir des "montages", comme il peut y en avoir dans le Champagne par exemple. Dans les revues à venir, je m'efforcerai donc toujours de proposer un maximum de photographies de l'emballage pour en faciliter l'identification.

sculpture racine de bambou

Maintenant, en ce qui concerne le goût de cette poudre de thé bien particulière, eh bien le Matcha a avant tout un goût de Matcha ... désolé, je ne vois pas trop comment décrire plus correctement ce thé, il faudra goûter pour vous faire votre propre idée ... car même si chaque matcha à ses propres caractéristiques une fois battu ( plus ou moins "d'épaisseur" et plus ou moins amer, notamment ), les caractéristiques de base sont les mêmes pour tous : au nez une légère odeur de thé vert de type Sencha, donc des algues, mais d'une telle légèreté que l'on se demande si il ne s'agit pas là de l'effet de son imagination. Cette odeur est accompagnée de celle du Matcha ( eh oui ! ). En bouche, cela rappelle aussi un peu les algues, mais sans l'air marin qui les accompagne généralement, par contre, le goût du Matcha est présent, lui ( eh oui, encore ! Lorsque je vous disais que le Matcha à un goût de Matcha, je ne me moquais pas de vous ... ).

Pour finir, et pour régler définitivement la question, j'utiliserai le terme Matcha, plus usité, et pas le terme Maccha. Les deux romanisations de ce mot japonais sont cependant valables :

Matcha : utilisation de la méthode Hepburn pour la romanisation du japonais, inventée vers 1887 par l'américain James Curtis Hepburn. Elle est encore largement utilisée par le plus grand nombre.

Maccha : utilisation de la méthode Kunrei, "inventée" par le Ministère de l'Education Japonais à la fin des années 1930 et considérée comme la norme de romanisation officielle du japonais depuis 1989. Cette norme est censée remplacer la méthode Hepburn dans tous les textes, mais en réalité, la méthode Kunrei n'est que très peu utilisée, même par les japonais eux-mêmes, hormis dans quelques milieux universitaires et dans certaines écoles, les différentes instances gouvernementales japonaises n'utilisant elles-mêmes pas la méthode Kunrei, pourtant instituée par elles !

temple de nara

9 mars 2012

La Maison des Trois Thés


maison des 3 thés

On ne présente plus cette institution plus que célèbre dans le petit monde du thé, du moins dans sa partie francophone, et située au numéro 33 de la Rue Gracieuse à Paris. Lorsqu'on y arrive, on remarque rapidement la devanture de cette Maison de thé, couverte de larges sinogrammes dans un environnement assez banal et austère.

L'entrée déconcerte un peu, puisqu'il faut sonner et attendre que l'on vous ouvre, comme dans une grande joaillerie de la place Vendôme ou chez certains "grands" antiquaires, ce qui renforce l'impression "élitiste" que l'endroit renvoie. Le bois est omniprésent, à la fois par le décor et le mobilier, constitué de copies de meubles chinois classiques et d'objets chinois du quotidien. Le thé sert aussi de décoration, et il y a par ci par là des tuocha dans des corbeilles et un énorme melon posé sur une barrique ... je sais maintenant à quoi sert ce genre de thé.

La carte est vraiment très longue, avec des crus rares et chers, comme on le dit partout, et des crus plus récents, plus abordables. Les tarifs sont un peu plus élevés en moyenne qu'ailleurs pour les produits sensiblement similaires, et je pense que le "Nom" se paye un peu aussi, comme toujours, car après tout il s'agit d'une sorte de marque. Un regret : la carte n'est visiblement consultable que sur place et aucune version papier n'est disponible "à emporter", contrairement à l'usage courant, et cela participe à la construction de l'aura de "mystère" qui plane autour de cette Maison de thé.

Un des site internet, quant à lui, "est en cours de réalisation" et "il sera bientôt en ligne" ... chose que l'on peut lire depuis des années ... de la même façon, l'autre site ne fourni pas grand chose de plus que les horaires d'ouverture et l'adresse alternative du numéro 1 de la rue Saint Médard. Dommage que ces sites ne soient que de l'occupation de noms de domaines ... même si l'envie de vente en ligne n'est pas présente, il y aurait largement de quoi mettre en ligne de nombreux renseignements utiles pour les amateurs de thés ...

A ce que j'ai pu en voir à ma dernière visite, le comptoir est partiellement en travaux, et la Maison va donc s'agrandir encore, même si ici, on utilise pas de superlatifs pour se comparer à la concurrence.

Ainsi, en se rendant ici, on sera sûr de ne pas faire d'erreur et de trouver, grâce aux conseils toujours éclairés du personnel, un voire plusieurs thés qui correspondront à nos attentes. Il est donc toujours risqué de se rendre dans ce genre d'endroit, même ( il faudrait dire "surtout" ) avec un portefeuille bien garni.

maison de trois thés place monge

7 mars 2012

The Metropolitan Museum of Art

maison de lettré
Entrée de la "Maison de Lettré", Aston Court.

Le Metropolitan Museum of Art de New York ou "Met" possède une large place consacrée à l'art asiatique en général, et une large gamme de céramiques de toutes époques en particulier. Les collections prennent place dans 53 salles dont certaines possèdent une taille monumentale, à l'image des pièces qu'elles abritent.

La céramique chinoise est fort bien représentée, tout autour du balcon du grand hall, avec des pièces de tous les styles et de toutes les époques, de celles d'avant les Tang, en passant par les Song et les Ming jusqu'aux Qing.

Metropolitan Museum of Art
Ci-dessus et ci-dessous : Deux superbes exemples de céramiques des Songs du Nord.
Metropolitan Museum of Art

Metropolitan Museum of Art
Le parfait exemple de Grès à couverte céladon de la dynastie des Song du Nord ou des Jin ( XIIème ou XIIIème siècle ), produit par les fours de Yaozhou dans la province du Shaanxi. La particularité de ce type de céramiques vient du décor, incisé dans la masse, puis recouvert par l'émail.
porcelaine blanc bleu

Metropolitan Museum of Art

porcelaine ming
Vase de type Meiping présentant des dragons rouges au-dessus des flots.

D'autres pièces anciennes sont encore présentées dans d'autres salles, comme les Mingqi ( substituts funéraires d'un objet ou d'une personne ) ou encore les bronzes rituels.

danseuse mingqi Metropolitan Museum of Art
Danseuse. Les longues manches servaient à prolonger les mouvements.
Metropolitan Museum of Art
Vase de type You, utilisé pour conserver les boissons fermentées. Si l'on arrive a saisir facilement la finesse du décor, il faut faire un petit effort d'imagination pour "voir" la pièce de bronze telle qu'elle était auparavant, quand elle servait encore, brillante comme de l'or.

La céramique japonaise n'est pas en reste et présente de nombreuses pièces, au milieu de statues et de pièces en laque de toutes tailles. Ci-dessous, trois exemples de porcelaine de style Nabeshima ( fin du XVIIème siècle ). Le style Nabeshima utilise de nombreuses techniques : bleu sous couverte, céladon, décor polychrome ( Iroe ou Iro-E ) sur couverte, plus rarement brun d'oxyde de fer sous couverte. 

assiette japonaise

Metropolitan Museum of Art

Metropolitan Museum of Art

Le Metropolitan Museum présente aussi de nombreuses pièces d'asie du sud-est, du Cambodge, d'Inde et de l'ancien Gandhâra ( en grande partie l'actuel Afghanistan ).

Metropolitan Museum of Art

Metropolitan Museum of Art
L'art du Gandhâra, syncrétisme entre l'art Hellénistique et l'art Hindou

Enfin, la salle consacrée à la statuaire monumentale et la Cour Astor, qui reprend certaines caractéristiques d'une cour et d'un jardin d'une maison de lettré de l'époque Ming, méritent à elles seules une visite. Ce dernier cadre remarquable, créé en 1981, est par ailleurs le lieu d'expositon de diverses pièces de mobilier de la même époque.

Metropolitan Museum of Art

Metropolitan Museum of Art

Metropolitan Museum of Art
Console - autel. Ce type de meuble était placé le plus souvent contre un mur, sous un portait d'ancêtres pour servir d'autel, ou ailleurs, pour permettre la présentation d'un ou deux objets précieux disposés avec soin, comme une illustration du goût et de la finesse du maître de maison.

Par ailleurs, cette dernière présentation est l'exemple type de l'exposition d'objets au sein d'une recréation de leur environnement, ce qui permet de mieux cerner leurs usages et souvent leurs sens spécifiques.

Le Metropolitan Museum of Art de New York est sans conteste un musée d'une grande qualité, aux vastes collections, et cela dans de multiples domaines. Il est aisé d'y passer de longues journées, tant les salles sont vastes et remplies de pièces de qualité. Enfin, si les domaines d'excellence du musée sont nombreux, les arts asiatiques occupent sans nul doute une place prépondérante au sein de cet ensemble et constituent à eux seuls une raison pour s'y rendre.

assiette japonaise imari
Tigre sous les bambous. Porcelaine avec décor bleu sous couverte et décors rouges et ors sur couverte.